Avant son départ définitif de la Côte d’Ivoire: Le dernier gros mensonge de Choi | ||
Le patron sortant de l’Onuci, Young Jin-Choi, s’est rendu, jeudi dernier, à Ouagadougou pour dire ses adieux à Blaise Compaoré, le chef de l’Etat burkinabé, acteur controversé dans la crise ivoirienne. L’occasion était bonne pour Choi de balancer, face à un Compaoré troublé et inquiet, a-t-on appris, son dernier gros mensonge sur la situation politique en Côte d’Ivoire. Young Jin-Choi, l’inénarrable représentant du secrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire, quittera notre pays, le 31 août prochain, pour d’autres «missions» sous d’autres cieux. Son successeur est le Néerlandais Albert Gerard Koenders. Avant de s’en aller, Choi s’est rendu, le jeudi 18 août dernier, à Ouagadougou pour faire le point de l’après-renversement du Président Laurent Gbagbo avec le chef de l’Etat burkinabé, Blaise Compaoré, facilitateur controversé dans la crise ivoirienne de février 2007 à avril 2011. Selon l’Afp, Young Jin-Choi a dit à Blaise Compaoré que «la force de Laurent Gbagbo (le Président renversé par la France, ndlr de Notre Voie) s’est totalement éteinte. Il a perdu l’affection de la population ivoirienne après s’être accroché au pouvoir par la force pendant quatre mois. Tout s’annonce bien pour la restauration de la paix et de l’ordre en Côte Compaoré inquiet, Choi ment Ces propos du Sud-Coréen, Young Jin-Choi, rapportés par l’Agence Française presse, révèlent deux réalités. D’une part, l’inquiétude grandissante qui tétanise le chef de l’Etat du Burkina Faso, Blaise Compaoré, au sujet de la gouvernance Ouattara. En effet, après avoir activement soutenu, militairement et diplomatiquement de 2000 à avril 2011, Alassane Dramane Ouattara et la rébellion armée qui lui était proche, Blaise Compaoré s’inquiète que son «poulain» parvenu au pouvoir dans des conditions calamiteuses (suite à un coup d’Etat de la France, en avril dernier, contre Laurent Gbagbo), ne puisse pas tenir la route. Mais surtout, soutiennent des sources informées, qu’il ne puisse pas honorer les engagements pris vis-à-vis de Compaoré et du Burkina Faso, pour que ce pays serve de base-arrière à la rébellion armée pro-Ouattara avant l’attaque de septembre 2002. Des engagements au nombre desquels figureraient, dit-on, «le contrôle» du port de San-Pédro par le Burkina Faso. D’où la nomination d’un Ivoirien d’origine burkinabé au poste stratégique de Directeur général. Il s’agit de… Lamizana. D’autre part, les déclarations de Choi constituent un gros mensonge sur la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire depuis avril 2011 et sur la représentation du Président Laurent Gbagbo dans l’opinion publique ivoirienne actuelle. Choi soutient que «la force de Laurent Gbagbo s’est totalement éteinte». Qu’il a perdu l’affection de la population ivoirienne «après s’être accroché au pouvoir par la force pendant quatre mois». Avant d’ajouter que «tout s’annonce bien pour la restauration de la paix et de l’ordre en Côte d’Ivoire (…) Le Président Ouattara pourra tenir après mon départ. Non seulement il tiendra, mais il pourra être un grand leader de la Côte d’Ivoire». Si ces propos visent à apaiser Compaoré, Choi aura certainement tenté un bon coup. Mais concernant la réalité des choses en Côte d’Ivoire, la vérité est ailleurs. Young Jin-Choi a totalement menti à Blaise Compaoré en soutenant que Laurent Gbagbo ne représente plus rien en Côte d’Ivoire. Les liens entre Gbagbo et les Ivoiriens sont si forts qu’ils se renforcent chaque fois que Laurent Gbagbo est dans une situation politique difficile. La cote de popularité de l’opposant Gbagbo s’est accrue au sein de la population ivoirienne lorsqu’il s’est présenté face à Houphouët à la présidentielle de 1990 et qu’il a subi, pour cela, les foudres du pouvoir Houphouët. Les Ivoiriens ont totalement adoubé Gbagbo comme la meilleure alternance pour une Côte d’Ivoire démocratique lorsqu’il a été incarcéré injustement par Alassane Dramane Ouattara, alors Premier ministre, en février 1992. Pour l’opinion publique ivoirienne, Laurent Gbagbo est le père du retour de la Côte d’Ivoire au multipartisme et de la lutte pour la démocratie. La cote de Gbagbo dans l’opinion ivoirienne a pu être encore vérifiée en 2003 lorsqu’il se rendait, en sa qualité de président de la République, au sommet de Kléber et à la table-ronde de Linas-Marcoussis (Paris) organisés