Décidément, le président Laurent Gbagbo est un gros embarras pour Ban Ki-moon. Le secrétaire général des Nations unies qui joue la marionnette au service de Nicolas Sarkozy pour installer par tous les moyens Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire, ne recule devant rien. Après la récusation du médiateur Raïla Odinga, le premier ministre kenyan (favorable à Ouattara) pour délit de partialité par les autorités légales ivoiriennes, l’ONU a dépêché mercredi à Luanda, selon le journal gouvernemental “Le journal d’Angola”, M. Saïd Djinnit, représentant des Nations unies pour l’Afrique occidentale, pour tenter de convaincre le président angolais de retirer son soutien au président Laurent Gbagbo.
On se rappelle que l’ambassadeur de l’Angola en Côte d’Ivoire avait assisté à la cérémonie de prestation de serment, le samedi 4 décembre dernier, et que recevant le corps diplomatique à l’occasion des vœux du nouvel an dans son palais, il y a quelques jours, le président Dos Santos avait ouvertement confirmé sa position en faveur de la reconnaissance de M. Laurent Gbagbo comme le président élu de la Côte d’Ivoire.
Pour M. Saïd Djinnit, il faut que Luanda rallie la communauté dite internationale (la France et les Etats-Unis) qui soutient et reconnaît Alassane Ouattara comme président élu de la Côte d’Ivoire en totale violation des lois et des institutions ivoiriennes. Au sortir de l’audience, l’émissaire de Ban Ki Moon n’a pas voulu faire de déclaration à la presse. Par contre, Monsieur Chicoti, ministre des Relations extérieures de l’Angola, dans un langage très fort, a rendu compte de ce qui s’est passé au cours de l’audience et réaffirmé une fois de plus la position de son pays dans la crise post-électorale en Côte d’Ivoire.
“L’envoyé spécial de Ban Ki Moon est venu demander au Président Dos Santos de retirer son appui au Président Laurent Gbagbo pour s’aligner sur la communauté internationale”, a révélé le ministre Chicoti. A cette requête, la réponse du président angolais a été sans ambages en trois points.
Premièrement, selon le ministre, rapporte le journal, le président Dos Santos a expliqué à son hôte que “l’Organisation des Nations unies est une institution pour la paix dans le monde. C’est pour cela que l’Angola ne comprend et n’accepte pas que cette organisation privilégie l’usage de la force et la guerre aux fins de faire partir un président constitutionnellement élu dans son pays”.
Deuxièmement, il estime que “s’il y a quelqu’un à sanctionner, c’est bien M. Choï, le représentant du Secrétaire général des Nations unies, qui a induit en erreur toute la communauté internationale. Au lieu de cela, on voit la communauté internationale se précipiter pour soutenir l’insoutenable. C’est justement cette façon de faire qui amène l’Angola à se poser des questions”.
Enfin, le président angolais a mis en garde les Africains contre l’utilisation de l’ONU par les puissances occidentales pour continuer d’assujettir l’Afrique.
“Aujourd’hui il s’agit certes de la seule Côte d’Ivoire, un Etat souverain, dont on veut bafouer les institutions. Il n’empêche que l’Afrique se devrait de garder toute sa lucidité et sa vigilance. Parce que si ce que l’on veut tenter en Côte d’Ivoire réussit, il ne faudrait pas être surpris de voir la même méthode être utilisée dans l’avenir contre d’autres pays africains”, a mis en garde Dos Santos. Pour lui, il “faut envisager une solution politique et non militaire”. Selon le journal, M. Saïd Djinnit a répondu qu’il est d’accord avec la position de l’Angola sur la nécessité de faire des efforts pour que les organisations régionales africaines et la communauté internationale s’accordent pour dégager une solution politique pacifique pour résoudre la crise ivoirienne. L’émissaire de Ban Ki-moon a promis de soumettre la question à la prochaine réunion de l’Union africaine qui doit se tenir les 29 et 30 janvier à Addis Abeba en Ethiopie.
A la question des journalistes de savoir ce qu’il pense de l’attitude de M. Choï qui n’a pas considéré l’avis du Conseil constitutionnel ivoirien au second tour alors qu’il l’avait fait au premier tour, très “embarrassé, l’émissaire de l’ONU s’est refusé à tout commentaire, arguant qu’il n’était pas la personne la mieux indiquée pour répondre à cette question”. Toujours dans la dynamique d’isoler le président Gbagbo de tous ses soutiens, Raïla Odinga s’est rendu mardi au Ghana où, selon des sources, il a échoué dans sa tentative d’isoler le chef de l’Etat réélu, Laurent Gbagbo.
Coulibaly Zié Oumar
Source : Notre voie