Tous me pressent de m’exprimer face à la situation de blocage qui prévaut aujourd’hui dans notre pays, la Côte d’Ivoire.
Je ne peux que répéter ce que j’ai toujours prêché : la voix des urnes contre la voix des armes. Les urnes ivoiriennes ont parlé. J’invite les Ivoiriens à respecter le verdict des urnes.
J’avais indiqué qu’il était dangereux d’aller aux élections avec deux armées face-à-face. J’avais indiqué que, avant de parler de désarmement, il fallait régler la raison qui a poussé certains Ivoiriens à prendre les armes : j’avais proposé que l’on donne des papiers à tous les Ivoiriens qui n’en ont pas, pour éviter de faire des Ivoiriens frustrés.
J’avais – malheureusement – prévu que si des élections se tenaient sans que ces préalables soient réglés, elles aboutiraient au blocage que nous connaissons, avec deux présidents pour un seul fauteuil.
Militaires des FDS comme des FN : je vous invite à vous concerter pour éviter à la Côte d’Ivoire un nouveau bain de sang. Votre mission, c’est de sauver la République et de préserver la PAIX.
Politiques ivoiriens : je vous demande de respecter votre parole et d’être à la hauteur de l’amour que les Ivoiriens vous ont donné. Si vous aimez la Côte d’Ivoire, comme vous le dites, l’heure est venue de nous le prouver.
N’en déplaise aux esprits chagrins, nous sommes dans un blocage causé par l’ivoirité. Ce n’est pas la peine d’accuser la communauté internationale ou la France : si nos politiciens avaient su colmater les fissures de la maison Côte d’Ivoire, la communauté internationale et la France n’auraient pas eu voix au chapitre dans le débat ivoirien.
Assumons tous notre part de responsabilité. Respectons le verdict des urnes. C’est ça le fair-play. Je vous ai dit que Monsieur Laurent Gbagbo était mon candidat, mais cela ne m’empêche pas de reconnaître la victoire de Monsieur Alassane Ouattara, le candidat du RHDP.
Je souhaite que le président Alassane Dramane Ouattara veille personnellement à la sécurité du Président Gbagbo, de sa famille et de ses proches. Que personne ne soit humilié.
Je demande au président Alassane Ouattara d’avoir la victoire modeste, et au président Gbagbo de faire preuve d’élégance devant le dur verdict des urnes.
Si ces propos blessent quelqu’un, je lui demande d’avance de me pardonner.
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire,
mardi 14 décembre 2010
Seydou Koné dit ALPHA BLONDY