Oumou Dosso ou l’esthétique d’une doxa sur le patriotisme par Joseph Marat, dans Aujourd’hui (Nr.492, 493, lundi 28.10.2013 et mardi 29.10.2013).
De quoi s’agit-il?
Joseph Marat s’insurge contre l’analyse de dame Oumou Dosso parue dans Fraternité Matin. Il écrit: « A part la démonstration laborieuse […] que les patriotes (ivoiriens; c’est nous qui le soulignons) sont des Nazis et que le style humoristique d’Adama Dahico est inhumain, Oumou Dosso nous apprend-elle autre chose ? » Et de poursuivre en des termes semblables rapportés comme suit: « elle aurait dû définir ses éléments de langage dans son analyse sur le patriotisme, car les mots sont par nature polysémiques et s’interprètent en fonction des persectives, ils obéissent à une règle simple: situer le domaine de définition et l’espace contextuel. Cette démarche n’est pas seulement mathématique, elle est intellectuelle. » (cf. Aujoud’hui,28.10.2013)
Dans sa livraison du 29.10.13 Joseph Marat fait dire à dame Oumou Dosso que son pamphlet « n’est qu’une reprise tropicalisée des critiques du nazisme et d’Hitler. D’ailleurs, tous ces gens-là, ne sortent que ce seul exemple de discours totalitariste. Ils font comme si Hitler était un imbécile, un ignare. Ils s’appuient sans doute sur la caricature que Charlie Chaplin fait de Hitler ». (cf. Aujourd’hui, 29.10.2013). Refusant de s’arrêter en si bon chemin, il dévoile son côté préjugé qu’il assume tout en personnalisant le débat. Ainsi, écrira t-il, à propos de dame Oumou Dosso: » C’est une doctorante de philo, transfuge de l’Ecole de musique de L’IN – SAAC et qui travaille sur Heidegger avec Dibi. Il n’est donc pas étonnant de retrouver certaines expressions de Nyamsi, de Dibi et autres. (Ça c’est mon côté préjugés que j’assume) J’ai eu des prises de bec intellectuelles avec elle sur le rôle des intellectuels [..]. » (cf. Aujourd’ui, Nr. 429, 29.10.2013).
De ces deux protagonistes qui ont dû mordiller avec le bec la matière philosophique de leurs propos, nous ne connaissons ni l’un, ni l’autre. Nous trouvons toutefois déroutant lorsque Joseph Marat justifie en sourdine la monstruosité intelligente d’Hitler. Cette position, du point de vue de l’histoire, est dangereuse, une insulte à l’humanité bien pensante. Oui, Hitler fut un imbécile. Oui, Hitler fut le prototype de l’ignare. Arrêtons-nous là et dévoilons notre propos du jour.
Notre propos
La création artistique, surtout quand elle revêt un style humoristique, porte son regard sur un monde circonscrit. Aussi, concédons-nous à dame Oumou Dosso sa libre-interprétation sur l’art d’Adama Dahico. Gentiment, nous dirions que son propos sert sa chapelle, moins gentiment, qu’il ressemble à une auberge espagnole où chacun apporte ce qu’il souhaite y trouver.
Cependant, affirmer tout de go que les patriotes ivoiriens sont des Nazis, c’est montrer sa méconnaissance historique et philosophique des concepts qui ont prédiqué à l’éclosion de la monstruosité du Nazisme. C’est aussi donner dans le panneau de l’amalgame sociologique.
Notons dès l’abord de notre réflexion, qu’une société n’a pas seulement besoin de lois. Elle suppose aussi des valeurs. Autant que les premières, les secondes servent de ciment à la collectivité; elles doivent régler le comportement des individus dans tous les domaines, l’activité des masses et sauvegarder l’intérêt général. L’organisation générale repose sur la plus petite cellule qui est la famille. Celle-ci sert de point de fixation à l’intérêt général. Le cadre dans lequel la famille sera tenue dévoilera le rôle économique dans laquelle elle est assignée. Bourgeoise, elle deviendra le lieu d’accumulation des biens qui se transmettront aux héritiers légitimes; les relations entre les familles bourgeoises permetront, par une succession de mariages, d’accroître les fortunes, de consolider et d’élargir la propriété privée. Derrière donc la façade morale de la famille, des intérêts matériels grossiers font du mariage une affaire commerciale. La famille pauvre, elle procrée selon les lois de la nature et du « bon sens ». Autre grande vertu à laquelle elle doit se tenir: l’assiduité au travail, être apte à entrer dans le processus de production, sortir le « moi » de ses limites pour l’unir au TOUT, au bon fonctionnement de la PATRIE. Nous comprenons donc aisément que ces valeurs, FAMILLE, TRAVAIL et PATRIE, touvaient en Allemagne une nouvelle jeunesse, grâce a un projet de nationalisme raciste et expansionniste. Un tel dessein obligeait à une épuration de tous les éléments accusés de souiller la nation et le monde. Ce plan exigeait que la famille fut préservée de toute contamination physique, intellectuelle et morale, qu’elle fût apte à reproduire l’Aryen, décrété créateur de la civilisation et fondateur d’une humanité supérieure. La Famille tout comme la patrie deviennent le lieu de la germination de la race élue, d’où l’amalgame rencontré ici et là par des pseudos-intellectuels de circonstance. Ceci montre la limite aussi bien la pourriture intellectuelle d’une tranche d’Ivoirien et de mercenaires de plume à la Nyamsi incapablent d’élévation pour disjoindre les concepts de PATRIE, FAMILLE et TRAVAIL qui ont fait le lit de la monstruosité Hitlérienne.
En définitive, ceux-ci font un travers de lecture par une cérébralité grossière qui rapproche la galaxie patriotique ivoirienne aux concepts Nazis. Le discours de dame Oumou Dosso escorté par sa chapelle répond de l’inesthétique d’une doxa sur le patriotisme ivoirien.
Le PATRIOTISME tel que vécu et pratiqué au côté du Président Gbagbo est ce que Jürgen Habermas appelle « Verfassungspatriotismus », entendons la Défense de la CONSTITUTION, des lois et valeurs qui en découlent.
Par Dr. Phil. Okou Zéphyrin Dagou