L’ex-Pca de la Bourse café-cacao (BCC), Tapé Do Lucien, inculpé dans le procès des ex-dirigeants de la filière café-cacao, redoute que la filière soit bradée aux multinationales, au terme du processus judiciaire. Il l’a indiqué, le lundi 6 août dernier, à Sococé, aux Deux-Plateaux, lors d’un entretien avec la presse. « L’Etat n’est pas prêt à céder la filière aux producteurs de café-cacao. Il a seulement placé des producteurs dans les comités qui gèrent actuellement la filière. Ce même Etat reconnaît que ces producteurs ne sont pas des producteurs », a-t-il déploré. Pour Tapé Do Lucien, l’Etat de Côte d’Ivoire, en initiant le système de stabilisation des prix du café et du cacao, va installer un désordre total au profit des multinationales. « Il faut fixer un prix avant de parler de soutien. Le soutien, en fait, n’en est pas. Ce sont plutôt les exportateurs, les multinationales qui vont en profiter énormément », a-t-il révélé. Et d’ajouter : « C’est parce que le président Laurent Gbagbo a cédé la gestion de la filière aux producteurs que la guerre lui a été faite. Le système de prix indicatif était mieux sous le règne de Laurent Gbagbo ». Tapé Do indique donc ne pas comprendre pourquoi le président du Tribunal, Coulibaly Hamed, déclare que la filière café-cacao n’appartient pas aux producteurs. Et que les ressources de la filière, selon lui, proviennent de l’Etat. « Si nous avons mal géré, qu’on nous remplace par d’autres producteurs, et non par des entrepreneurs en bâtiment », a-t-il souhaité. Il s’est réjoui que le président Gbagbo ait confié la filière café-cacao aux producteurs. « Il faut être reconnaissant au président Gbagbo. Sa politique a rehaussé l’image des planteurs ivoiriens dans le monde entier. C’était la première fois qu’un paysan analphabète indiquait le prix du cacao sur les médias du monde. Nous ne pouvons pas oublier cette image. Voilà pourquoi les gens disaient que j’avais des ressources financières, que j’entretenais des filles, etc. Je ne serai pas opposé qu’on effectue un audit de mes comptes », a-t-il défié.
L’ex-Pca de la Bourse café-cacao a également révélé que la BCC s’est battue pour éviter que le beurre de karité soit utilisé dans la fabrication du chocolat. « Nous avons fait du lobbying avec la redevance de la BCC pour imposer le chocolat ivoirien qui est consommé en Europe et à 100% aux Etats-unis. Nous avons, en outre, associé l’image de Didier Drogba au chocolat ivoirien en vue de mieux le commercialiser », a-t-il argumenté.
Enfin, Tapé Do soutient qu’à l’instruction du dossier relatif au procès, les prévenus n’ont pas eu le temps de s’exprimer. « Le procès au fond nous permet de nous exprimer. Les Ivoiriens veulent savoir ce qui s’est passé. Le Seigneur sait qui est coupable et qui ne l’est pas. Si on laisse le juge faire son travail correctement, il va prononcer un jugement impartial », a-t-il déclaré. Pour lui un bon procès doit prendre fin en 2014. S’il reconnaît que la filière a été mal dirigée, il affirme être tombé des nues en apprenant au procès que Amouzou Henri, président du Conseil de gestion du FDPCC, a acheté un bateau zodiac.
Gomon Edmond – Notre Voie