Que pense Fologo de l’emprisonnement de Laurent Gbagbo qu’il a reconnu comme le président de la Côte d’Ivoire parce que selon lui, « c’est lui (Gbagbo) que la constitution de notre pays a déclaré vainqueur » ?
Depuis le coup d’Etat du 25 décembre 1999 contre le PDCi-RDA, Laurent Dona Fologo, l’un des meilleurs disciples de Félix Houphouët Boigny a du mal à se faire une place sur l’échiquier politique ivoirien. Laurent Dona Fologo est l’un des meilleurs chantres de l’ Houphouëtisme. Son militantisme au sein du Pdci Rda avait fini par convaincre le ‘’vieux’’ au point qu’il n’hésitait pas à lui confier de grandes responsabilités au sein du parti. Le ‘’vieux’’ ne lui avait-il pas confié l’importante mission de Prétoria, au moment où l’apartheid était à son paroxysme en Afrique du Sud ? De la direction de frat-mat l’un des organes de presse pour la vulgarisation des idéaux du père de la nation, au secrétariat du parti unique, le pdci –rda Laurent Dona Fologo a été un véritable ouvrier au service d’Houphouët. Ce brillant orateur a été sur tous les fronts pour la défense du Pdci –Rda. Même au plus fort moment du multipartisme arraché par une lutte acharnée de l’opposition ivoirienne dirigée par le charismatique Laurent Gbagbo, Fologo fut le bouclier du PDCI-RDA alors parti unique. Après la disparition du ‘’vieux’’, le militantisme de Fologo ne prit aucun coup. Bien au contraire, il fut celui là même qui prêchait la cohésion au sein des héritiers de feu Félix Houphouët Boigny. Le coup d’Etat du 25 décembre 1999 contre Henri Konan Bédié, conséquence immédiate de la lutte entre les Houphouétistes a été un mauvais coup contre Laurent Dona Fologo. L’on se souvient encore de sa célèbre pensée après son arrestation par les soldats du conseil national du salut publique dirigé par le général Robert Guéi : l’orage a secoué l’arbre. Des feuilles sont tombées mais l’arbre reste debout. Le PDCI reste debout. Véritable acte foi ! Mais qui aura marqué en réalité le déclin de l’engagement politique de Laurent Dona Fologo. Signe des temps ? En tout cas, même la Côte d’Ivoire aussi n’a plus connu de stabilité politique jusqu’à maintenant. Fologo à gauche, Fologo au centre, Fologo à droite. L’homme a du mal à trouver ses marques dans une Côte d’Ivoire qui n’a plus de repère. Identifiée à un havre de paix, la Côte d’Ivoire sombre depuis le coup d’Etat de 1999, dans la violence, et la guerre civile. La Côte d’Ivoire souveraine a cédé la place à une Côte d’Ivoire sans souveraineté, une Côte d’Ivoire de politiciens qui gouvernent au dessus des lois fondamentales du pays. Les partis politiques qui devraient éveiller les consciences du peuple ont eux aussi fui leur responsabilité. Cette moule dans laquelle fond la Côte d’Ivoire a, semble-t-il, emporté le brillant Laurent Dona Fologo au point que l’on l’assimile à ces politiciens qui mangent à toutes les tables, même à la table du diable. Les faits l’ont démontré maintes fois. Laurent Dona Fologo n’est plus le politicien qui inspirait la jeunesse. Il est devenu un vrai « mangeur ». Il sèche son habit là où il y a du soleil. Les ivoiriens ont observé ses positions mi figue mi raisin avec le Conseil national du salut publique de Robert Guéi. Il n’a jamais pu trancher clairement sa position au moment des candidatures de la présidentielle de 2000. Ensuite, l’on l’a aperçu avec le président Laurent Gbagbo. Ses déclarations avec les Refondateurs, ont été on ne peut plus claires. Avec eux, Fologo s’est fait le chantre d’un patriotisme, d’un nationalisme au service de son pays, sans tenir compte de son appartenance politique. Cela lui a valu une nomination à la tête du célèbre Conseil Economique et social de Côte d’Ivoire. Véritable apôtre de la paix, Fologo a prêché la paix et l’entente entre les Ivoiriens pour ne pas que la Côte d’Ivoire sombre dans une mauvaise aventure comme certains pays africains embrasés par la guerre civile. Aujourd’hui, Laurent Dona Fologo n’est que l’ombre de lui-même. Dans quelle chapelle prêche–t-il ? Il s’accoquine aujourd’hui avec Alassane Dramane Ouattara. Pourtant il avait reconnu Laurent Gbagbo comme vainqueur de la présidentielle de 2010. « C’est lui (Gbagbo) que la constitution de notre pays a déclaré vainqueur » a-t-il reconnu. Il a même apporté des témoignages contre Alassane Dramane Ouattara sur la chaine de la télévision nationale, pour révéler que ce dernier serait à la base de la mort du président Félix Houphouet Boigny. Malgré ses dénigrements systématiques contre Alassane Ouattara, il le considère aujourd’hui comme le président élu de la Côte d’Ivoire. Fologo à qui Laurent Gbagbo a confié le conseil économique et social ne reconnait plus la constitution ivoirienne. Il est entré dans les rangs des politiciens qui se croient au dessus de la loi fondamentale du pays. Quel exemple laissera Fologo à la nouvelle génération des ivoiriens ? L’image d’un homme sans conviction ? Une image de poltron ? L’image d’un politicien affamé en quête de sa pitance ? Que pense-t-il de tous ces Ivoiriens que le régime de Ouattara a jetés en prison ? Que pense-t-il de tous ces cas de violation de droits de l’homme en Côte d’Ivoire ? Que pense-t-il de l’emprisonnement de Laurent Gbagbo qu’il a reconnu comme le président de la Côte d’Ivoire parce que selon lui, « c’est lui (Gbagbo) que la constitution de notre pays a déclaré vainqueur » ?
Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Si Laurent Dona Fologo a encore un peu de dignité, il serait bon pour lui de se prononcer sur ces questions cruciales auxquelles les Ivoiriens attendent des réponses idoines. Laurent Dona Fologo est encore l’un des meilleurs témoins de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Il détient des vérités qui peuvent guérir la Côte d’Ivoire. Les ivoiriens l’attendent.
CHRISTOPHE DESGENS