Depuis notre publication du mandat désignant M. Guigui Claudel, résident en France, comme le nouveau représentant du Front populaire Ivoirien, chargé de la mobilisation des ressources à l’extérieur, plusieurs voix s’élevèrent pour applaudir pour certains ou dénoncer une certaine « cacophonie » pour d’autres au sein du parti à la rose.
Loin de verser dans une polémique qui n’aurait aucun lien avec les textes du FPI, pour autant clairs sur le cadre statutaire des représentations du parti à l’étranger ou encore sur le cadre statutaire des organes centraux, il convient tout de même, pour la compréhension de nos lecteurs de lever des équivoques. Tout d’abord que dit ce mandat et qui en est réellement le destinataire ?
Tout sauf une lettre de nomination d’un représentant ou délégué permanent du FPI en France, encore moins en Europe, ce mandat signé des mains de M. Tchéidé Jean Gervais, secrétaire national chargé des finances et du patrimoine du FPI, est d’autant plus précis que beaucoup se donnent en ce moment de la peine à comprendre ! Seulement, là où des spécialistes et autres militants de « première heure » du Front populaire ivoirien feraient l’économie des conflits d’intérêt et de personne inutiles, en instruisant l’opinion sur la valeur juridique (Statuts et Règlement intérieur) de leur contestation, force est de constater que le bateau battant pavillon bleu-blanc qui tangue depuis la chute du président Laurent Gbagbo risque de couler si les uns et les autres n’y prennent guère garde.
En outre, il est compréhensible qu’après 30 ans dans l’opposition et 10 ans de pouvoir sans réellement exercer celui-ci du fait des crises successives en Côte d’Ivoire, le FPI de Laurent Gbagbo se comporte comme une armée vaincue et qui aurait du mal à accepter sa défaite. Mais alors, ce grand parti, symbole de l’opposition d’alors en Côte d’Ivoire et dans la sous-région perdrait-il toute lucidité pour une simple nomination d’un collaborateur d’une instance du parti, là où Alassane Ouattara a en ce moment du mal à répondre aux attentes de la population, en matière de logement, de sécurité, du travail, du bien-être de l’ivoirien moyen, des ménages, de l’école ect…ouvrant la voie à un vrai débat non seulement de légitimité des nouvelles autorités mais aussi d’opinion sur la gestion du pouvoir un an après ?
Enfin, à défaut de maîtriser le calendrier judiciaire de Laurent Gbagbo pour prétendre bénéficier des lauriers de la « résistance » à court ou long terme, les frontistes gagneraient à être plus unis et à travailler sérieusement avec chacun dans sa mission a lui confiée pour la reconquête du pouvoir.
Mais au fait qui est Guigui Claudel ?
Arrivée en France en 89, Guigui Claudel prend sa toute première carte du parti en 90. Il milite au sein de l’unique section du FPI en Europe, à l’époque « section fpi-île-de France » dirigée par Sery Guefié sous la représentation de Gobou René. En 97, il devient secrétaire général adjoint de Sery Guefié. Il sera porté à la tête de la section après élection comme secrétaire général plein en 1999.
Le 30 avril 2000, il organise la toute première fête de la liberté en France à Paris Porte de Choisy. Lorsque le FPI accède au pouvoir en octobre 2000 et appelle à la réconciliation nationale en 2001, Paris ne se fait pas prier. Claudel et ses camarades décident d’organiser à leur façon le forum de la réconciliation en France. Malheureusement les cadres du parti invités à instruire la diaspora, leur feront un faux bond, alors qu’une salle avait été réservée et payée à coût de 2,5 millions de Fcfa (25 000 FF).
Claudel Guigui restera à la tête de cette unique section du FPI en Europe jusqu’au départ de Eugène Djué (représentant Fpi-France) en 2002. Lorsque Brigitte Kuyo arrive à la tête de la représentation après Eugène Djué, elle dissout toutes les sections du parti en France : île de France (Sud) dirigée par Claudel Guigui et île de France nord de Bohou Luc (crée sous Eugène Djué).
Malheureusement un coup d’état éclate en Côte d’ivoire en septembre 2002. A Paris plusieurs ivoiriens y compris ceux qui n’adhèrent pas au FPI condamnent l’acte des rebelles, mais la crise est désormais installée. Dans le feu de l’action, Brigitte Kuyo essaie de réorganiser la représentation du parti avec de nouvelles têtes, sans réel succès.
En 2003, Claudel Guigui tout en continuant de militer pour le FPI organise un colloque sur les Accords de Linasse Marcoussis à l’université de Saint-Denis sous le parrainage de feu Sarata Ottro.
En 2009, en prélude aux élections présidentielles, il sensibilise depuis Saïoua ses parents pour le compte du candidat du FPI. Il distribuera à l’occasion des dons dont des kits scolaires.
En 2010, avec ses amis « jeunes cadres ivoiriens », Damana Pickass, Kouadio Kouakou dit OK, ils offrent la somme de 10 millions de Fcfa au candidat de la majorité présidentielle, Laurent Gbagbo au cours d’un meeting du candidat à Lakota.
Aperçu récemment aux côté du président par intérim du FPI, Miaka ourétto à Paris, Claudel Guigui donne le profil d’un militant fidèle et constant. Cela a-t-il suffit pour avoir la confiance de la nouvelle direction du parti à Abidjan ? Lui dont la nouvelle mission n’est pas limitée qu’aux seuls militants du front populaire ivoirien de l’extérieur, mais bien d’autres personnes, sympathisants du FPI, panafricains, européens, aura-t-il les coudées franches pour accomplir cette mission sans être emporté par la guerre de positionnement qui fait en ce moment rage au sein du parti de Laurent Gbagbo ?
Les jours à venir nous situeront.
P. Kouhon