Au moment où Alassane Ouattara est en train d’être investi au Palais de la Présidence de la République, après qu’il ait été déclaré vainqueur, avec chiffres à l’appui, par le Conseil constitutionnel, un décryptage des résultats du scrutin du dimanche 25 octobre m’autorise à lui demander de faire profil bas.
1 – Dans un corps électoral de 6.301.189, il (le RHDP – un ensemble de parti significatifs à savoir le PDCI, le RDR, l’UDPCI, etc.) n’obtient que 2.618.229 de voix. Alassane Ouattara et ses alliés n’atteignent même pas la moitié du corps électoral.
2 – Dans un corps électoral de 6.301.189, c’est seulement la moitié, à savoir 3.330.928 qui ont pris part au vote, mais pour 3.129.742 suffrages exprimés en définitive. Pourtant Alassane Ouattara et ses alliés avaient mené des actions d’envergure pour, non seulement encourager leurs militants et partisans à s’inscrire sur les listes électorales mais aussi pour retirer leurs cartes d’électeurs. Une opportunité inédite leur a même été faite de voter le jour J avec la carte nationale d’identité. Ici encore, le constat est frappant, ils n’ont pas atteint ne serait-ce que la moitié du corps électoral en ce qui concerna les suffrages exprimés (3.129.742).
3 – Sur 3.129.742 suffrages exprimés, Alassane Ouattara et ses alliés dont il est le candidat unique obtiennent 2.618.229 de voix. Là, ils s’enorgueillissent des 83,66% (2.618.229) des 3.129.742 suffrages exprimés. Fiers de savoir que les autres adversaires s’en sortent – soustraction faite – avec 511.513 soit 16,34%.
5 – En 2010, selon les chiffres communiqués par Youssouf Bakayoko, Alassane Ouattara avait obtenu, au 2ème tour, pour le compte du RHDP, 2.483.164 voix. En 2015, alors qu’il est président de la République, ce sont 2.618.229 voix (toujours avec le RHDP) qu’il a réussi à s’octroyer. Soit une légère amélioration de 135.067 électeurs.
6 – Si l’on tient aussi compte de la participation des Nouveaux-majeurs – 529.478 enrôlés – aux échéances de 2015, pour justifier une hausse légère (135.067) du score de l’actuel président de la République, il faudra noter que même là, Alassane Ouattara n’a pas réussi à franchir ne serait-ce que la moitié de l’effectif inscrit desdits Nouveaux-majeurs.
7 – 6.301.189 d’électeurs inscrits, 3.330.928 ayant pris part au vote, 3.129.742 suffrages exprimés, 2.618.229 voix obtenu (face à 2.483.164 en 2010).
Mon constat : Ces chiffres ne devaient pas être réjouissant pour une coalition du RHDP qui a gouverné le pays (plus de 22 millions d’habitants) pendant plus de 4 ans et qui, à travers des actions (ponts, routes, croissance à 2 chiffres, etc.) brandies ici et là devait bénéficier d’une adhésion populaire à l’enrôlement sur la liste électorale, au retrait des cartes d’électeur et au vote massif des Ivoiriens. Bref, à la gouvernance Ouattara.
Parmi ceux qui n’ont pas voté l’actuel Président de la République, il y a non seulement les Ivoiriens qui ont adhéré au mot d’ordre de boycott du FPI pro-Sangaré, mais il y a également ces jeunes à qui il a été promis 5 universités mais qui sont entassés dans les amphis et à qui il manque des conditions adéquates d’enseignement. Il y a également ces femmes à qui l’on avait promis que leur « sachet » se transformerait en « panier » et même en « cuvette de la ménagère » lorsqu’Alassane Ouattara prendrait le pouvoir. Il y a aussi des partisans désillusionnés, silencieux ou bruyants (KKB, Banny, Essy, Jérôme Kablan Brou et leurs partisans). Il y a, il y a et il y en aura… parce qu’Alassane Ouattara semble toujours être dans une logique : l’auto-satisfaction, félicitation des membres du gouvernement que lui-même juge « corrompu » et affichage de sa volonté de « vider le FPI de sa substance ».
Si Alassane Ouattara n’a pas le triomphe modeste et ne fait pas profil bas, les jours à venir risquent de fragiliser fortement ses boulons « indéboulonnable ».
A bientôt pour un autre décryptage…