Abidjan, 17 sept (AIP) – Des enseignants-chercheurs de l’Unité de formation et de recherche (UFR) Langues, littératures et civilisations organisent de mercredi à vendredi, à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, un colloque international en hommage à l’écrivain ivoirien, Ahmadou Kourouma.
Archives pour 17 septembre 2013
Koné Katinan recadre sévèrement Mamadou Koulibaly
Le jeudi 12 septembre 2013, le professeur Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, ancien troisième Vice-président du Front populaire ivoirien (FPI), et actuel président-fondateur du parti politique Lider, était l’invité de la chaine de télévision camerounaise STV2, dans une émission intitulée, « Entretien avec »
Au cours de cet entretien, le professeur Mamadou Koulibaly a tenu les propos suivants :
« J’ai fait lire ma déclaration de reconnaissance de Monsieur Ouattara comme président de la République par un Conseiller spécial du président Laurent Gbagbo, Kadet Bertin et par Koné Katinan à Accra et par Miaka Ouretto à Abidjan ».
Pour ma part, je juge très graves et tendancieux ces propos, parce qu’ils sont de nature à jeter un discrédit sur le sérieux avec lequel, j’entends mener la mission que le président Laurent Gbagbo m’a fait l’insigne honneur de me confier. C’est pourquoi, usant de mon droit de réponse, j’adresse en guise de démenti, à la chaine de télévision qui a diffusé les propos du professeur Mamadou Koulibaly, la présente qui s’organise autour d’une relation rigoureuse des faits (I), suivie de quelques commentaires (II).
I/ Relation des faits
Lorsque le 11 avril 2011, l’armée française arrête illégalement le président Laurent Gbagbo, pour parachever le coup d’Etat entamé depuis le 19 septembre 2002, deux solutions s’offraient à moi. Me mettre sous la protection de l’Onuci, ou aller en exil pour sauver ma vie et celle de ma famille. C’est finalement cette dernière option que j’ai prise en raison du rôle inadmissible qu’a joué l’Onu dans le coup d’Etat perpétré contre le président Laurent Gbagbo, et les tueries qui l’ont aussi bien précédé que suivi. Cette option me donne en outre, l’opportunité de continuer la lutte politique pour le retour de l’ordre constitutionnel en Côte d’Ivoire.
Lorsque le 13 Avril 2011, je traverse la frontière ghanéenne, je ne suis animé que d’une seule volonté. Rencontrer immédiatement le professeur Mamadou, encore président de l’Assemblée nationale qui vit pratiquement dans ce pays. Il est constitutionnellement investi pour tirer profit de la vacance forcée du pouvoir générée par le coup de force opéré contre le président de la République. Pour moi, il constitue le seul acteur sur lequel nous pouvions légitimement bâtir une action légale pour revendiquer le retour de l’ordre constitutionnel en Côte d’Ivoire, provisoirement avec lui, afin de préparer le retour immédiat du président de la République illégalement enlevé.
J’en ai même la ferme conviction malgré le fait que dès l’arrestation du président Laurent Gbagbo, le professeur Mamadou Koulibaly, en sa qualité de président de l’Assemblée nationale, se fût précipitamment rendu à l’Hôtel du Golf, pour rencontrer Monsieur Ouattara. C’est donc en toute hâte, le lendemain de mon arrivée à Accra, que je cherche à rejoindre le professeur Mamadou Koulibaly au téléphone, pour lui signifier mon arrivée et également lui exprimer toute ma volonté de me mettre à sa disposition pour la suite du combat, tel que je l’imaginais.
