C’est avec une émotion et une consternation profondes que nous,
membres de la famille du Président Thomas SANKARA avons appris
l’horrible nouvelle de la profanation de sa sépulture dans le
cimetière de Dagnoën à Ouagadougou. Face à un tel acte d’une horreur
inqualifiable, nous ne pouvons qu’exprimer notre colère et notre
indignation, mais aussi notre condamnation avec la plus grande
fermeté. Attaquer ce sépulcre supposé être celui du président Thomas
SANKARA, est indiscutablement une insulte à sa mémoire et à celle de
tous ceux qui sont tombés à ses cotés. Tout laisse à penser que les
lâches auteurs de cet acte barbare ont voulu à travers cette
profanation souiller ce grand Homme qui, même mort, continue
manifestement à gêner les auteurs et les commanditaires de son
assassinat. Au-delà de l’ignominie de cet acte contraire aux valeurs
séculaires de la société burkinabé, il est symptomatique du refus de
justice qui continue d’entourer son assassinat, mais de façon plus
générale de l’impunité qui constitue le lit du régime Blaise COMPAORE.
Il nous apparaît également évident que cette profanation qui, semble
t-il s’est accompagnée du déversement d’un liquide étrange sur la
tombe vise indiscutablement à contrecarrer l’action que nous avons
engagée devant les juridictions du Burkina Faso pour que soit démontré
et certifié que le corps du président Thomas SANKARA repose
effectivement dans une des treize tombes hâtivement creusées dans la
nuit du 15 octobre 1987. Cette action initiée depuis plusieurs années
vise pour nous à lui assurer son droit effectif et inaliénable à une
sépulture digne et à permettre à toute la famille SANKARA, à mes
enfants et moi-même de pouvoir enfin commencer le travail du deuil
que ceux qui l’ont lâchement assassiné nous ont empêché de faire
jusqu’à ce jour.
Cette ignoble et inacceptable profanation vient confirmer un fait déjà
patent à l’époque : le projet machiavélique de mausolée et de
réhabilitation lancé à cor et à cri en son temps par le régime de
Blaise COMPAORE n’était que de la poudre aux yeux pour essayer
d’endormir la vigilance de ceux qui, partout dans le monde, se
battent pour que la lumière soit faite sur cet assassinat et qu’éclate
la vérité.
Nous exigeons donc que tous les moyens soient mis en œuvre par l’Etat
burkinabé pour appréhender et sanctionner les auteurs de cet acte
barbare afin que ce type d’agissement ne demeure impuni. Même si nous
sommes sans illusion des suites qui seront réservées à nos requêtes
compte tenu de l’impunité qui règne en maître au Burkina Faso.
L’affaire de l’assassinat du Président Thomas SANKARA, celle du
journaliste Norbert ZONGO ou plus récemment la mort du jeune Justin
ZONGO et bien d’autres sombres histoires démontrent suffisamment cette
impunité.
Appelons tous le burkinabé à se mobiliser contre l’impunité face à
laquelle nul n’est à l’abri.
Montpellier, le 29 juillet 2011
Pour la famille,
Mariam SANKARA