Jean-Paul Benoît, l’avocat d’Alassane Ouattara chargé de «coincer» Gbagbo, a eu, sur RFI, des propos dont la logique peut se retourner contre son patron. «Je constate que la chambre préliminaire ne conteste pas la véracité des faits qui sont reprochés à Laurent Gbagbo. Simplement, la chambre préliminaire estime que la démonstration de la responsabilité de M. Gbagbo n’est pas suffisamment prouvée. Je trouve ce raisonnement un peu insuffisant. En effet, à partir du moment où M. Gbagbo était le chef de l’Etat en exercice, le chef de l’Etat de fait […] c’est M. Gbagbo qui, en tant que chef de l’Etat, donnait les instructions. C’est M. Gbagbo qui emmagasinait des armes dans la résidence présidentielle, c’est M. Gbagbo qui donnait les ordres pour qu’on commence à bombarder l’hôtel du Golf où était le président nouvellement élu, Alassane Ouattara», a-t-il affirmé avec aplomb. Il n’a pas lésiné sur quelques contrevérités.
L’hôtel du Golf n’a, par exemple, jamais été «bombardé» durant la crise post-électorale. De plus, le procureur auprès de la CPI n’a pas notifié un quelconque «bombardement» de l’hôtel du Golf dans les 45 incidents réels ou supposés sur lesquels elle a bâti son argumentaire. Si l’on suit Jean-Paul Benoît, le seul fait d’être chef d’Etat en exercice devrait rendre Gbagbo mécaniquement responsable de tout ce qui peut être imputé à ses troupes. Une telle logique suivie de manière cohérente aurait dû l’amener à demander l’arrestation immédiate d’Alassane Ouattara. Chef suprême des FRCI, c’est lui qui «donnait les instructions », notamment celles qui ont abouti aux massacres à caractère génocidaire du pays wê – si l’on s’en tient à ce raisonnement. Aujourd’hui chef de l’Etat en exercice, il devrait donc être considéré d’emblée comme pénalement responsable du massacre du camp de déplacés de Nahibly!
Philippe Brou – Le Nouveau Courrier