À l’âge de 93 ans, Paul Biya vient d’être proclamé vainqueur de l’élection présidentielle camerounaise, s’offrant un huitième mandat qui le conduirait jusqu’au centenaire. Cette victoire – officiellement acquise avec 53,66 % des voix selon le Conseil constitutionnel – n’est pas une surprise et s’inscrit dans la continuité d’un règne commencé en 1982, battant tous les records de longévité en Afrique et dans le monde.wikipedia+3
Un pouvoir sans partage

Le président Biya du Cameroun
Depuis plus de quatre décennies, Paul Biya concentre l’essentiel des leviers politiques, économiques et sécuritaires du Cameroun. Selon de nombreux analystes, sa capacité à durer repose sur une centralisation extrême du pouvoir, la maîtrise des institutions et une répression permanente de l’opposition. Le scrutin du 12 octobre a mobilisé dix candidats, mais l’unique opposant à émerger, Issa Tchiroma Bakary, a aussitôt contesté la régularité du processus, dénonçant « une mascarade électorale » et revendiquant une victoire « volée ». Plusieurs manifestations dans les grandes villes, notamment à Douala, ont fait des victimes, sur fond de heurts entre partisans de l’opposition et forces de l’ordre.lemonde+5
Un climat de scepticisme, à l’intérieur comme à l’international
La victoire du « sphinx d’Etoudi » relance les interrogations sur l’avenir du Cameroun, tant chez ses concitoyens que dans la communauté internationale. L’Union africaine a déclaré le scrutin « globalement conforme aux normes », mais les missions d’observateurs soulignent : pression sur les médias, publicité inégale dans la campagne, menaces sur l’opposition et climat de peur. Beaucoup s’inquiètent de la tendance à la confiscation du pouvoir, voire d’une volonté de mourir en fonction, comme d’autres « présidents à vie » du continent.dw+4
Dans l’opinion camerounaise, lassitude et fatalisme
Du côté du peuple camerounais, la réélection n’a suscité que peu de surprise, mais la résignation s’accompagne d’une colère sourde face à la pauvreté persistante, au chômage massif et à la détérioration du système éducatif et de santé. Certains manifestants demandent l’alternance et dénoncent l’« immobilisme », tandis que d’autres voient dans la longévité de Biya une forme de stabilité à défaut d’alternative crédible. Les rumeurs sur sa santé, ses longues absences à l’étranger et sa faible apparence publique nourrissent les inquiétudes sur sa capacité à gouverner durablement le pays.politis+2youtube
Que cherche Paul Biya : mourir au pouvoir ?
La question de la succession, soigneusement éludée par le régime, attise toutes les spéculations : Biya vise-t-il vraiment à mourir au pouvoir ? Pour nombre d’opposants et d’observateurs, tout semble mis en place pour assurer une transmission du pouvoir au sein de son clan, voire préparer un dauphin dans l’ombre. Cette incertitude, conjuguée à la montée des crispations dans les régions anglophones et aux défis socio-économiques, représente un risque majeur pour la stabilité du pays.lemonde+2
À 93 ans, Paul Biya apparaît plus que jamais comme l’incarnation d’une époque où le pouvoir se confond avec la personne. Mais sa victoire contestée révèle la fragilité d’un régime à bout de souffle, sous pression sociale et internationale. L’avenir du Cameroun, au-delà du symbole, dépendra de la capacité du pays à organiser une vraie alternance démocratique avant que la page Biya ne se tourne… de gré ou de force.
Voici un approfondissement en trois volets : les tensions dans les régions anglophones, la réaction internationale, et le ressenti populaire après la victoire de Paul Biya.
1. Tensions dans les régions anglophones : un pays fracturé
La crise anglophone, déclenchée dès 2016, n’a cessé d’empoisonner la vie politique et sociale du Cameroun. Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la réélection de Paul Biya a ravivé la défiance envers Yaoundé. Les séparatistes multiplient les attaques, menaçant les populations et dissuadant la participation électorale par le blocage des routes, des écoles, et des bureaux de vote : lors du scrutin, moins de 10 % des électeurs de ces zones se sont rendus aux urnes.bbc+2
Derrière les affrontements persistants — plus de 6 500 morts depuis 2016 et près d’un million de déplacés — les accusations de répression ciblée, d’exactions et de violations des droits humains se multiplient contre les forces gouvernementales et les groupes armés séparatistes. Les observateurs internationaux parlent d’une « crise humanitaire oubliée ». Cette absence de véritable médiation met en péril la stabilité même du Cameroun.globalr2p+1
2. Communauté internationale : indifférence et inquiétude
Si la CEMAC et quelques États voisins ont félicité Paul Biya pour sa victoire, la plupart des grandes puissances et des organisations internationales ont opté pour un silence diplomatique inhabituel, reflet d’une grande circonspection devant la crédibilité du scrutin et la répression post-électorale. L’ONU s’est inquiétée des décès lors des manifestations et a appelé à enquêter sur la violence électorale, insistant sur la nécessité de respecter le droit à la protestation pacifique.newsducamer+2
Dans de nombreux chancelleries occidentales, on note l’inquiétude face au blocage politique et au risque d’embrasement dans les régions anglophones. Cette frilosité traduit le sentiment que le régime Biya, bien qu’affaibli et contesté, n’offre pas d’alternative pacifique crédible pour l’instant.
3. Ressenti populaire : entre résignation, colère et peur
Au sein de la société camerounaise, la victoire de Paul Biya est accueillie par un mélange de lassitude, de rage et de fatalisme : de violentes manifestations ont éclaté à Douala et dans le Nord, fiefs de l’opposition. Les populations anglophones s’estiment abandonnées et marginalisées, tandis qu’une partie de la jeunesse francophone réclame une alternance et la fin d’un « système à bout de souffle ». La corruption, la crise économique et la paupérisation renforcent le sentiment de déconnexion avec le pouvoir central, largement perçu comme indifférent à la détresse du peuple.journaldequebec+4
L’Église catholique, très influente au Cameroun, critique publiquement une politique d’exclusion ethnique et de détournement des ressources. Les voix dissidentes sont réprimées, les médias muselés, et l’opposition fragmentée peine à structurer une riposte unie.amnesty+1
La réélection de Paul Biya, loin de clore le débat sur la direction du Cameroun, souligne la fragilité d’un pays sous tension. L’absence d’alternative crédible, la répression des opposants, l’isolement diplomatique et la crise multiforme dans les régions anglophones alimentent un climat explosif, qui pourrait menacer la stabilité future. La question demeure : comment tourner la page Biya sans basculer dans l’instabilité ?
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He would have trusted that the challenge with Gill might have been the beginning of him working towards a third slant at a world title, yet that presently seems, by all accounts, to be further away than any time in recent memory.












