Les Ivoiriens, avec les avancées constatées dans le processus électoral, notamment avec l’affichage de la liste électorale provisoire de 5.775.000 personnes, espèrent à la tenue des élections dans quelques mois, avant la fin de l’année 2010. Tous les regards sont donc focalisés sur la fixation de la date de la présidentielle. Pourtant, le volet militaire du processus de sortie de crise, reste l’élément déterminant de cette sortie de crise. A ce niveau, le regroupement qui a débuté à Korhogo le 15 mai 2010, ne se déroule pas comme prévu dans les autres villes retenues. A savoir Bouaké, Séguéla, et Man. Les difficultés financières et matérielles plombent toujours le processus, de sorte que l’encasernement des ex-combattants des Forces armées des Forces nouvelles (Fafn) a du mal à se réaliser. Par ailleurs, sur le terrain, s’il est vrai que plusieurs barrages ont été démantelés dans les zones centre, nord et ouest (Cno), il n’en demeure pas moins que les éléments des Fafn continuent de régner en maître absolu sur ‘’leur territoire’’. Une tournée dans le Worodougou, a permis de nous rendre compte de ce que les ex-combattants sont toujours en arme. Mieux, ils semblent améliorer leur image à travers de nouvelles armes, de tenues militaires neuves estampillées ‘’Forces nouvelles’’, et de nouveaux véhicules de liaison de type 4×4. Tout ceci se déroule sous les yeux du Centre de Commandement intégré (Cci) qui n’a véritablement pas la capacité et les moyens de s’imposer dans les zones Cno. Cette situation, il est clair, ne manquera pas d’attirer l’attention du camp présidentiel qui a toujours fait du désarment total de l’ex-rébellion, une condition sine qua nun pour l’organisation des élections. L’affichage de la liste électorale définitive, l’annonce de la date du premier tour de l’élection présidentielle, pourraient sérieusement être contrariés par la question du désarmement. La majorité présidentielle qui soutient la candidature du chef de l’Etat, jusqu’à preuve du contraire, ne transige pas sur le désarmement total des ex-combattants. Le fait que ces derniers ne soient pas regroupés dans les casernes prévues, permettra, à n’en point douter au Front populaire ivoiriens (Fpi, parti au pouvoir) et à ses alliés, de remettre au gôut du jour, la question du désarmement. A ce moment, le processus de sortie de crise par des élections transparentes, va se bloquer une fois encore. C’est dire que le volet militaire, notamment le désarmement des ex-combattants des Fafn, constitue une arme redoutable aux mains du camp présidentiel qui, à tout moment, peut la sortir pour remettre les choses en cause. Le Gouvernement Soro parviendra à éviter cet obstacle à condition qu’il règle les problèmes qui empêchent le bon déroulement de l’opération d’encasernement, auquel cas, les élections auront lieu en dehors de 2010. Ce qui serait difficilement supportable pour les populations et la communauté internationale.
BAMBA Idrissa