YAOUNDE, 24 décembre (Xinhua) — Une mission ivoirienne venue d’Abidjan a entamé des contacts jeudi à Yaoundé pour solliciter le soutien du Cameroun en faveur du président Laurent Gbagbo pressé par les Nations Unies et des puissances mondiales de quitter le pouvoir au profit de son rival Alassane Ouattara.
» Nous sommes venus informer le peuple camerounais et en même temps lui demander de nous soutenir dans la dure épreuve que nous traversons, parce que la Côte d’Ivoire est un pays africain et tout ce qui se concerne l’Afrique doit trouver des solutions africaines « , a déclaré à Xinhua Pierre Dagbo Godé, professeur de sciences politiques à l’Université de Cocody à Abidjan.
Au Cameroun, la crise ivoirienne née après le second tour de la présidentielle le 28 novembre tient en haleine avec des sympathies exprimées pour certains en faveur de Laurent Gbagbo et pour d’autres Alassane Ouattara. Les passions sont telles que des représentants de la société civile ont organisé jeudi soir à Yaoundé une » conférence de soutien à Laurent Gbagbo « .
Initialement prévue dans un immeuble du centre-ville de la capitale camerounaise appartenant à une congrégation religieuse, la Maison Don Bosco, la manifestation a finalement été organisée dans un café suite à l’interdiction des autorités au motif d' » ingérence dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire « , de l’avis du sous-préfet de Yaoundé V, Appolinaire Dama Mvondo.
Officiellement, le pouvoir du président Paul Biya n’a pas encore indiqué sa position au sujet de cette crise. Aucun message, comme cela est de coutume, n’a été adressé ni à Laurent Gbagbo, présent à Yaoundé en mai lors du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun aux côtés d’autres chefs d’Etat africains, ni à Alassane Ouattara, reconnu président élu par l’Onu et des puissances mondiales.
» La Côte d’Ivoire nous interpelle parce qu’il y a l’effet de contagion. Ce qui arrive en Côte d’Ivoire peut nous arriver. Les esquisses de solution venant de l’intérieur de la Côte d’Ivoire sont catégoriquement balayées. Les institutions que la Côte d’Ivoire se sont données sont devenues inopérantes « , a lancé Raymond Ebalé, historien enseignant à l’Université de Yaoundé II, lors de la conférence à laquelle a pris part le Pr. Dagbo Godé, dépêché au Cameroun avec un collègue juriste.
Assimilant le combat de la Côte d’Ivoire à la lutte des peuples africains dans leur liberté, Eno Meyomesse, lui aussi historien, a dénoncé » une conspiration de l’Occident contre Gbagbo « . » Le même Occident hier nous a colonisés. Il a fallu que nous luttions durement pour pouvoir obtenir la reconnaissance de notre dignité en tant qu’humain « , a-t-il dit.
Pour cet » intellectuel engagé « , les événements en Côte d’Ivoire ont évolué de sorte que » les résultats électoraux sont devenus secondaires « . Economiste, Bernard Ouandié s’est appesanti sur les convoitises des richesses de la Côte d’Ivoire, au rang desquelles le cacao dont elle est le premier producteur mondial avec une production estimée à quelque 1,2 million de tonnes par an.