A ma mort ? Je ne veux point y penser.
Car, je sais qu’un jour, elle surviendra.
Ce jour même, partout, on l’annoncera
Et l’événement par vent sera trainé.
Les médias diserts la propageront
Tout comme les quotidiens délateurs.
Ma mort s’épandra telle une rumeur
Et les réseaux-sociaux l’amplifieront.
Mes photos circuleront pour fixer
Les mémoires ou rendre témoignage.
Sujet ardent de tous les langages
D’aucune causette, je ne serai épargné.
Il y aura des moments d’étonnements
De stupeurs et de soupirs attendris
D’amples « héé !», des « haa ! » sans fin et des cris
Expressions de douleur et de tourments.
Les miens et les amis me soutiendront
Dans des soirées de prière pour mon âme
Pour moi, ils allumeront des flammes
Qui, sur terre, mes péchés, consumeront.
On placardera les lieux mortuaires
De mes écrits évocateurs pour dire
Revivre et calibrer mes souvenirs.
Je serai une légende, un repère.
A mes derniers jours de séparation
En formules, point on ne tarira
Des sermons pour saints, on prononcera
Mon corps sera embaumé d’oraisons.
Occasion rêvée pour mes ennemis
Qui riront de mon corps paralysé
Ils se joueront de ma lividité
Leur haine sera enfin assouvie.
Puis, me recevra le triste tombeau
Séjour éternel où tout se corrompt
Solitude et oubli, pressés, viendront
Couvrir mon corps de leur sombre manteau.
Et le reste ? Et la suite ? Secret de Dieu.
Loin des regards curieux et frivoles
Mon âme, prendra aux anges, leur bagnole
Pour l’antre céleste des bienheureux.
Je m’en irai avec ma liberté
Sans accepter le mensonge pervers
Et l’oppression me ronger de travers
Je m’en irai, avec tout mon entier.
Je ne serai pas le premier humain
A éprouver l’univers de la mort
Raison donc de ne point plaindre mon sort
Mourir un jour, nullement, je ne crains.
L’important est qu’au cours de l’existence
L’on mette, je crois, de l’ardeur à œuvrer
Pour le bien commun dans la société.
C’est de cette sorte, que, vivre a un sens.
La vie n’est que fumée pour tout mortel
Elle se dilue dans l’onde du temps
Si des actes d’amour retentissants
Ne sont pas accomplis dans notre actuel.
C’est pourquoi, je dénonce, moi, l’injustice.
C’est le moyen pour combattre la mort
Qui devant l’amour, perds tous ses ressorts
J’ai foi en la lutte libératrice.
Aussi, mourir un jour, m’importe-t-il peu
Mais j’ai peine d’un cœur insatisfait
Face à l’ampleur du mal et ses forfaits
Qui, pour beaucoup, sont soucis vaporeux.
Je serai seul pour l’épreuve finale
Face au divin juge, qui éprouvera
Mes amours et mes combats d’ici-bas
Pour m’absoudre de l’étang infernal.
Etre jugé par l’amour, c’est cela ma peur
Transpirer pour mon peuple est mon tracas
Tout le reste n’est qu’œuvre de malfrat
Qui ne survivra pas à ses auteurs.
Lazare KOFFI KOFFI, ex-ministre