Mamadou KOULIBALY, ex-vice président du Front Populaire ivoirien et président de l’Assemblée Nationale de son pays pendant les dix années de règne du président Laurent Gbagbo a dit à l’égard de son ex-boss, actuellement détenu à la Haye par la Cour Pénale Internationale:
Le France a joué le rôle qu’on lui a donné dans la crise ivoirienne. J’ai toujours dit à mes camarades qu’ils ne peuvent pas dire «oui» à chacune des étapes et venir dire «non» à la fin. En acceptant les accords honteux de Marcoussis, nous nous sommes engagés dans un tunnel avec une seule issue possible. J’ai claqué la porte de Marcoussis parce qu’il m’était intolérable de voir M. Mazeaud, alors président du conseil constitutionnel français, mettre des rebelles sur un pied d’égalité avec l’Etat de Côte d’Ivoire.
En novembre 2004, j’ai préparé l’opération Dignité et lorsqu’avec nos hommes, nous avions mis en déroute la rébellion et exposé la forfaiture de la France à la face du monde après que 63 civils ivoiriens aux mains nues aient été tués par la force Licorne, Gbagbo a catégoriquement refusé de mettre un terme à la crise en portant plainte contre la France à la Cour Internationale de Justice, préférant plutôt faire l’apologie de l’armée française en soulignant, à tout va, son action positive.
Gbagbo Laurent a été le meilleur défenseur de la France dans la crise ivoirienne. Il a tout donné aux Français. Il a renouvelé les concessions de l’eau et de l’électricité à son ami Martin Bouygues, de gré à gré. Pareil pour la téléphonie, qu’il a redonnée hors toute procédure légale à France Télecoms. Il a offert le terminal à conteneurs du port d’Abidjan à Bolloré, sans appel d’offres (…).
Malgré toutes nos mises en garde, il a confié l’élaboration et la gestion du fichier électoral à la Sagem. Sa campagne a été conçue et gérée par Stéphane Fouks, d’Euro RSCG. Un de ses principaux financiers était Bolloré. Il a confié ses sondages à la Sofres, entreprise française. Entre les deux tours, Gbagbo s’est même empressé d’octroyer des blocs pétroliers à la frontière du Ghana au groupe Total, comme ça, cadeau. Dans son livre de campagne de 2010, il fait l’apologie du franc Cfa, allant même jusqu’à écrire que s’il gagne les élections, il ira convaincre le Ghana, le Nigeria etc. de rejoindre la zone franc. Alors, une fois qu’on a fait tout cela, peut-on vraiment s’offusquer de l’ingérence française en Côte d’Ivoire ? Gbagbo a offert la Côte d’Ivoire à la France.