Premier champion olympique de l’histoire de la Côte d’Ivoire, le taekwondoïste Cheick Cissé est passé du statut d’inconnu à celui de héros national pendant les Jeux de Rio. Mais il ne compte pas s’en arrêter à là, et affirme penser à Tokyo.
« Aujourd’hui, on me regarde différemment, je suis devenu un symbole national. Je ne passe plus inaperçu dans les rues, je suis une attraction », a-t-il remarqué.
Premier médaillé ivoirien depuis 1984, 22 ans après le sprint en argent de Gabriel Tiacoh sur 400 m, Cissé, 23 ans, a été propulsé au rang de star au pays, et même sur tout le continent, devenant le premier Africain titré dans la discipline.
Son destin a tourné en une poignée de secondes. Il a gagné l’or à la toute fin de la finale contre le Britannique Lutalo Muhammad (8-6) chez les moins de 80 kg. Un titre qu’il a célébré drapé du drapeau national, se fendant d’un geste « à la Usain Bolt », celui du fameux éclair.
Son succès a même fait des petits: plus tard, sa compatriote Ruth Gbagbi est allée chercher le bronze chez les 67 kg dames.
A son retour au pays, il a reçu un accueil triomphal à l’aéroport puis a été redécoré par le président ivoirien Alassane Ouattara qui l’a récompensé d’une prime de 50 millions de francs CFA (75.000 euros) et une villa.
Devant le président, Cheick Cissé a plaidé au nom de tous les athlètes ivoiriens pour des meilleures conditions de vie et d’entraînement. « On a été soutenu. L’Etat a fait ce qu’il pouvait (…) mais il faut que des lois soient prises (…) pour que le sportif d’aujourd’hui puisse se nourrir de son sport ».
Pour préparer Rio, il s’était souvent entraîné sur du sable…
– Motivé pour Tokyo –
« Je suis parti de rien du tout pour devenir quelqu’un. Sans moyens. Il faut dire à mes petits frères de croire en leurs rêves », dit-il.
Un rêve auquel il a cru quand il était enfant. Né à Bouaké (centre) dans le quartier populaire de Dar Es Salam 1, il a fait ses premiers pas à 8 ans dans les arts martiaux. Sa mère l’accompagnait aux séances d’entraînement, commençant initialement par le shotokan (où l’on se sert plus des poings).
Son père n’était très emballé de voir son fils pratiquer le taekwondo, au détriment de ses études.
« Il me demandait si j’allais aux cours, je répondais par l’affirmative, il savait que je mentais, je sais qu’il était peiné », avoue Cheick Cissé qui n’a cependant pas totalement abandonné les études et suit à Abidjan des cours en 1re année de professorat en sport, spécialité Teakwondo, après avoir obtenu un diplôme en électrotechnique.
Il a ensuite gravi les échelons pour se révéler en 2013 (champion national, vice-champion de la Coupe du Monde par équipes à Abidjan) avant un premier titre de devenir champion d’Afrique en 2014.
Cheick Cissé assure s’être inspiré de l’école iranienne « pour l’état d’esprit, la force de caractère de ses combattants, tout ce qu’ils font me plait. Ils mettent en exergue les qualités d’un bon taekwondoïste à savoir le cœur, le courage ».
Des qualités, qu’il espère montrer à nouveau à Tokyo. Actuellement numéro un mondial de la discipline, il dit que « la plus grande motivation » pour gagner, « c’est de connaître à nouveau » les honneurs de son retour au pays.
« Des gens viennent vers vous, ils vous félicitent, c’est sympa, c’est touchant, tout ceci me donne la force de faire encore plus », conclut-il.
(AFP 27/09/16)