Comment préparer dans de bonnes dispositions l’arrivée prochaine du groupe des 5 chefs d’Etat composant le panel de l’Union africaine et dont l’objectif est de trouver une solution durable à la crise postélectorale en Côte d’Ivoire ?
C’est à cette question centrale, qui s’articule autour du thème «Crise postélectorale : quelles perspectives pour l’avenir», que le Premier ministre Affi N’Guessan, par ailleurs président du Front populaire ivoirien (FPI-Parti au pouvoir), a tenté de donner des réponses.
C’était à l’invitation de la Fédération nationale des organisations, parlements et agoras de Côte d’Ivoire (FENOPACI), qui organisait, mercredi, à la salle Emmanuel Dioulo du District d’Abidjan, sa grande rentrée «parlementaire». Face à Jean-Marie Konin et ses pairs «parlementaires», qui ont effectué nombreux le déplacement, le Premier ministre Affi N’Guessan a donné «des orientations et réponses claires» aux préoccupations des uns et des autres.
Après avoir fait le constat que «les processus politiques sont des phénomènes séquentiels qui interviennent au rythme des activités des acteurs politiques», eu égard à la crise que traverse notre pays, l’ancien Premier ministre du président Laurent Gbagbo a appelé l’assistance à «tenir compte des résultats du sommet d’Addis-Abeba» qui sanctionnent la mort de la «forfaiture représentée par Young J. Choi, à l’instigation de la France, au profit de M. Alassane Ouattara et reprise en chœur par la sous-région pour opérer un hold-up en Côte d’Ivoire».
Il importe maintenant, selon le conférencier, de faire une étude minutieuse des forces et faiblesses des protagonistes en place aux fins de dégager des solutions et les perspectives d’un avenir meilleur. Aussi, conseille-t-il d’appuyer le travail à abattre sur des objectifs à court, moyen et long terme. A court terme, dira t-il, «il faut gagner la bataille de l’évaluation, élément central de la mission de la délégation de l’UA sur la crise ivoirienne». Sur ce point, le conférencier a confié que l’arrivée de cette mission doit être «l’occasion de prouver que le président Laurent Gbagbo jouit d’une légitimité établie en Côte d’Ivoire. A l’inverse de son adversaire confiné dans un hôtel et qui appelle au délitement du pays en s’appuyant, par ailleurs, sur la communauté internationale».
Dans son argumentaire, l’ancien Premier ministre a attiré l’attention de l’assistance sur les 3 éléments qui doivent déterminer cette bataille. Il s’agit notamment de la qualité de la documentation à fournir à cette délégation, des témoignages, et surtout de la maitrise de la vie socioéconomique.«C’est sur ces points qu’il faut, entre autres, bâtir la stratégie de la victoire de Laurent Gbagbo».
Se voulant plus explicite, il a indiqué que «la mobilisation de la galaxie patriotique doit être amplifiée pour prouver la légitimité du président de la République par la maîtrise de la vie socioéconomique. Il faut continuer de démontrer que la majorité des Ivoiriens se trouve aux côtés de Laurent Gbagbo qui contrôle l’administration, l’armée, la vie sociale dans son entièreté. Ce sont là des atouts indéniables à fructifier. Il faut aussi saisir l’occasion de cette visite pour anéantir la rébellion».
Revenant toujours sur la question de l’évaluation, M. Affi N’Guessan y voit «un processus d’audit permettant d’apporter des preuves de qualité et de quantité».Toutefois, ajoutera t-il, «il est évident qu’une évaluation n’est possible qu’à la lumière des différents accords préalablement signés». A l’en croire, plusieurs questions devraient être d’abord posées.
«Le désarmement des rebelles a-t-il été réalisé ? La réunification et la restauration de l’autorité de l’Etat ont-elles été effectives ? La CEI remplissait-elle les critères d’équilibre tels qu’observés partout dans le monde ? Ses membres ont-ils fait preuve de partialité ?, etc. Cette évaluation sera nécessaire pour apprécier la valeur du processus, sa sécurisation et la liberté de vote. L’évaluation ne doit pas se limiter à un simple comptage des voix puisque c’est elle qui permettra de confirmer la position des différents acteurs».
Toutefois, M. Affi N’Guessan appelle à retenir que la mise sur pied de ce groupe de contact de l’UA et le fait que le sommet d’Addis-Abeba ait réaffirmé la solution politique sont «un cinglant désaveu de la CEDEAO, organisation au sein laquelle Blaise Compaoré s’est discrédité, alors que l’Accord politique de Ouagadougou lui avait offert une occasion de sortir grandi de cette crise». Pour autant, a-t-il fait observer par la suite, «sa présence au sein du groupe de panel ne devrait pas nous effaroucher, en tant que parti politique, car les Ivoiriens sont dans le vrai, ils ont les textes avec eux».
A moyen et long terme, enfin, Affi N’Guessan préconise que les Ivoiriens s’attèlent à bâtir une nation. Cela passe, entre autres conditions, par une paix voulue et magnifiée entre les Ivoiriens ; la mise en place d’une refondation culturelle sans laquelle la colonisation et la domination par la France ne pourront être efficacement vaincus, le relèvement du taux d’alphabétisation (49%), la lutte contre l’intégrisme sous toutes ses formes, la culture de développement par l’adoption d’un mode de vie qui bannit la culture de la paresse, la recherche de la compétitivité sans oublier l’indépendance économique et financière qui passe par une prise de responsabilité monétaire. Ce n’est qu’à ce prix, qui impose un changement global de mentalité, que la Côte d’Ivoire pourra s’offrir des perspectives heureuses.
Répondant aux journalistes, dont les préoccupations d’ensemble ont porté sur l’hypothèse d’un non-respect de sa feuille de route par le panel et son groupe d’experts de l’UA, Pascal Affi N’Guessan a rassuré les uns et les autres sur le fait que l’observance des points contenus dans la feuille de route de ces médiateurs et leur mise en application scrupuleuse fera l’objet d’une attention toute particulière du parti au pouvoir et de la majorité présidentielle.
Asia Varlet