Après avoir été installé par la force française, Alassane Ouattara se trouve de nombreuses équations que le Président devra résoudre. Parmi celles-ci, figure celle des massacres des civils et partisans du président Gbagbo perpetrés par ces forces rebelles ces derniers mois en Côte d’Ivoire.
Une violence qui est loin d’avoir cessé depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo et de son entourage, le 11 avril. Bien au contraire: les images de Laurent et Simone Gbagbo déchus, humiliés, se retournent déjà contre Ouattara, accusé d’avoir laissé faire cette violence cathartique.
D’autres images ont suivi, celles-là plus choquante qui montrent les traitements inhumains et les assassinats programmés dont été victimes et continuent jusqu’à ce jour d’être victimes les partisans réels ou supposés de Laurent Gbagbo. Les voix s’élèvent, émanant de Human Rights Watch et d’Amnesty International, pour demander à Alassane Ouattara de faire arrêter les auteurs de crimes dans son propre camp, et de faire respecter un minimum de discipline dans ses rangs, mais rien y fit, les pillages et les meurtres continuent.
Dans la ville d’Abidjan, par exemple, la plupart des stations d’essence ont été pillées et servent désormais de lieu de détention, comme vous le voyez dans l’image ci-dessous:
La cité adminstrative et la banque du trésor au plateau ont reçu aussi la visite des forces pro-ouattara. Les ordinateurs, les véhicules de service de l’Etat et les coffres forts ont été emportés. Comment dans ce cas, la reprise du service sera-t-elle possible demain?
Tout se passe comme si Alassane Ouattara ne maîtrise pas ses troupes.
Avec ce nouveau régime imposé par la communauté internationnale, on pensait à la fin des rackettes, mais non. Tous ces jeunes malinkés et parfois analphabètes, armés par le camp ouattara et qui constituent les soldats de troupes de la FRCI (force pro-ouattra), rançonnent actuellement les passants et les quelques véhiculent de transport publiques qui roulent. » Ah les vielles mères, eh les vié per, nous sommes là pour vos sékirités, fo fè kêkê chose pour nous, on a faim« . Cette phrase est loin d’être une supplication, il faut la considérer comme ordre et s’exécuter en raison de 200 F.CFA au risque de tout perdre.
C’est à juste titre que affirmait dans le journal Libération un élément des Forces Licornes ayant collaboré avec les FRCI, « Alassane Ouattara a du pain sur la planche, les soldats traditionnels (dozos) sont tres indisciplinés » .
Les élites ivoiriennes pourchassées
Deux jours après la capture du président Laurent Gbagbo par la force licorne française, plus d’une centaine de ses collaborateurs ont été arrêtés, certains assignés à résidence, d’autres froidement battues et assassinés comme ce fut le cas du Ministre Désiré Tagro. Les hommes politiques d’aspiration socialiste sont largement visés, et recherchés à travers le pays, parmi lesquelles Laurent Akoun, Amani N’Guessan, Alphonse Douati, Gomon Diagou, ou encore Bohoun Bouabré. Les anciens compagnons de lutte du Président Houphouet-Boigny n’ayant pas soutenu Alassane Ouattara ne sont pas épargnés, ainsi Jean-Jacques Béchio et Ben Soumahoro ont été lynchés par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI, pro-Ouattara), tandis que des anciens ministres d’Houphouet-Boigny sont activement recherchés. La liste des recherchés s’étend aussi aux acteurs de la vie économique, sociale et culturelle qui ne sont pas forcement ancrés dans une formation politique, il s’agit notamment d’Ahoua Don Mello (Ex- President du BNETD), Philippe Attey, Zadi Kessé, Michel Digbeu (Digbeu Cravatte), O’nel Mala, Bailly Spinto (liste non exhaustive).
Une première pour la Côte d’Ivoire, jamais une chasse à l’homme de cette ampleur n’avait été observée, même sous le régime de Gbagbo, jamais un opposant politique n’avait été arrêté.
Au regard de tous ces événements, sans être partisan, nous somme en droit de nous demander si nous ne risquons pas de perdre toute une partie de la classe politique ou même une partie des élites ayant contribué directement ou indirectement au développement de la nation depuis l’indépendance. Alassane Ouattara, l’homme qui se dit économiste devrait savoir l’importance du capital humain et des ressources humaines en général, dans la perspective de croissance économique d’un pays. L’on ne peut pas remplacer tous les fonctionnaires de l’État par son bon vouloir. Il faudra compter sur des anciens hauts fonctionnaires connaissant biens les dossiers pour bâtir une politique économique efficace. Et non se contenter de nommer à des postes stratégiques des personnalités aux connaissances plus que douteuses, dont les parcours académiques sont limités comme Hamed Bakayoko (Ministre de l’intérieur), Guillaume Soro (Premier Ministre), Sidiki Konaté ou encore la ministre de l’Education Kandia Camara dont le cursus universitaire est limité au BAC+1 .
La Chasse aux civils sous la base ethnique
La situation est encore plus grave pour les civils, l’on constate que les populations du sud tels que les Attiés, Ebriés, Adjoukrous, Bétés ou encore Agnis, pour ne citer que ceux la, sont persécutés par les FRCI dans certaines zones de la capitale économique ivoirienne. C’est le cas notamment à Yopougon Gesco et Abidjan sud. Les populations dioulas et baoulés sont par contre épargnés.
Les populations de l’ouest subissent les plus grandes exactions de la part de FRCI : viols et crimes par centaines, notamment à Duékoué, Daloa, Gagnoa, Issia ou encore Toulépleu. Selon des témoins sur place, les FRCI ont commencés depuis une semaine à arracher les terres cultivables aux populations autochtones pour les transmettre à des individus d’ethnie Mossi, Moré ou Dioula.
La reconciliation version Alassane Ouattara a de beaux jours devant elle.
Sources: http://cotedivoire-lavraie.over-blog.fr