Le lendemain 14 avril, j’appelle le Professeur sur son numéro GSM. Le téléphone est décroché par le docteur Brissy Claude également député à l’Assemblée nationale, qui m’informe que le président Mamadou Koulibaly n’est pas disponible, mais qu’il me rappellerait dès que possible. Une semaine après, impatient d’attendre le coup de fil du président Mamadou Koulibaly, et compte tenu des rumeurs persistantes qui faisaient état de la volonté manifestée par le professeur Yao Ndré, président du Conseil constitutionnel, de recevoir le serment de Monsieur Ouattara comme président de la République de Côte d’Ivoire, je rappelle le président Koulibaly. J’ai la chance de l’avoir finalement, ce jour-là. J’en suis à la fois heureux et très enthousiaste. Après les civilités d’usage, je lui pose frontalement la question :
« Président, qu’est-ce qu’on fait devant l’imposture en Côte d’Ivoire ?».
Voici ce que me répond le président Mamadou Koulibaly :
« Il n’y a rien à faire, Gbagbo est fini, le Fpi est mort, il n’y a plus de Fpi, Ouattara nous a laminés. Les Ivoiriens n’ont pas dit que jamais un Burkinabé ne les gouvernerait, et bien Ouattara va les gouverner. Il est plus fort que nous. Il ne nous reste plus qu’à aller lui faire allégeance. C’est la seule chose qui nous reste. Sinon il va nous écraser définitivement. »
A cette réponse du président Koulibaly, mes bras m’en tombent. Je m’effondre quasiment. Mais je reprends mes esprits et je reviens à la charge en ces termes :
« Mais président tu ne peux pas faire ça. Dieu a voulu que dans la hiérarchie à la fois de l’Etat et du parti, tu sois celui qui aies échappé aux arrestations, il faut réorganiser immédiatement ce qui reste du parti et de La Majorité Présidentielle, pour poursuivre le combat jusqu’au retour du président Laurent Gbagbo. Mon problème n’est pas la nationalité de celui qui va gouverner les Ivoiriens.
Qu’il soit un extra-terrestre ou un des dieux de la mythologie grecque, cela est moins grave que le viol de la Constitution et la méprise du vote des Ivoiriens opérés par les promoteurs et les artisans du coup d’Etat perpétré contre le président Laurent Gbagbo, et de sa conséquence sur la cohésion nationale. N’oublie surtout pas que dans la conscience populaire, le président Laurent Gbagbo a été évincé du pouvoir par une coalition des gens du Nord de la Côte d’Ivoire. La position que tu avances pourrait bien renforcer cette opinion. Ne fais pas ça, sinon, ce sera très mal vu ».
Le professeur Mamadou Koulibaly me rétorqua :
« La seule chose qui nous reste c’est d’aider Ouattara à entrer dans la légalité, afin que nous-mêmes, nous puissions exercer librement notre rôle d’opposition. ».
Je lui réponds :
« Mais président, quelle garantie Ouattara te donne-t-il quant à la libération du président Laurent Gbagbo et au respect du jeu démocratique ? A mon avis, nous devons nous battre pour imposer le respect de la Constitution de notre pays. Elle est notre meilleure arme. »
Ce à quoi le président Mamadou me répond :
« Je n’ai aucune garantie, et d’ailleurs, nous ne sommes pas en situation de d’exiger quoi que ce soit. Nous sommes laminés. Parler maintenant de la libération de Gbagbo est une question qui fâche, il faut laisser ces questions au temps. Je vais aux USA dès le lundi prochain (lundi 18 avril) , à mon retour on se verra ».
Notre conversation a duré ce jour-là au moins 45 minutes. Mon insistance n’a pas infléchi la position du président Mamadou Koulibaly. Cette nuit a été l’une des plus difficiles de ma vie. Je suis sorti totalement démobilisé par le discours de celui qui constituait pour moi, le dernier recours. Ma peine sera d’autant plus grande que juste quelques jours après, le président Affi Nguessan sera arrêté. Je ne recevrai plus de nouvelles du président Mamadou Koulibaly, jusqu’à ce qu’une réunion soit convoquée par lui, deux semaines après, à laquelle je suis convié. La réunion qui se tient dans une salle non loin de la nouvelle présidence de la République du Ghana enregistre la présence des personnes suivantes.
– Madame Akissi Dodo
MM.
