Pantalon Jeans blanc plaqué (Hé! oui!), polo manches longues gris clair et écharpe de laine blanche nouée au cou, la haute stature de Laurent Gbagbo s’encadre dans l’embrasure de la porte du parloir de la prison qui sert lieu de salle de réception. Je ne puis m’empêcher de me précipiter dans ses bras ouverts en un « atouooh » amical et chaleureux. Le ministre Eric Kahé qui était de la visite en fit de même en criant « Atoh! Woody, grand frère! », étreint par une vive émotion qu’il avait visiblement de la peine à contenir.
Dans ce décor dépouillé et glacial du bagne de Scheveningen, j’eus, dans la fulgurance d’un éclair, l’impression de me retrouver dans le salon privé huppé du couple présidentiel, situé à l’étage de la résidence d’État de Cocody, où Laurent et Simone Gbagbo, en tenue décontractée, recevaient amis et proches.
Frais, reposé, aminci mais non amaigri, Laurent Gbagbo porte fièrement et superbement ses 70 printemps. Du coup, mes craintes et appréhensions fondent automatiquement et définitivement. Chers Ivoiriens, chers africains, citoyens du monde et amis de Laurent Gbagbo, grâce à votre soutien sans failles et à vos prières ardentes, le Woody tient.
Dans une ambiance des grandes retrouvailles, entrecoupée de rires et de tapes amicales, sous le regard bienveillant et déférent du personnel pénitentiaire, les 4 heures d’audience, dont une consacrée à un tête-à-tête entre le chef et moi, s’égrènent sans que nous ne nous en rendions compte.
L’actualité nationale et internationale avec pour point de mire la crise burkinabè, la vision du président pour la suite du combat, etc. ont été au menu de nos discussions. La problématique de la fracture du FPI a été évidemment abordée, sans tabou ni faux-fuyants.
Pendant que je m’attardais quelque peu, malheureuse de le voir partir déjà vers sa cellule, le président en profita pour me présenter aux gardes, dans un anglais…laborieux: « This lady was my minister of Health and Social security ». Après le départ du président, j’ai eu deux heures de tête-à-tête avec Charles Blé Goudé qui, je le signale, se porte comme un charme.
Merci à Jo Mamadou, le chef d’orchestre de cette visite mémorable qui a su mettre en musique chaque articulation de son déroulement. Demain, je vous parlerai des leçons apprises de ce voyage à La Haye. Cordialement.