C’est une donnée constante de la politique africaine de la France : elle nourrit son homme politique mais se fait très discrète dans la politique officielle et plus encore durant les campagnes électorales ! L’argent n’aime pas le bruit, et Dieu que la politique africaine de la France en a, jusque-là, drainé !
Là où une politique de rupture aurait dû se percevoir et apparaître même en bonne position dans le programme, c’est chez Hollande. Mais hélas, sur la question, le candidat du Parti socialiste ne fait pas mentir sa réputation de froideur avec l’Afrique !! Il en parle, certes, mais jusqu’à présent, pas dans de grandes rencontres fondatrices mais incidemment, comme dans Jeune Afrique magazine, où il esquisse une vision somme toute rose pâle : Hollande n’est pas contre les interventions en Côte d’Ivoire et en Libye, il pense « seulement… » que, dorénavant, l’Union africaine doit avoir une place de choix et considérer ses options.
Quand on sait que dans ces cas, l’UA a été doublée par la France qui préférait la guerre à la négociation, la position de Hollande aurait gagné à être d’une part moins langue de bois, et d’autre part plus respectueuse des principes du socialisme tels qu’ils ont été pratiqués par Jaurès, Blum et autres socialistes français fondateurs. Des fondateurs qui, entre parenthèses, auraient grande honte à constater ce que leurs héritiers d’aujourd’hui ont fait de tous leurs efforts !!
Mais fort heureusement, tout espoir n’est pas encore mort. Preuve en est avec le courageux Jean-Luc Mélenchon qui, lui, parle avec force et conviction de la politique injuste de la France en Afrique. Qui oserait chercher lui donner ici la réplique ? Certainement pas le candidat socialo, champion du « ni oui, ni non » !! C’est pourquoi les Africains gagneraient à multiplier les lettres ouvertes à homme politique. Il est bien vrai que, sauf miracle, il ne sera pas présent au deuxième tour. Mais il est devenu incontournable dans le cas d’une éventuelle victoire de Hollande. Ses consignes valent de l’or. Il pourrait, dans les négociations à venir, obtenir de Hollande un peu plus de muscle, un peu plus de vérité dans la politique africaine de la France en général, et tout particulièrement en Côte d’Ivoire et en Libye.
San Finna