– Mamadou Koulibaly,
– Brissy Claude
– Assoa Adou
– Kadet Bertin
– Djédjé Benjamin
– Hubert Oulaye
– Koné Katinan Justin
– Secré Richard
– Koffi Aka
A cette réunion, le président Mamadou Koulibaly réaffirme sa position qui consiste à reconnaître Monsieur Ouattara comme président de la République, avec pour souci selon ses propres dires, de le faire rentrer dans la légalité. Ce jour-là encore, j’ai réaffirmé de façon claire et nette, mon opposition à cette démarche. J’ai dit que je trouvais une telle démarche de notre parti indécente au moment où le président Laurent Gbagbo et les principaux dirigeants du Fpi étaient en prison. J’ai même, demandé que Mamadou Koulibaly nous explique, qu’est-ce que le président Affi avait dit de mauvais dans sa conférence de presse, qui du reste a été empêchée, pour qu’il fût arrêté et jeté en prison ?
L’opinion majoritaire qui s’était dégagée de cette réunion s’opposait à l’entreprise de Mamadou Koulibaly. Malgré cela, il s’est rendu en Côte d’Ivoire, il y a rencontré certains des responsables de l’Etat et du parti aussi bien détenus à la Pergola que dans les instances du parti, pour affirmer que nous avons convenu avec lui de ce qu’il devait faire. Il a présenté la liste de présence que certaines personnes présentes à la réunion avaient refusé de signer, comme pièce à conviction de notre agrément à sa démarche. La relation des fait ci-dessus faite, ramenée aux propos de Mamadou Koulibaly appelle de ma part les commentaires suivants :
II/ Commentaires
Depuis mon arrivée à Accra, je n’ai eu contact avec le président Koulibaly qu’à deux reprises seulement. Une fois au téléphone et une seconde fois à la réunion publique que je viens de relater ci-avant. J’ai mentionné le nom de tous les participants à cette réunion pour les prendre publiquement à témoin de mes propos. En dehors de ces deux occasions, je n’ai plus jamais eu de contact avec lui. Donc quand le président Mamadou Koulibaly affirme m’avoir lu sa déclaration de reconnaissance de Ouattara comme président de la République, il dit une contrevérité pour ne pas dire, par respect pour lui, autre chose.
Il est constant qu’au moment où je m’oppose à sa démarche, je ne suis pas encore nommé par le président Laurent Gbagbo comme son porte-parole. Nous sommes en avril et ma nomination en tant que porte-parole intervient seulement le 26 mai 2011. La position que je prends ce jour-là est l’expression de mon refus quasi-obsessionnelle de l’injustice faite au président Laurent Gbagbo et au peuple ivoirien. Ce n’est donc pas une position circonstanciée qu’aurait spontanément générée ma mission de porte-parole.
En effet, je ne me suis jamais départi de l’idée, qu’il est indécent pour chacun de nous (ses collaborateurs) de vouloir profiter de l’absence du président Laurent Gbagbo dans les conditions que l’on sait, pour élaborer des stratégies de conquête du pouvoir. Au contraire, une telle approche nous écarte de la victoire finale. Hier comme aujourd’hui, je reste solidement établi dans mes convictions que seul, le combat pour la libération immédiate du président Laurent Gbagbo nous conduira dans un bref délai à la victoire finale. La mémoire des nombreuses victimes civiles et militaires, notamment ces nombreux jeunes, que l’Histoire écrite par les vainqueurs de la guerre livrée à notre peuple, tente de faire passer en pertes et profits, nous impose cette démarche. Le peuple ivoirien nous le réclame.
Tous ceux qui, en Afrique comme partout ailleurs, nous assistent dans ce combat, nous observent. Mon opposition à l’approche préconisée par Mamadou Koulibaly ne procédait d’aucune motivation personnelle. Loin s’en faut. C’est d’ailleurs par respect envers sa personne que je n’avais jamais rendu public les échanges que j’avais eus avec lui. Il l’en aurait été ainsi, aussi longtemps, que le président Koulibaly n’avait pas tenté, dans son entretien télévisé, de m’associer à une aventure que j’ai combattue et que je continue de combattre. Qu’il assume seul les conséquences de son aventure et qu’il m’en tienne très éloigné. S’il avait écouté mes supplications, il aurait connu meilleure fortune au sein du Fpi.
