J’ai appris avec tristesse la disparition, ce jeudi 15 août, de l’avocat français Jacques Vergès. Mondialement connu, il fut le conseil de nombreuses personnalités, dont le Président Laurent Gbagbo. Me Vegès, « Doyen » comme nous aimions l’appeler avec Maître Ange Rodrigue Dadje et Maître Habiba Toure, fut un des défenseurs de la cause ivoirienne. Je salue, ici, la mémoire de ce grand combattant contre l’injustice. Dormez en paix « Doyen ». Votre souvenir demeurera à jamais. Que la terre vous soit légère. AT
L’avocat Jacques Vergès est mort à l’âge de 88 ans, selon BFM TV
Né en 1925 en Thaïlande, d’un père réunionnais et d’une mère vietnamienne, l’étudiant communiste devient militant du FLN en Algérie. Il obtient la libération de l’indépendantiste Djamila Bouhired, qu’il épousera ensuite. Mais il ne prendra une stature internationale que comme avocat de figures dont le seul point commun est peut-être de faire l’unanimité contre elles en Occident: Carlos, Klaus Barbie, Slobodan Milosevic ou encore l’ancien vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz. L’un des derniers a l’avoir recruté était l’ex-président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo en 2011, qui l’avait engagé avec un autre grand nom du barreau, l’avocat et ex-ministre Roland Dumas.
Celui qui a été dépeint par Barbet Schroeder dans un documentaire comme « L’avocat de la terreur » a embrassé tous les tourments du XXe siècle. « Il est né en colère, en guerre, colonisé (…). Avocat, c’était la meilleure des tribunes », a dit de lui le journaliste et écrivain Lionel Duroy.
Son CV est un roman, mais il a censuré un chapitre: entre 1970 et 1978, Vergès laisse femme et enfants et disparaît. Il appelle cette période sa « part d’ombre ». Jaloux de sa légende, il laisse planer le mystère. Parmi les hypothèses figurent notamment des liens avec le terrorisme palestinien, et un passage dans le Congo post-Lumumba. Ou un séjour dans le Cambodge de Pol Pot. Depuis, la légende s’était poursuivie. Elle vient de s’éteindre, mais son souvenir demeure.
Alain Toussaint