Premier archer ivoirien à participer aux Jeux olympiques, René-Philippe Kouassi a disputé mercredi 1er août l’épreuve individuelle de tir à l’arc et a été éliminé en 32e de finale de l’épreuve de tir à l’arc. Après avoir découvert ce sport il y a trois ans, René-Philippe Kouassi s’est entraîné à temps complet pour réussir ses premiers JO. Une progression fulgurante pour le récent champion d’Afrique de la discipline. Battu par le Français Gaël Prevost 6-4, l’Ivoirien a réussi à faire douter son adversaire. Dès le début de la confrontation, l’Ivoirien a montré qu’il n’etait pas venu faire de la figuration en arrachant la première manche (25-23). Si le Français s’empare de la deuxième manche (26-24), les 3ème et 4ème se terminent sur une égalité (26-26). La cinquième manche décisive sera fatale à René-Philippe Kouassi. Mené d’un point avant son dernier essai, il ne réalise pas un bon tir et permet à son adversaire de remporter la manche (29-23) et le match.
JO 2012 : René Kouassi, flèche d’ivoire et mental de fer
A 32 ans, René Kouassi s’apprête à disputer les Jeux Olympiques 2012. A Londres, le Franco-Ivoirien sera le premier Ouest-Africain à participer aux JO en tir à l’arc. C’est un exploit, car le champion d’Afrique 2012 a commencé la pratique en 2008 seulement. Et il a connu bien des galères durant sa préparation.
Les histoires d’amour finissent mal, en général, paraît-il. C’est pourtant l’inverse qui s’est produit entre René Kouassi et le tir à l’arc. Tout a commencé début 2008 avec un grave accident de voiture. Le Franco-Ivoirien est gravement blessé. Celui qui vit dans la banlieue d’Angers doit suivre une longue rééducation. « On m’a alors conseillé de faire un sport pour me muscler le dos, explique-t-il. On m’a proposé la natation ou le tir à l’arc. Je me suis orienté vers le tir parce que je trouvais ça sympa et que j’en avais fait au lycée. Ça m’a plu très rapidement ».
Le tir à l’arc devient même une bouffée d’oxygène durant sa pénible année de convalescence.« C’est un sport où il faut être détendu, faire le vide, prendre sur soi, ressentir ce qui se passe. Ça m’a beaucoup aidé pour me reconstruire physiquement et psychologiquement ».
Champion d’Afrique 2012Très vite, René Kouassi présente des dispositions. Titres régionaux, progression aux Championnats de France, l’Angevin s’améliore, commence à voyager. Aux Championnats d’Europe en salle 2010 en Croatie, il entend parler d’une Fédération ivoirienne (Fivta). Celui qui est né à Adzopé et a vécu jusqu’à 14 ans à Youpougon prend alors contact avec Essis Mi-Carême Moïse, le président de la Fivta.
René Kouassi découvre une toute petite fédération avec peu de moyens, une organisation balbutiante. Mais peu importe : l’athlète d’origine attié se prend au jeu et se place sous les couleurs ivoiriennes.
Aux Championnats du monde 2011 à Turin, René Kouassi dépasse le minima olympique requis. Mais c’est aux Championnats d’Afrique, en mars 2012 à Rabat, qu’il décroche sa qualification. Face à lui, une escouade égyptienne se dresse. Pourtant, l’ancien Abidjanais s’étonne lui-même durant le concours individuel. « A chaque fois que je battais un Egyptien, je trouvais ça irréel. A la fin, il restait Ibrahim Sabry, champion olympique de la jeunesse 2010. Il était stressé, mais je ne l’avais pas compris. Quand sa flèche a échoué hors de la zone de réussite, j’ai cru qu’il l’avait fait exprès ! »
René Kouassi réussit alors un double exploit avec un premier sacre continental pour un Ivoirien et une première qualification aux JO pour un archer ouest-africain. « C’est lorsque j’ai reçu les félicitations des délégations que j’ai compris. C’était énorme ! J’avais les jambes qui faiblissaient, des frissons. Je me suis senti champion d’Afrique et qualifié pour les Jeux. »
Une préparation galère
La suite n’a pourtant rien d’un conte de fée. René Kouassi rentre en Côte d’Ivoire mais l’accueil est loin d’être triomphal. Le tir à l’arc, sport onéreux et méconnu, n’attire pas les foules. Peu aidé dans ses démarches pour les JO, le pensionnaire du Montreuil-Juigné Tir à l’Arc tente d’obtenir de l’aide auprès de la Fivta et du ministère des Sports, de se faire reconnaître auprès des médias.« Quand ton sport est considéré comme un sport mineur, c’est catastrophique, grimace-t-il. Tu as du mal à te faire comprendre. Tu es le seul à pouvoir justifier tes besoins financiers et matériels ».