« Que se taisent les armes ! La guerre marque toujours l’échec de la paix, elle est toujours une défaite pour l’humanité ». La pape François lors de sa méditation pour la veillée de prière pour la paix, samedi soir place Saint-Pierre à Rome.
Le souverain pontife a imploré pardon, dialogue et réconciliation pour la « bien-aimée Nation syrienne ». Trois termes qui sont les « paroles de la paix ». Aussi tournés vers le Moyen-Orient, et « partout dans le monde ! » « Prions pour la réconciliation et pour la paix, a poursuivi le pape, travaillons pour la réconciliation et pour la paix, et devenons tous, dans tous les milieux, des hommes et des femmes de réconciliation et de paix ! »
Une ferveur immense, une foule compacte, 100’000 personnes rassemblées place Saint-Pierre pour cette veillée de prière voulue par le Pape François. Une veillée de 4 heures qui a débuté à 19 heures avec l’arrivée du Saint-Père sur le parvis de la Basilique Saint-Pierre. En présence de dignitaires des autres confessions chrétiennes et de responsables de l’islam.
La prière du « Veni Creator » a retenti, puis l’icône de la Vierge de Rome, « Salus Populi Romani », a été amenée en procession, très solennellement.
Le pape, simplement vêtu de blanc, avait le visage grave. Le chapelet a été récité, ponctué de moments chants liturgiques et de musique classique, le tout dans un recueillement rare, surtout dans les pauses de prière silencieuse.
Est arrivé ensuite le moment de l’adoration eucharistique, après la méditation du Pape centrée sur le récit biblique de Cain et Abel. Dans son homélie, François est revenu sur le récit biblique du début de l’histoire du monde et de l’humanité qui « nous parle de Dieu qui regarde la création, la contemple presque, et répète : cela est bon ». Pour répondre à la signification de ce message, le pape a développé trois réponses.
Vers un monde d’harmonie et de paix
Ce message dit d’abord, selon François, que « dans le cœur et dans la pensée de Dieu notre monde est la ‘maison de l’harmonie et de la paix’, et est le lieu où tous peuvent trouver leur place et se sentir ‘chez soi’, parce que cela est ‘bon’ ». Un « monde de Dieu qui est un monde dans lequel chacun se sent responsable de l’autre, du bien de l’autre ». Le pape a invité la foule réunie place Saint-Pierre à se demander si ce n’est pas ce monde que nous désirons, que « tous portent dans le cœur ».
« Le monde que nous voulons, n’est-il pas peut-être un monde d’harmonie et de paix, en nous-mêmes, dans les rapports avec les autres, dans les familles, dans les villes, dans et entre les nations ? » a interrogé François.
Le pape s’est ensuite demandé si c’était bien ce monde dans lequel nous vivons. Car il y a aussi « la violence, la division, le conflit, la guerre ». Quand cela se produit-il ? « Quand l’homme, sommet de la création, abandonne le regard sur l’horizon de la beauté et de la bonté, et se renferme dans son égoïsme. »
« Être une personne humaine signifie être gardiens les uns des autres ! »
Le pape François a prévenu : « Quand l’homme pense seulement à lui-même, à ses propres intérêts et se place au centre, quand il se laisse séduire par les idoles de la domination et du pouvoir, quand il se met à la place de Dieu, alors il abîme toutes les relations, il ruine tout ; et il ouvre la porte à la violence, à l’indifférence, au conflit. »
« Aujourd’hui aussi nous nous laissons guider par les idoles, par l’égoïsme, pas nos intérêts ; et cette attitude continue : nous avons perfectionné nos armes, notre conscience s’est endormie, nous avons rendu plus subtiles nos raisons pour nous justifier. Comme si c’était une chose normale, nous continuons à semer destruction, douleur, mort ! »
François s’appuie sur un exemple pour développer sa pensée : : « Où est Abel ton frère ? Je ne sais pas, répond Caïn. Suis-je le gardien de mon frère ? » Cette question précise le pape nous est aussi adressée et il serait bien que nous nous demandions : « Suis-je le gardien de mon frère ? Oui, tu es le gardien de ton frère ! a martelé François. Être une personne humaine signifie être gardiens les uns des autres ! »
« Est-il possible de parcourir une autre voie ? Pouvons-nous sortir de cette spirale de douleur et de mort ? » C’est la question que le pape François finit par se poser. Sa réponse, en cœur avec les fidèles : « Ce soir, je voudrais que de toutes les parties de la terre nous criions : Oui, c’est possible à tous ! Ou mieux, je voudrais que chacun de vous, du plus petit au plus grand, jusqu’à ceux qui sont appelés à gouverner les Nations, réponde : Oui, nous le voulons ! »
« La paix s’affermit seulement par la paix, celle qui n’est pas séparable des exigences de la justice, mais qui est alimentée par le sacrifice de soi, par la clémence, par la miséricorde, par la charité », a conclu le pape François, en faisant référence aux paroles de Paul VI.
Le message du pape François reçu aux quatre coins du monde
Au fil du temps Place Saint-Pierre, la prière s’est faite plus intense, plus dense. On pouvait palper cet immense imploration. Que cesse la guerre en Syrie, et partout dans le monde.
De Bagdad à Jérusalem, de Bombay à Buenos Aires, de Washington à Paris, de l’Afrique à l’Asie, tout ce que l’Eglise compte de responsables ont relayé le message énergique de François, dans des sermons, des messages téléphoniques et sur les réseaux sociaux.
L’initiative a reçu le soutien des patriarches du Moyen-Orient, unis par leur inquiétude d’un débordement de la guerre en Syrie. Et le soutien aussi des autres religions.