En tout état de cause, le président Sangaré Abou Drahamane a rappelé il y a peu, que le Fpi n’a jamais chassé personne. Notre parti reste ouvert à tous ceux qui, ayant emprunté un chemin sans destination, expriment le désir sincère d’y revenir. C’est une sagesse que je conseille à mon aîné. Assumer ses choix, garder fermes ses convictions, sont les caractéristiques vertueuses de qui veut bâtir solide. Que nos oui soient oui et nos non soient non, au risque de devenir très vite, victimes de nos propres contradictions. Non je n’ai jamais ni entendu, ni vu la déclaration écrite par le président Mamadou Koulibaly pour reconnaître la qualité de président de la République à l’actuel chef de l’Etat ivoirien. Mon centre d’intérêt s’en trouve encore très loin actuellement.
Je prie la chaine de télévision STV2 de rendre publique ce présent démenti.
Le Ministre Justin KONE Katinan
Porte-parole du Président Laurent Gbagbo
Laurent Fabius humilié par Sergueï Lavrov et Eric Zemmour (Alain Jules)
De Beijing à Moscou, c’est la bérézina pour Laurent Fabius. Alors qu’il criait devant Lavrov sans preuve, que le « régime de Damas » est responsable de l’attaque chimique du 21 août 2013 près de Damas dans la Ghouta, son homologue russe lui a rétorqué : « Nous avons les raisons les plus sérieuses de penser que c’était une provocation des rebelles ». Donc, à l’issue de cette rencontre moscovite, Laurent Fabius est de plus en plus nu et sait que la fameuse résolution contraignante voulue par la France n’aboutira pas.
Le ton de cette entrevue avait été déjà donné par les Russes, dès la rencontre tripartite de Paris en des termes très justes et nets: « Le Kremlin regrette un manque de compréhension », a déclaré le ministre russe Sergeï Lavrov. Et pourtant, Fabius a cru qu’il pouvait infléchir la position russe.
Échec et mat !
Murielle Ahouré élevée au grade d’Officier de l’ordre national ivoirien
Abidjan, 17 sept (AIP) – La vice-championne du monde des 100 et 200 mètres dame d’athlétisme, Murielle Ahouré, a été élevée, mardi à Abidjan, au grade d’Officier de l’Ordre national ivoirien par la Grande Chancelière, le Pr Henriette Dagri Diabaté.
Côte d’Ivoire : des jeunes manifestent ‘’bruyamment’’ devant le siège du Pdci
Abidjan- Des jeunes se réclamant de la section universitaire du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci, ex-parti unique) ont bruyamment manifesté mardi devant le siège de leur parti pour réclamer leur ‘’place’’ au 12ème congrès ordinaire.
‘’ Nous réclamons la place de la jeunesse au prochain congrès du parti parce que nous estimons que la jeunesse doit jouer une part active au cours de ce congrès’’ a déclaré à APA, Béda Kouassi, le porte parole des manifestants.
‘’Nous n’avons pas été pris en compte depuis que le Pdci collabore avec le pouvoir’’, a ajouté M. Kouassi, fortement ovationné par ses camarades qui brandissaient des pancartes véhiculant des messages hostiles aux dirigeants actuels du parti fondé par Félix Houphouët-Boigny, premier Président de la Côte d’Ivoire indépendante.
‘’Renouveau, rajeunissement et redynamisation égale à jeunesse’’ ; ‘’quelle est la place de la jeunesse au Pdci ?’’, pouvait-on lire sur ces pancartes. Après des échauffourées avec d’autres jeunes, Béda Kouassi et ses camarades ont été reçus par Romain Porquet, le Directeur de protocole du Président sortant du Pdci, Aimé Henri Konan Bédié. Des forces de l’ordre ont été déployées autour du siège du Pdci, situé dans le quartier chic de Cocody où résident les Ambassadeurs.
