Ce que Bédié doit comprendre
« Depuis quelques semaines vous entendez des cris discordants émanant de certains jeunes de notre Parti. Je suis tenté de dire que l’âge est un état d’esprit et qu’il y a des jeunes vieux et des vieux jeunes. La frustration, la rage et l’impatience que certains jeunes expriment doivent être gérées avec intelligence et tact». Ces paroles ont été dites par le « philosophe » Henri Konan Bédié, président du Pdci, lors du conclave du 17 août 2013 à Yamoussoukro. Acculé par une opinion massive de son parti, indignée par son entêtement à violer ses textes pour demeurer président à vie, Bédié, 80 ans, fabrique toute sorte d’arguments pour justifier sa candidature. En disant « Il y a des jeunes vieux et des vieux jeunes », il nargue ainsi son adversaire Kouadio Konan Bertin dit Kkb, président de la jeunesse du Pdci qui, par sa candidature, sa campagne de proximité et les ralliements à sa vision, remue en ce moment le vieux parti. Mais Bédié a beau philosopher sur la notion « d’âge », la vieillesse est un état particulier qui a ses réalités que la philosophie ne peut réanimer. Le dictionnaire Le Grand Robert définit la vieillesse comme « Dernière période de la vie humaine normale, qui succède à la maturité, caractérisée par un affaiblissement global des fonctions physiologiques et des facultés mentales et par des modifications atrophiques des tissus et des organes ». Que Bédié soit rassuré ! Kkb n’est pas l’auteur de ce dictionnaire, mais il ne fait qu’en tenir compte, quant à l’effet du vieillissement de l’organisme sur nos facultés intellectuelles. On comprend bien Bédié pour son envie de rester jeune dans la tête. On l’aime même pour sa disposition être au service des autres, particulièrement d’Alassane Ouattara et du Rdr. Mais on ne peut s’empêcher de constater que N’Zuéba n’a pas la vieillesse alerte et vigoureuse. Le malaise vagal par exemple, qui l’a plus d’une fois, affaissé, n’est-il pas lié au poids de l’âge ? Que peuvent les incantations du président sortant du Pdci du genre : « Il y a des jeunes vieux et des vieux jeunes » contre l’altération, la dégradation physique ou morale, propre à cette période de la vie ? Si sa seule volonté suffisait à demeurer ce jeune solide, il aurait influencé le nerf vagal et empêché cette syncope de le ployer au pied de ses partisans, dans la grande consternation. Le peuple moderne a peur d’être dirigé par un chef qui traîne une vieillesse douloureuse. Ce, à cause de l’inévitable involution sénile, c’est-à-dire « l’ensemble des phénomènes de régression (physiologique, psychologique, intellectuelle) d’un organe ou de l’organisme tout entier ». Ce que Henri Konan Bédié devrait admettre, c’est que ces processus régressifs de vieillissement nous transforment à notre insu. Et les propos et comportements séniles sont vite remarqués, avec inquiétude ou humiliation, sur la place publique. Imaginez ce leader que ces partisans accusent de manie, d’entêtement ou d’égoïsme sénile. Parce que, pour ses seules intérêts et ceux de sa famille, il brade son parti et lutte pour le maintenir dans la servitude. Or, des batailles qui se mènent au Pdci, dépendra l’avenir la Côte d’Ivoire. C’est cela, l’enjeu. Vous avez compris notre intérêt que N’Zuéba doit également comprendre pour le bien de notre pays.
Germain Séhoué