Jacob Zuma, représenté récemment sur une peinture en train de violer une jeune femme, a reçu vendredi le soutien de plusieurs centaines de femmes membres de son parti qui ont dénoncé, lors d’une manifestation à Pretoria, le manque de respect envers le président sud-africain.
Le dessin incriminé, intitulé « La Pornographie du pouvoir » et realisé par l’artiste sud-africain Ayanda Mabulu, met en scène une jeune femme contrainte de faire une fellation au président Zuma tout en étant violée par une hyène habillée comme un colon.
La scène qui se déroule devant un cirque représentant le parlement sud-africain est, selon l’artiste, une allégorie de la jeune démocratie molestée par les dirigeants du pays.
Cette peinture « dénigre le président mais pas seulement, elle dénigre aussi les femmes, quand on voit la façon dont est représentée la femme dans ce tableau. Nous ne pouvons pas laisser passer ça », a déclaré à l’AFP Toko Xasa, la porte-parole de la Ligue des femmes du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir.
« Nous soutenons sans hésitation le président Zuma qui est le leader de notre parti et le père de la nation et nous disons +Pas touche+ », a ajouté la Ligue, qui avait appelé à manifester vendredi. Dans un communiqué, elle critique également la société sud-africaine pour son absence de « condamnation d’images représentant la violence faite aux femmes ».
Les femmes « devraient protester pour protéger les victimes, c’est-à-dire ce pays, au lieu de protéger celui qui le viole c’est-à-dire Jacob Zuma », a réagi vendredi Ayanda Mabulu, précisant avoir reçu des menaces de mort.
« Si elles voient l’oeuvre comme le viol d’une jeune fille, alors elles devraient protester contre les statistiques de viol dans le pays et dire: président, vous êtes responsable », a-t-il ajouté à l’AFP.
Le viol est un fléau en Afrique du Sud, où une femme est victime d’agression sexuelle toutes les dix minutes.
« La Pornographie du pouvoir » avait été révélée il y a deux semaines. « Nous nous faisons baiser par les parlementaires, nous sommes brutalisés », avait expliqué l’artiste dans une interview au quotidien sud-africain The Times, mi-octobre.
Ce n’est pas la première fois que Jacob Zuma est le sujet d’une oeuvre d’art controversée. En 2012, une autre peinture intitulée « La Lance » parodiait une affiche soviétique en montrant Jacob Zuma sous les traits d’un Lénine, le sexe dénudé. La peinture avait été vandalisée alors qu’elle était exposée dans un galerie de Johannesburg. Elle avait ensuite été retirée.
Angop