Il a franchi le Rubicon. Le quotidien Nord-Sud, dans son édition d’hier a, en effet, accusé en des mots très clairs, Alassane Ouattara, sinon de complaisance, du moins de complicité avec certains de ses ministres trempés, selon le journal , dans des scandales. « Les temps ont changé. C’est du moins ce que pense l’opinion nationale, du chef de l’Etat. Cette impression vient des affaires sales qui s’entassent et par les scandales (ou supposés tels) qui semblent proliférer sous la présidence de M. Ouattara sans que celui-ci donne l’impression de réagir comme il se doit ». L’affaire SATAREM, les évasions répétées dans les prisons du pays, le procès dans la filière café-cacao où des ministres sont appelés à la barre, sont la base d’interrogations sur une éventuelle protection des ministres par le président de la République. Pour le journal de Méité Sindou, Secrétaire national à la Bonne gouvernance et au renforcement des capacités, le chef de l’Etat serait devenu, ni plus ni moins, qu’un parapluie pour l’indélicatesse. Erreur d’appréciation ou manipulation? Les deux à la fois. Sinon, comment exiger des sanctions contre des personnes sans aucune preuve valable de leur culpabilité? En effet, jusqu’à présent, les accusations portées contre les ministres ne répondent que de rumeurs. Aucun ministre n’a été pris à défaut. Dans l’affaire SATAREM, il n’a ni été question de détournement de fonds ni de vol. Il n’est jamais revenu, en outre, dans cette affaire, que la ministre s’est rendue coupable de malversations. C’est la procédure de passation du marché qui a été remise en cause par l’ANRMP. Cela suffit-il à dégommer la ministre de la Salubrité urbaine, Anne Désiré Ouloto ? Quid des évasions répétées dans les prisons? Les investigations ont révélé des manquements imputables aux premiers responsables des maisons d’arrêt et de correction d’Abidjan et d’Agboville. Le président de la République, devant ces preuves, a mis fin à leur fonction.
Enfin, dans les révélations faites par Jeune Afrique concernant le dossier des déchets toxiques, Nord-Sud semble avoir trouvé des manquements qui mériteraient des sanctions contre le ministre de l’Intérieur. La raison ? Les journalistes auraient été aiguillonnés par la police économique. Etonnant tout de même qu’un journal s’offusque d’une enquête parue chez un confrère. Nord-Sud a souvent publié, dans ses colonnes, des informations appréciées du public faisant des révélations. Des ministres ont-ils été demis pour autant ? Mettre ainsi en cause des autorités, c’est faire preuve d’un raccourci et surtout d’un acharnement sur des personnes. Cependant, faut-il le noter, Alassane Ouattara est un homme d’obligation. Le chef de l’Etat qui a fait signer un Code d’éthique à chacun de ses ministres, n’a pas changé. Seulement, ADO ne saurait gérer la République selon les humeurs et les ambitions démesurées de quelques individus. A qui, du reste, ont été confiées des responsabilités et qui ont du mal à les assumer. Parce que, somme toute, le costume est pesant, lourd à porter.
Le Patriote