par la France, en complicité avec l’Onu de Kofi Annan pour tenter un coup d’Etat constitutionnel contre Gbagbo. Les Ivoiriens, par milliers, ont accompagné le Président Gbagbo à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. Ils étaient encore nombreux à son retour de Paris. Victimes des exactions des rebelles pro-Ouattara à partir de 2002, les Ivoiriens sont demeurés solidaires du régime Gbagbo perçu aussi, à juste titre, comme une victime. Pour les Ivoiriens, Gbagbo mène le bon combat. Celui de la Côte d’Ivoire. Lorsqu’ils ont vu, le 11 avril dernier, sur les chaînes de télévision internationales, les circonstances du renversement du Président Gbagbo par l’armée française et l’Onuci qui appuyaient les forces pro-Ouattara, ils ont été scandalisés. Surtout que la ville d’Abidjan avait été mise à sac (pillages, vols etc.) par les forces pro-Ouattara et la résidence du chef de l’Etat pilonnée par l’armée française. Ayant vécu le martyre à l’instar du Président Gbagbo, les Ivoiriens se reconnaissent en lui, plus que jamais. «Gbagbo ka fissa» A preuve, depuis avril dernier, la situation sociopolitique est délétère dans le pays. La Côte d’Ivoire s’est comme arrêtée de vivre depuis que Gbagbo est détenu. Abidjan si bouillante, a perdu son âme. L’insécurité instaurée par les forces pro-Ouattara des Frci en rajoute à cette «mort» de la Côte d’Ivoire. C’est donc archifaux d’affirmer, comme le fait Choi, que la force de Gbagbo s’est éteinte. Non, cette force s’est plutôt renforcée à cause des errements du régime Ouattara. Qui récompense des chefs de guerre cités nommément dans des crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Mais aussi à cause de «la Justice des vainqueurs» qui se déploie et que les Ivoiriens condamnent en vain, tous les jours. En plus des hommes et des jeunes qui sont indignés par la gouvernance Ouattara, les femmes s’y sont mises. Elles ont d’ailleurs décidé de crier haut leur nostalgie pour le Président Gbagbo en baptisant un pagne de l’expression «Gbagbo ka fissa» (en malinké, Gbagbo est mieux). Ce pagne serait disponible, a-t-on appris, sur le marché. Didier Depry didierdepri@yahoo.fr |
——————–
A quelques jours de son départ définitif, Choi craint pour Ouattara
Au sortir jeudi des bureaux du président burkinabé, Blaise Compaoré, autre pion essentiel de la coalition anti Gbagbo, Young Jin Choi a brocardé une fois de plus l’ancien président ivoirien. Allant plus loin, le diplomate coréen déclarera: «Le président Ouattara pourra tenir après mon départ(…). Non seulemet il tiendra, mais il pourra être un grand leader de la Côte d’Ivoire. Tout s’annonce bien pour la restauration de la paix et de l’ordre en Côte d’Ivoire, de même que pour la réconciliation nationale». Young Jin Choi exprimait ainsi son soutien à celui qu’il a contribué à installer à coups de canon et de roquettes au pouvoir. Ce qui est normal.
Mais à l’analyse, ces propos cachent maladroitement les appréhensions de Young Jin Choi quant à la capacité du nouveau régime à conduire le processus de paix à bon port. Le presque ancien représentant du secrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire est inquiet face à la tournure que prennent les choses depuis quatre mois après l’éviction de Gbagbo du pouvoir. L’Union africaine et la Cedeao, en dépit des soutiens tous azimuts qu’elles apportent à Alassane Ouattara, commencent à comprendre qu’elles avaient fait un mauvais casting et qu’elles ont plongé la Côte d’Ivoire dans une nouvelle période d’impasse.
D’où les récentes sorties de l’Ua et de la Cedeao, l’organisation sous régionale qui tiendra ces jours ci un sommet sur la situation en Côted’Ivoire. La sortie de Choi ne vise donc qu’à donner un coup de pouce au nouvel homme fort d’Abidjan qui pourrait être sommé par ses pairs de prendre des mesures allant dans le sens de la réconciliation.
Et non persister dans la voie périlleuse de la chasse aux sorcières aux partisans de Gbagbo. Aussi ne faut il pas perdre de vue que c’est au moment où son adjoint, qui est un homme nouveau, s’active à reprendre en main le dossier ivoirien que Choi fait sa sortie. Il a reçu récemment la direction du Fpi et celle du Lider de Mamadou Koulibaly. Le Coréen, en agissant ainsi, avait certainement à cœur de saboter le travail de son successeur. Pis, de le conditionner à continuer de traiter les partisans de Gbagbo comme des pestiférés.
Le Nouveau Courrier