DAKAR – Le Forum social mondial (FSM), vaste rassemblement d’altermondialistes qui se tient cette année sur fond de contestations populaires dans le monde arabe, s’est ouvert dimanche par une marche de plusieurs dizaines de milliers de personnes dans la capitale sénégalaise.
Le nombre de marcheurs a été évalué par des journalistes à environ 10.000 au début du défilé. Des organisateurs ont ensuite affirmé qu' »au moins 60.000″ personnes de tous les continents avaient défilé jusqu’à l’université. Sur une scène installée dos à la mer, la parole a longuement été donnée au président bolivien Evo Morales, qui s’en est pris au « néolibéralisme » et au « néocolonialisme », « ennemis des peuples », en soulignant notamment que « les services de base, téléphone, eau, lumière, ne devaient jamais être privatisés ».
« Le capitalisme agonise dans le monde face à la rébellion des peuples. Il « souffre d’une crise financière, d’une crise énergétique et nous apporte une crise alimentaire. Et ce sont les pauvres (…) qui doivent payer cette crise du capitalisme », a soutenu l’ancien syndicaliste bolivien. Evo Morales a par ailleurs affirmé que « les peuples des pays arabes » étaient actuellement en train de « se rebeller contre l’impérialisme nord-américain ».
Dans l’assistance, des membres d’ONG déploraient cependant qu’une si grande place soit faite au discours d’un chef d’Etat, alors que l’altermondialisme se veut apolitique. Le FSM, qui se tient chaque année juste après le Forum économique mondial de Davos, se présente comme le contrepoint à cette réunion du gotha politique et économique mondial dans une station de ski huppée des Alpes suisses.
A Dakar, les participants doivent débattre jusqu’à vendredi des moyens de mettre fin à l’opacité financière, « l’accaparement des terres » ou encore « le pillage des minerais ». Mais la contestation en Tunisie, où les manifestations de rue ont contraint le président Zine El Abidine Ben Ali à la fuite le 14 janvier, ainsi qu’en Egypte ont alimenté les conversations des marcheurs à Dakar.