Le délibéré de l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges dans l’affaire Procureur de la CPI contre Gbagbo est connu depuis hier. Les juges ont renvoyé le bureau du procureur à ses copies. En d’autres termes, les juges estiment que les éléments de preuve apportés par le bureau du procureur pour soutenir ses accusations contre le président Laurent Gbagbo ne sont pas suffisantes pour intenter un procès contre lui. Mais au lieu de mettre conséquemment en liberté immédiate le prisonnier politique, les juges demandent au procureur de fournir d’autres éléments de preuve qu’il devra déposer en février 2014. Pendant ce temps, le président Gbagbo reste gratuitement en prison.
Dans l’affaire le procureur contre Gbagbo, la Cour cherche, de toute évidence, des poux sur la tête d’un homme qui n’a rien fait. En effet, dès lors que le procureur n’a pas pu apporter la preuve des accusations qu’il porte contre le président Gbagbo, la seule conséquence que les juges devraient en tirer, c’est de le remettre immédiatement en liberté. Il est donc malsain de la part des juges de retenir le président Gbagbo en prison et de demander au procureur d’aller chercher d’autres éléments de preuves. Surtout que dans cette affaire, il a été démontré que le procureur a fait du faux en présentant comme élément de preuve une image des évènements du Kenya. Il aurait donc fallu libérer purement et simplement le président Gbagbo et lui demander au besoin de prendre sa part dans la réconciliation nationale. De cette façon, la CPI aurait aidé la Côte d’Ivoire sur la voie de la paix. Car seul Laurent Gbagbo peut réconcilier les Ivoiriens.
En décidant de maintenir le président Gbagbo en prison en attendant que le procureur apporte d’autres éléments de preuve, ce qui n’est pas évident, les juges de la CPI ont forcément des motivations non juridiques. Elles ne peuvent qu’être politiques. Tout porte à croire que le renvoi du procureur à ses copies est une stratégie pour aider le pouvoir Ouattara. Garder le président Gbagbo encore onze mois en prison, alors même que les juges ont observé que l’accusation n’a pas de preuves sérieuses, s’apparente à une séquestration. Et une violation grave des droits humains. Car, les choses sont désormais claires. La CPI n’a aucun élément pour juger le président Laurent Gbagbo. Dans ces conditions, elle doit le libérer.
En tout état de cause, si le bureau du procureur n’a pas trouvé, en deux ans d’investigation, un seul élément de preuve contre Gbagbo, malgré tous les moyens matériels et financiers dont il disposait, ce n’est pas en quelques mois qu’il va le faire. Surtout que le contexte a considérablement changé.
Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr