Ça ne va plus à l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). Les fonctionnaires, notamment les militaires qui y travaillent sous la responsabilité du Sud-Coréen Choï, ne se sentent plus du tout à l’aise. Ils dénoncent l’entêtement de leur patron et ses choix multiples qui créent un certain désarroi en leur sein.
Sur le plan militaire, les collaborateurs de Choï qui ne cachent plus leur colère, ont le net sentiment de n’être plus dans le mandat qui les a envoyés en Côte d’Ivoire pour instaurer et accompagner la paix. Depuis la fin des opérations de vote et la posture qu’a prise leur premier responsable «en faisant de l’ONUCI, qui est venue faire la paix, un allié d’une opposition qui n’a pas de vision claire. Plus grave, les Forces nouvelles utilisent aujourd’hui tous les symboles de l’ONU pour combattre leurs frères d’armes. C’est unique au monde et nous ne comprenons pas cela», clame, dépité, un jeune soldat de l’ONUCI. «Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, tout le monde n’est pas Choï et tout le monde ne pense pas comme Choï. Nous sommes des humains. Nous avons fait les bancs et nous réfléchissons. Tous les jours, nous sommes interpellés (en tout cas certains d’entre nous) par des amis, des parents lointains qui habitent ici et qui pensent que nous voulons les tuer».
Selon le militaire onusien, la réponse qu’ils donnent à tous ceux qui les interpellent, c’est d’écrire à leurs pays respectifs pour dénoncer ce qu’ils voient et attirer ainsi l’attention de leurs présidents de la République. A l’ONUCI, la déchirure est si profonde aujourd’hui que tous ceux qui estiment qu’il faut revenir au plus vite à la mission initiale de l’ONUCI, qu’ils soient administratifs ou militaires, sont automatiquement écartés. Il en est ainsi de ceux qui ont voulu parler du rapport des observateurs de l’Union africaine dont des membres ont été séquestrés à Korhogo, libérés et exfiltrés de la ville par les militaires de l’ONUCI présents le jour du vote dans la ville. «Choï ne voulait pas en entendre parler. Il a banalisé le rapport et l’a jeté loin de lui. Pour lui, ce sont des conneries», raconte amer, un fonctionnaire.
Un autre militaire raconte aussi qu’on les envoie à la rencontre de certaines communautés ivoiriennes pour leur dire : «Soulevez-vous, soulevez-vous !».
Seulement, quand ils y vont, ils trouvent sur place des gens paisibles qui vaquent à leurs occupations. De sorte qu’il leur est difficile voire impossible d’accomplir la tâche. Evidemment, certains le font, mais pas tous. Aujourd’hui, il n’y a plus de doute dans l’esprit des collaborateurs de Choï qu’il fait du départ de Laurent Gbagbo du pouvoir son affaire personnelle. Au point où, s’insurge un fonctionnaire de l’ONUCI, les rumeurs de charnier que l’on entend ici et là sont mal gérées par leur patron. C’est d’ailleurs cette affaire de charnier qui a fait déborder le vase. C’est que les orientations que leur donne la hiérarchie vont dans un seul sens, alors que ces rumeurs proviennent de tous les camps. «Décidément, notre patron veut faire de la Côte d’Ivoire un Irak ou un Afghanistan où tout est sens dessus-dessous», râle le fonctionnaire.
Un militaire avec qui nous avons parlé au téléphone va plus loin dans la dénonciation de l’attitude du patron de l’ONUCI. «En faisant utiliser les symboles des Nations unies aux militaires des Forces nouvelles, nous oublions qu’en Côte d’Ivoire, ils se connaissent. En plus, ils ont appris à se connaître davantage dans le CCI. Donc, les hommes du général Mangou savent si ce sont les FN que nous avons habillés en uniforme onusienne».
Il prend un autre exemple : «Regardez la position dans laquelle nous sommes aujourd’hui. C’est toujours les mêmes que nous sommes obligés de garder. Nous sommes face à face depuis quelque temps avec les FDS avec lesquelles nous avons travaillé en parfaite harmonie pendant longtemps. Et on n’a jamais été si proche de la paix. A cause des pressions qui s’exercent sur notre patron, nous avons pris un virage à 190°. Les gens nous voient tous les jours assis dans les camions, face-à-face, en train de patrouiller, mais on ne voit pas les choses de la même manière».
Sur le plan de l’administration, les choses se passent aussi de la même manière. Depuis que les tensions sont devenues quelque peu vives, la discrimination qui fonde la philosophie du Sud-Coréen s’est accentuée. Seuls les expatriés bénéficient de faveurs. Les Africains et, surtout, les Ivoiriens sont mis à l’écart. Pour être bien vu, il faut afficher farouchement son anti-gbagboïsme. C’est, selon une source bien introduite, ce qui explique la posture de «radio mille collines» adoptée par ONUCI-FM, la radio des nations unies en Côte d’Ivoire qui lance journellement des messages de haine, de division, d’affrontements entre les Ivoiriens. Plus grave, sur instruction de Choï, la radio lance des appels à l’insurrection au sein de la population. Elle relaie même des propos irrévérencieux, des injures à l’endroit des autorités de ce pays.
A l’ONUCI, il ne fait pas bon de parler de respect des lois ou du mandat qui l’a créée en Côte d’Ivoire. Il ne faut surtout pas se faire passer pour un défenseur de la légalité. Si vous faites l’erreur, au cours d’une réunion, pour dire que l’ONUCI n’a pas mandat de dire que tel ou tel a gagné l’élection présidentielle, vous êtes banni ou même excommunié du centre des opérations. D’ailleurs, Choï ne reçoit plus ses instructions de l’ONU, mais bien de l’ambassadeur de France. Il a écarté plusieurs responsables pour ne gérer la crise qu’il a créée qu’avec la Licorne.
La position de Choï dans la crise ivoirienne gêne beaucoup nombre de ses collaborateurs qu’il a obligés à se terrer parce qu’ils ont eu le malheur de demander la stricte application des termes du mandat qui fonde l’ONUCI. La grogne contre ses méthodes a commencé. Elle continuera certainement puisqu’on annonce même des démissions dans les jours et semaines à venir.
Abdoulaye Villard Sanogo
Gros malaise à l’ONUCI : Les militaires grognent contre Choï
Ça ne va plus à l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). Les fonctionnaires, notamment les militaires qui y travaillent sous la responsabilité du Sud-Coréen Choï, ne se sentent plus du tout à l’aise. Ils dénoncent l’entêtement de leur patron et ses choix multiples qui créent un certain désarroi en leur sein.
Sur le plan militaire, les collaborateurs de Choï qui ne cachent plus leur colère, ont le net sentiment de n’être plus dans le mandat qui les a envoyés en Côte d’Ivoire pour instaurer et accompagner la paix. Depuis la fin des opérations de vote et la posture qu’a prise leur premier responsable «en faisant de l’ONUCI, qui est venue faire la paix, un allié d’une opposition qui n’a pas de vision claire. Plus grave, les Forces nouvelles utilisent aujourd’hui tous les symboles de l’ONU pour combattre leurs frères d’armes. C’est unique au monde et nous ne comprenons pas cela», clame, dépité, un jeune soldat de l’ONUCI. «Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, tout le monde n’est pas Choï et tout le monde ne pense pas comme Choï. Nous sommes des humains. Nous avons fait les bancs et nous réfléchissons. Tous les jours, nous sommes interpellés (en tout cas certains d’entre nous) par des amis, des parents lointains qui habitent ici et qui pensent que nous voulons les tuer».
Selon le militaire onusien, la réponse qu’ils donnent à tous ceux qui les interpellent, c’est d’écrire à leurs pays respectifs pour dénoncer ce qu’ils voient et attirer ainsi l’attention de leurs présidents de la République. A l’ONUCI, la déchirure est si profonde aujourd’hui que tous ceux qui estiment qu’il faut revenir au plus vite à la mission initiale de l’ONUCI, qu’ils soient administratifs ou militaires, sont automatiquement écartés. Il en est ainsi de ceux qui ont voulu parler du rapport des observateurs de l’Union africaine dont des membres ont été séquestrés à Korhogo, libérés et exfiltrés de la ville par les militaires de l’ONUCI présents le jour du vote dans la ville. «Choï ne voulait pas en entendre parler. Il a banalisé le rapport et l’a jeté loin de lui. Pour lui, ce sont des conneries», raconte amer, un fonctionnaire.
Un autre militaire raconte aussi qu’on les envoie à la rencontre de certaines communautés ivoiriennes pour leur dire : «Soulevez-vous, soulevez-vous !».
Seulement, quand ils y vont, ils trouvent sur place des gens paisibles qui vaquent à leurs occupations. De sorte qu’il leur est difficile voire impossible d’accomplir la tâche. Evidemment, certains le font, mais pas tous. Aujourd’hui, il n’y a plus de doute dans l’esprit des collaborateurs de Choï qu’il fait du départ de Laurent Gbagbo du pouvoir son affaire personnelle. Au point où, s’insurge un fonctionnaire de l’ONUCI, les rumeurs de charnier que l’on entend ici et là sont mal gérées par leur patron. C’est d’ailleurs cette affaire de charnier qui a fait déborder le vase. C’est que les orientations que leur donne la hiérarchie vont dans un seul sens, alors que ces rumeurs proviennent de tous les camps. «Décidément, notre patron veut faire de la Côte d’Ivoire un Irak ou un Afghanistan où tout est sens dessus-dessous», râle le fonctionnaire.