‘’Notre souhait, c’est d’être reçus par les instances du parti’’, a-t-il dit après cette rencontre avec M. Porquet en rappelant que ‘’nos courriers sont restés jusque-là sans suite’’. Une réunion du bureau politique du parti doyen de Côte d’Ivoire est annoncée pour le jeudi prochain.
Le Pdci-Rda renouvellera ses instances dirigeantes à l’issue de son 12ème congrès ordinaire prévu du 3 au 5 octobre prochain autour du thème ‘’le Pdci face aux défis nouveaux : renouveau, rajeunissement et redynamisation’’.
Ce congrès divise depuis quelques semaines les membres de la haute direction. Kouassi Yao, Bertin Kouadio Konan dit KKB et Alphonse Djédjé Mady, se sont déclarés candidat à la présidence de ce parti face à l’ancien Chef de l’Etat, Aimé Henri Konan Bédié. Ils ont crée l’Alliance pour le Renouveau Démocratique du Pdci (Ard-Pdci).
LS/APA –
PDCI: Charles Konan Banny sort de sa réserve et envoie un message fort à Bédié
En octobre prochain, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, ma famille politique va tenir son premier congrès ordinaire depuis avril 2002. Enfin… Il était tant. Ce long temps de respiration n’est certainement pas le meilleur signe de maturité démocratique. Comme une majorité de militants, je suis resté silencieux, même si légitiment inquiet. Peut-être bien trop silencieux. Pour quelques-uns, la fonction de Président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation m’obligerait à ce silence et même m’enfermerait dans le mutisme. D’autres estiment que cette fonction fait de moi un citoyen privé de certains droits sauf à renoncer à la fonction qui est la mienne.
Il va sans dire que sur les questions qui relèvent du mandat de cette institution de promotion de la paix, de la cohésion sociale et d’éveil de la conscience nationale et de la paix, j’observe une réserve liée au caractère même de la mission et au statut d’autorité morale. Je reste cependant un citoyen à part entière, un citoyen libre, un citoyen d’engagement. Un citoyen préoccupé par la destinée de mon parti, par le destin de mon pays. J’ai atteint un âge où la parole publique se doit d’être sage et pondérée, courageuse aussi. Un âge où l’on comprend le sens de l’absolue nécessité de respecter la parole donnée. Un âge où il est plus qu’utile d’écouter l’autre, en particulier les plus jeunes dont nos décisions engagent l’avenir. Il y a un âge pour tout. C’est pourquoi, je n’hésite pas à faire connaître mon opinion, quand le temps se fait menaçant. Parce que la Côte d’Ivoire n’était pas à l’abri d’un orage, j’ai lancé il y a près d’un an un appel à une Initiative pour la relance du dialogue national. Il y a quelques mois, alors que se formait au-dessus de nos territoires le nuage de la pensée unique, j’ai livré mon sentiment dans une tribune (Pour une démocratie locale inclusive et participative au service de la réconciliation). Mieux il y a quelques années, en novembre 2007 précisément, j’ai proposé l’Union sacrée pour éviter à notre nation, la tragédie qu’elle a connue après la présidentielle de novembre 2010. Tragédie dont les signes avant-coureurs étaient déjà perceptibles à cette époque. On peut se souvenir que j’avais confié la mise en œuvre de cette initiative aux Présidents Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Aujourd’hui, s’agissant de mon parti le PDCI-RDA, les militants pourraient se voir confisquer la parole. C’est du moins ce que ressentent beaucoup d’entre eux. Il est donc de mon devoir, de notre devoir commun, d’agir dans ce tumulte pour défendre l’essentiel, la libre circulation de la parole, la parole responsable, la parole qui rassemble.
