Le 1er tour du scrutin présidentiel a donné son verdict. Le 2nd tour opposera Gbagbo à Ouattara.
Pour l’emporter, le candidat sortant devrait adresser un signal fort aux électeurs du Nord ; tendre la main à Bédié ; et remobiliser les abstentionnistes.
En ce sens et pour plusieurs raisons, une plus grande implication de M. Koulibaly s’impose dans l’entre-deux tours avec pourquoi pas un rôle de 1er ministrable. Tout d’abord, en parcourant tout le pays pour convaincre enfin nos frères du Nord qu’ils font partie intégrante du socle social ivoirien.
La stature transethnique et internationale de Koulibaly plait aux jeunes ivoiriens (et même au-delà), séduits par le thème principal de campagne du Président Gbagbo : la défense de la souveraineté nationale.
N’oublions pas les 1.148.601 Ivoiriens qui ne se sont pas prononcés au 1er tour (les abstentionnistes et les bulletins nuls représentent plus de 25% du corps électoral). On y trouve sans doute des partisans de la mouvance présidentielle. Certains, démobilisés par une campagne parfois arrogante annonçant une victoire au 1er tour. D’autres, découragés par des affaires de corruption ayant à tort ou à raison éclaboussé quelques proches du Président. Avec un duo Gbagbo-Koulibaly, deux personnalités intègres, ils réintègreront le sérail.
Enfin, l’arbitre du scrutin est sans conteste Bédié (1.142.814 voix). Gbagbo doit tendre la main au PDCI. Et même si cette main tendue n’est pas saisie, il s’agira d’un geste politique très fort qu’apprécieront, le moment venu, les électeurs du vieux parti. En réalité, nombreux sont ceux qui, au PDCI, se remémorent les épisodes clés du déclin de leur parti.
Certains se souviennent encore de 1993, de la mort du père de la Nation et … la tentative de coup d’état constitutionnel. Les autres n’oublieront pas de sitôt 1999, et le 1er coup d’état de l’histoire de notre pays. Une politique d’ouverture de Gbagbo sonnerait le glas de ce rassemblement hétéroclite qu’est le RHDP.
Au final, Ouattara, qui, réalise une excellente campagne, peut convaincre ses partisans qu’une accession démocratique au pouvoir est désormais possible. Serait-ce suffisant pour effacer de la mémoire collective d’une majorité d’Ivoiriens, son rôle réel ou supposé dans la déstabilisation de son pays ces dix dernières années ?
Les Ivoiriens ne devraient-ils pas inciter Ouattara à intégrer pour la première fois une opposition politique constructive, sans exil, et sans violences ?
Le 21 novembre 2010, les Ivoiriens trancheront ce débat dans les urnes.
Anicet DJEHOURY