Un militaire avec qui nous avons parlé au téléphone va plus loin dans la dénonciation de l’attitude du patron de l’ONUCI. «En faisant utiliser les symboles des Nations unies aux militaires des Forces nouvelles, nous oublions qu’en Côte d’Ivoire, ils se connaissent. En plus, ils ont appris à se connaître davantage dans le CCI. Donc, les hommes du général Mangou savent si ce sont les FN que nous avons habillés en uniforme onusienne».
Il prend un autre exemple : «Regardez la position dans laquelle nous sommes aujourd’hui. C’est toujours les mêmes que nous sommes obligés de garder. Nous sommes face à face depuis quelque temps avec les FDS avec lesquelles nous avons travaillé en parfaite harmonie pendant longtemps. Et on n’a jamais été si proche de la paix. A cause des pressions qui s’exercent sur notre patron, nous avons pris un virage à 190°. Les gens nous voient tous les jours assis dans les camions, face-à-face, en train de patrouiller, mais on ne voit pas les choses de la même manière».
Sur le plan de l’administration, les choses se passent aussi de la même manière. Depuis que les tensions sont devenues quelque peu vives, la discrimination qui fonde la philosophie du Sud-Coréen s’est accentuée. Seuls les expatriés bénéficient de faveurs. Les Africains et, surtout, les Ivoiriens sont mis à l’écart. Pour être bien vu, il faut afficher farouchement son anti-gbagboïsme. C’est, selon une source bien introduite, ce qui explique la posture de «radio mille collines» adoptée par ONUCI-FM, la radio des nations unies en Côte d’Ivoire qui lance journellement des messages de haine, de division, d’affrontements entre les Ivoiriens. Plus grave, sur instruction de Choï, la radio lance des appels à l’insurrection au sein de la population. Elle relaie même des propos irrévérencieux, des injures à l’endroit des autorités de ce pays.
A l’ONUCI, il ne fait pas bon de parler de respect des lois ou du mandat qui l’a créée en Côte d’Ivoire. Il ne faut surtout pas se faire passer pour un défenseur de la légalité. Si vous faites l’erreur, au cours d’une réunion, pour dire que l’ONUCI n’a pas mandat de dire que tel ou tel a gagné l’élection présidentielle, vous êtes banni ou même excommunié du centre des opérations. D’ailleurs, Choï ne reçoit plus ses instructions de l’ONU, mais bien de l’ambassadeur de France. Il a écarté plusieurs responsables pour ne gérer la crise qu’il a créée qu’avec la Licorne.
La position de Choï dans la crise ivoirienne gêne beaucoup nombre de ses collaborateurs qu’il a obligés à se terrer parce qu’ils ont eu le malheur de demander la stricte application des termes du mandat qui fonde l’ONUCI. La grogne contre ses méthodes a commencé. Elle continuera certainement puisqu’on annonce même des démissions dans les jours et semaines à venir.
Abdoulaye Villard Sanogo
Tundanonga dit
Ce qui se passe en Côte d’Ivoire ne nous rappelle-t-il pas douloureusemnt Lumumba (RD Congo), Allende (Chili, 1973), nous rappelle-t- pas Laurent D. Kabila (RD Congo), nous rappelle-t-il pas Mugabe (Zimbabwe)? Pire, nous assistons à la recolonisation (après 50 ans de souveraineté!) par l’ONU d’un pays africain, avec la complicité de ses propres fils et des Africains! La Côte d’Ivoire vient de mettre à nu la subordination de l’Union africaine et de la Cedeao (des associations des proconsuls et des satrapes franco-britanico-étatsuniens) à un miniscule petit Napoléon (Sarkozy), à l’Onu (dont connaît ce que l’Iraq post sadamhusseinien est devenu aujourd’hui) et à l’Union européenne. Que doivent faire les Ivoiriens et gbagbo? Resister, car la cause est juste et noble. Faire de « Entre l’esclavage et la liberté, pas de compromis » (Lumumba 1961) la nouvelle devise de la Côte d’Ivoire et (re)donner au peuple sa fierté selon « mieux vaut vivre libre et pauvre, que asservi et riche. » Toute l’Afrique et les peuples assoifés de liberté du monde entier soutiennent ce combat décisif pour la dignité de l’Afrique et de la Côte d’Ivoire. Tenir bon, malgré les campagnes d’intoxication psychologique et de désinformation orchetrées par les ennemis des peuples soifs de liberté et s’accrocher avec toutes les forces à la liberté.