L’avocat français Maître Vergès a accordé une interview à Rue89.com le jeudi dernier en direct d’Abidjan. Nous vous la proposons en intégralité:
Rue89 : Ce séjour est-il le début d’une longue série ? Préparez-vous une éventuelle défense de Laurent Gbagbo devant une juridiction internationale ?
Jacques Vergès : Je suis arrivé jeudi matin, je repars sans doute samedi soir. Je passerai le réveillon sur la lagune.
Nous reviendrons en effet : nous sommes venus à la demande du président Gbagbo, et parce que nous voulions nous informer de la situation pour ensuite agir en France.
« Agir en France » en vue d’un apaisement impliquerait un rôle d’intermédiaire avec les autorités françaises, peu acquises à ce jour à la cause de Laurent Gbagbo. Vous placez-vous dans cette perspective ?
Les autorités françaises ont des oreilles si elles veulent écouter. Agir en France signifie surtout tenir des conférences de presse et rendre compte de ce nous constatons sur place.
On affirme à Paris que le président sortant a été battu aux élections, or c’est complètement faux. J’ai rendez-vous ce vendredi après-midi avec le Conseil constitutionnel ivoirien pour voir des documents qui permettent de prouver le contraire.
Le Conseil constitutionnel ivoirien est clairement favorable à Laurent Gbagbo depuis l’issue du scrutin…
Il existe des pièces, que je compte bien ramener en France, qui permettent de prouver que Laurent Gbagbo a remporté les élections.
Il s’agit d’un coup d’Etat électoral organisé par le représentant de la France et le représentant des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, qui ont pris par la main le responsable de la Commission électorale indépendante (CEI) [qui donne Ouattara vainqueur depuis le 3 décembre, ndlr] et l’ont conduit tout droit à l’hôtel du Golf [le quartier général d’Alassane Ouattara].
Dans quel but, selon vous ?
Mais, bien sûr, en vue d’une agression qui se préparait de longue date.
Etes-vous en mesure d’étayer l’hypothèse d’une telle agression ?
Absolument. Une agression militaire est préparée par la France et les Etats-Unis afin de placer un gouvernement fantoche en Côte d’Ivoire comme dans tant d’autres pays où des gouvernements de tirailleurs servent les intérêts français et américains sans mot dire.
15 000 Français vivent en Côte d’Ivoire dans de bonnes conditions. Le gouvernement a donné l’eau à Bouygues, le pétrole à Total, le port à Bolloré, mais les représentants ivoiriens voudraient bien être traités d’égal à égal.
On dit qu’Obama et Sarkozy on téléphoné à tel ou tel… mais comment prendrait-on en France que le président du Nigéria appelle au sujet des Roms ? Tous les chefs d’Etat africains n’acceptent pas d’être traités au rang de domestiques.
La question reste toutefois la légitimité du gouvernement. Avant de vous rendre à Abidjan, vous estimiez qu’on aurait pu attendre pour organiser ces élections. Avez-vous radicalisé votre position ?
Ce que j’ai dit, c’est que les élections ne résolvent pas un conflit, mais confirment un consensus. On a voulu passer en force, c’était là la grande erreur.
C’est pourtant Laurent Gbagbo lui-même qui a accepté ces élections, pensant les gagner…
Il a accepté et il les a gagnées ! C’est un coup d’Etat électoral et les forces de l’ONU se comportent comme en pays ennemi. Les militaires des Nations unies tirent à balles réelles sur des civils désarmés. Nous l’avons constaté en visitant les hôpitaux jeudi après-midi.
Mais à Paris, la presse a été intoxiquée. Or les élections ne se sont pas déroulées comme on le prétend.
Parmi les conseillers blancs de Laurent Gbagbo, dont vous faites partie, on peut citer Jean-François Probst, ou Marcel Ceccaldi, l’avocat de Jean-Marie Le Pen, Roland Dumas, ancien président du Conseil constitutionnel qui est, bien sûr, une figure de la Mitterrandie… Que répondez-vous à ceux qui trouvent qu’il s’agit d’un bien drôle atelage ?
Je ne sais rien de tout cela. Les commérages ne m’intéressent pas. On me dit qu’une guerre se prépare, c’est pour cela que je suis ici. Ce qui m’intéresse, c’est de trouver quels sont ces avions mystères qui débarquent à Bouaké [dans le nord de la Côte d’Ivoire, fief de l’ex-rébellion].
C’est ce que je rentrerai raconter à Paris et on verra bien si les intéressés me font un procès en diffamation.
bibi dit
merci maître !!!! grâce à des gens comme vous , les plus faibles peuvent vivrent dignement sans se faire écraser en permanence par les plus fort, la vérité et le droit finissent toujours par triompher!
Koffi dit
Monsieur Vergès,
Jusqu’à quand allez vous prendre, nous, les africains comme les idiots utiles de vos égoismes, ou encore le cocu magnifique de votre vénalité?
En vous lisant, on a l’impression de vivre dans une époque où les informations ne faisaient encore que le privilège des nantis blancs colonisateurs.
Je ne vous blâme pas de défendre votre client Laurent Gbagbo, c’est votre métier. Je ne vous en veux pas de dire des âneries, des mensonges et des bêtises, cela fait partie de votre système de plaidoirie, et si je me rappele bien, vous avez fait la même chose avec Slobondan Milosevic en sontemps avec le succès néant que l’on sait.
Je vous en veux, uniquement, parce que vous croyez encore que nous, les africains, ne sont rien d’autres que des gorilles qui sautent de bananiers en bananiers et qui n’ont rien dans la tête. Puisque vous croyez que nous allons gober vos propos mensongers uniquement parce que nous sommes noirs. Vous agissez de la même manière que les blancs jadis divisaient nos royautés pour mieux vendre alcool, armes contre esclaves triés chez nos propres peuples.
Alors, avec tout le respect que je vous dois, nous n’avons pas besoin d’un avocat blanc, pour nous apprendre à voter. Son excellence Alassane Dramane Ouattara a gagné, pourquoi alors s’enteter à nier une évidence aussi flagrante ?