Témoin aux premières loges, aux premières heures de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, de l’odyssée de ses fondateurs, je suis né à la conscience politique dans les années de braises. Dans l’effervescence de cette époque florissante, tout faisait débat. Les sujets de fortes contradictions ne manquaient pourtant pas. Ma génération en a gardé la mémoire vive d’une pensée dialectique. Elle s’est trouvée investie d’en relayer le témoin. C’est sans doute pourquoi certains d’entre nous ont encouragé le Père de la Nation moderne à accepter d’accompagner les vents que nous espérions du pluralisme politique, à l’orée des années 1990. Ceux qui sont entrés sur la scène démocratique à ce moment-là n’en ont pas toujours perçu les pièges confondant libre opinion avec licence. Il est toutefois toujours désastreux de vouloir « jeter le bébé avec l’eau du bain ». La parole ne peut plus être muselée. A l’heure de l’explosion des nouvelles techniques de l’information et de la communication, on ne peut pas se réclamer de la philosophie politique d’Houphouët-Boigny qui repose sur le dialogue et la recherche obstinée d’une paix juste, si on considère la violence comme un recours possible pour imposer ses vues.
Le PDCI-RDA ne doit pas devenir un parti qui recourt à la violence sous toutes ses formes. Le PDCI doit opérer la rupture avec ce mode d’expression d’un autre âge.
La Côte d’Ivoire a trop souffert d’autisme pour que la formation politique qui a incarné quatre décennies durant, sa volonté de rassemblement populaire, s’autorise à faire à son tour l’autruche. Le congrès d’une formation politique moderne et mature de la trempe du PDCI-RDA doit aller au-delà du juridisme, d’interminables palabres sur les accessoires bureaucratiques. Cependant, si nous ne respections pas nos textes à un moment où le pays légifère sur des questions essentielles touchant à la propriété de nos terres et à la définition de notre identité, quelle voix crédible pourrons-nous porter ? Le PDCI doit à son histoire et à l’avenir de la Côte d’Ivoire de lui être utile. Nous nous devons, pour ce faire, d’articuler sous notre bannière, un projet ambitieux pour reconstruire notre société et renouer avec le rêve de prospérité laissé en chemin.
Au lieu de quoi, nous donnons la préoccupante impression à bon nombre de nos militants et partant de nos compatriotes, de nous enfermer dans le renoncement et de ne plus assumer notre volonté de conquête. Au point où, en observant ce qui nous tient lieu de stratégie, on pourrait se poser à notre sujet la question qu’un historien osait à propos du Parti Communiste français à l’accession de la gauche mitterrandienne aux affaires : « Le PDCI veut-il encore conquérir le pouvoir ? ». La quête de l’exercice des responsabilités d’Etat qui est un moyen de protection de nos concitoyens et de nos militants ne doit pas constituer une gêne pour un parti de gouvernement, fut-il attelé par une alliance consentie en des circonstances historiques donc exceptionnelles. Nous sommes, après l’ANC, le plus vieux parti d’Afrique. Nous avons un devoir d’exemplarité. Ce n’est pas une affaire de tête d’affiche. Il ne s’agit pas non plus d’intérêt personnel mais du bénéfice que la Côte d’Ivoire est en droit d’attendre de notre engagement à son service.
Le congrès qui vient constitue une nouvelle occasion d’aller à l’essentiel. C’est-à-dire d’assumer pleinement notre rôle de parti souche, de parti creuset, de parti de construction ; de faire notre aggiormamento. D’opérer en fin une mue régénératrice de nos idées en reposant sur le socle de valeurs que constituent la paix, la tolérance, le respect de la dignité de tous. C’est ce que les militants attendent du PDCI-RDA, les ivoiriens aussi. Nous devons préserver les dividendes de paix de l’houphouëtisme. C’est la résilience de l’héritage que nous a laissé le Père fondateur Félix Houphouët-Boigny. De même le dialogue doit être privilégié, ce n’est en rien une faiblesse ; il constitue au contraire un précieux capital pour bâtir une véritable société de confiance. Le dialogue sera toujours l’arme des forts. N’ayons donc pas peur d’y recourir. N’ayons pas peur du débat.
Charles Konan BANNY
Ancien Premier ministre
Membre du Bureau politique du PDCI-RDA