Du rap au Barreau de Paris, on ne peut pas dire qu’il n’y a qu’un pas. Ce sont même d’énormes marches qu’a dû gravir Serge Money, arrivé de Côte-d’Ivoire à Ivry à 1 an et qui n’en est jamais reparti. À 40 ans, l’homme au fort charisme est l’un des avocats pénalistes qui monte sur la place de Paris.
Même si une partie de sa clientèle vient encore des liens avec la carrière de rappeur qu’il a vécu pendant dix ans au sein du collectif Mafia Trece, il plaide dans de gros dossiers, comme celui très actuel de la sextape du footballeur Mathieu Valbuena. C’est bien sa carrière de rappeur qui lui vaut d’être l’invité ce soir d’une soirée spéciale organisée à Fontenay.
Ses études. Arrivé à Ivry à l’âge d’un an, Serge Money y a fait toutes ses études, jusqu’à son entrée à la fac de droit. Son Deug en poche, il se laisse accaparer par sa carrière dans le rap et reprendra la fac à l’âge de 30 ans. «Ca a été l’une des périodes les plus dures de ma vie, c’était très infantilisant comme système, il fallait bosser dur, mais j’ai toujours voulu être avocat.»
Une vraie vocation. «Enfant, je relevais toutes les injustices, comme le racisme ordinaire, et surtout le fait de voir mon père travailler comme un fou pour gagner pas grand-chose. C’est notamment grâce à la série télé Perry Mason que j’ai voulu devenir avocat (rires). Le pénal, ça allait de soi, je ne savais même pas qu’on pouvait être avocat d’autre chose !»
Sa carrière dans le rap. Avec un groupe de copain, Serge Money se met à rapper «pour s’amuser, jamais avec l’envie de faire carrière». Quand ils créent ensemble la Mafia Trece, ils se retrouvent autour de thèmes d’écritures, se corrigent les textes l’un l’autre. «J’ai toujours vu le rap comme un moyen de dénoncer une réalité qui existe, je voulais donc qu’on nous comprenne, on choisissait des rimes riches, on s’exprimait en articulant…», se souvient celui dont le nom de scène était Cochise Autant de qualités qui font de Mafia Trece (auquel ont participé Diam’s ou Yannick) un collectif qui marche et signe avec la maison de disques Sony. L’expérience se terminera selon la volonté de Serge Money 10 ans et 100 000 disques plus tard.
L’écriture. Pour Serge Money, c’est une activité essentielle. L’ancien rappeur continue à écrire des textes pour d’autres chanteurs, écrit un livre sur son expérience dans le rap… Il est même «très très fier» d’être devenu secrétaire de la conférence du barreau de Paris grâce à un concours d’éloquence.
L’implication à Ivry. Il n’a jamais habité ailleurs : chez ses parents, dans un studio cité Gargarine, en centre-ville. Serge Money ne cache pas son attachement à sa ville. «J’y ai tout fait : travailler dans les cantines, animateur au service jeunesse, encadrer des colos et surtout animer des ateliers d’écritures. C’est sans doute la plus belle expérience de ma vie.»
Son avenir en politique. Fidèle à sa commune, Serge Money compte s’y investir davantage. «Je suis en contact avec Europe Ecologie les Verts, ils savent que mes convictions sont les mêmes que les leurs. Quand ce sera le bon moment, je voudrais faire de la politique au niveau local. À force de refaire le monde avec les copains d’Ivry, autant s’impliquer.»
Source: Le Parisien