En raison de sa grande taille, Abdou Diouf (1,99 m) est appelé « la girafe » par certains confrères journalistes. Il devrait l’être également par la hauteur de vue dans la situation ubuesque de la République démocratique du Congo. Ce qui n’est pas le cas ! Foulant aux pieds, les principes cardinaux de la Francophonie, Abdou Diouf qui est le successeur de Boutros-Boutros Ghali, depuis octobre 2002, a imposé, le XIVè Sommet de Francophonie qui doit se tenir du 12 au 14 octobre à Kinshasa, aux pays membres. Cet homme respectable et respecté: Il devient haut fonctionnaire à 25 ans,
Abdou Diouf, Secrétaire Générale de la Francophonie. Photo Réveil FM, archivesse frayant rapidement un chemin dans les hautes sphères du pouvoir. Directeur de cabinet du président Léopold Sédar Senghor en 1963, secrétaire général de la présidence en 64, ministre du Plan de l’industrie de 68 à 70, il est choisi comme premier ministre en février 1970. Suite à la démission de Senghor en janvier 1981, il assume les fonctions de président de la République en attendant de nouvelles élections deux ans plus tard : très apprécié du peuple sénégalais, il arrive en tête des suffrages, puis se voit réélu en 1988, malgré la crise économique et politique, ainsi qu’en 1993. Battu au second tour le 17 mars 2000, il cède sa place au libéral Abdoulaye Wade, après 19 ans de « règne », est en porte-à faux avec des Congolais qui estiment à juste titre, qu’Abdou Diouf veut légitimer le pouvoir usurpateur de Joseph Kabila, malgré les fraudes massives lors de l’élection présidentielle du 28 novembre dernier.
La Francophonie des Copains-Coquins, au risque de devenir cacophonie qui foule aux pieds ses propres principes fondamentaux, est réfutée par des Congolais. Datée du 3 septembre, le Front Civil de Résistance Populaire a adressé une lettre ouverte, à Abdou Diouf, Secrétaire Général de la Francophone dont voici la teneur:
Front Civil de Résistance Populaire FCRP- République Démocratique du Congo
Directoire national
Réf.: N°:002/FC-RP/DirNat/012
A son excellence monsieur Abdou Diouf,
Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie
19, Av. Bosquet
75007 Paris/ France
Transmis Copie pour information :
– Chefs d’Etat et de gouvernement des pays francophones
– Assemblée parlementaire de la Francophonie – Association internationale des maires francophones
– Institutions internationales (Toutes)
Objet : XIVe Sommet de la Francophonie du 12 au 14 octobre à Kinshasa, en RDC
Excellence Monsieur le Secrétaire Général de l’OIF,
Nous, Directoire national du Front Civil de Résistance Populaire, en sigle FC-RP, transmettons à vous et à tous les Dirigeants des pays ayant en partage la langue française, qui nous lisent en copie, l’expression de nos civilités.
Le Front Civil de Résistance Populaire est une organisation qui rassemble le peuple congolais qui, en situation de légitime défense, cherche à mettre un terme à l’anarchie qui a élu domicile au sommet de l’Etat.
Pour votre gouverne, la République Démocratique du Congo est dans une situation de crise profonde. Depuis plus d’une décennie, le peuple congolais vit sous le joug d’une dictature atroce. Les crimes sont légion comme l’atteste le rapport Mapping des Nations unies. L’impunité des auteurs des crimes est totale. La corruption structurelle règne en maîtresse. Toutes les institutions sont prises en otage pour servir les intérêts d’un homme et d’un système mafieux. Tous les trois pouvoirs ont été confisqués par Monsieur Joseph Kabila et ses hommes.
Vous n’ignorez pas que la République Démocratique du Congo a organisé des fraudes électorales le 28 novembre 2011 qui ont été attestées par les observateurs de la communauté internationale. En guise de sanction, les chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier (sauf un seul à savoir Robert Mugabe) ont unanimement refusé d’assister à la prestation de serment organisée par le pouvoir usurpateur. Il est admis qu’il n’y a pas de démocratie en République Démocratique du Congo car le pouvoir de Monsieur Joseph Kabila brille par la violation des droits de l’homme, l’assassinat des journalistes qui usent de leur droit d’expression, des opposants et des civiles qui s’opposent à la tyrannie. Les manifestions publiques sont interdites sinon réprimées. Les femmes violées n’ont jamais eu gain de cause auprès du pouvoir qui n’a jamais mis en place des mesures conduisant à arrêter et à punir les coupables (voir le rapport Mapping et différents rapports des Experts des Nations Unies). Les rébellions pullulent et le pouvoir de Monsieur Joseph Kabila a toujours refusé d’arrêter les principaux acteurs réclamés par la Cour Pénale Internationale (CPI). Le dernier dossier en date concerne Monsieur Bosco Ntaganda. Ces dossiers que nous évoquons sont connus de vous et du monde entier.
Monsieur le Secrétaire Général de l’OIF,
Comme toute Organisation qui se respecte, la charte de la Francophonie, adoptée en 1997 au Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement à Hanoi (Vietnam) et révisée par la Conférence ministérielle en 2005 à Antananarivo (Madagascar), fonctionne sur la base des principes cardinaux. Le non-respect de ces principes conduit généralement à l’annulation du Sommet. En guise de rappel : le Sommet de l’OIF qui devait se tenir à Kinshasa en 1991 était annulé et délocalisé à cause du déficit de démocratie et des violations des droits humains sous le régime tyrannique du maréchal Mobutu. Madagascar n’a pas accueilli le XVIIIe Sommet pour les mêmes raisons.
Ces principes cardinaux se résument par les trois points suivants :
• l’instauration et le développement de la démocratie,
• la prévention, la gestion et le règlement des conflits et le soutien à l’Etat de droit,
• le rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle.
Comme vous le savez et comme tous les Chefs d’Etat du monde le savent, la République démocratiques du Congo ne respecte aucun de ces principes. En ce sens, le XIVe Sommet de la Francophonie, qui sera organisée en RDC, est en totale contradiction avec la vocation de la Francophonie. Devons-nous penser que la convoitise des ressources naturelles et la perspective de quelques contrats économiques pour les entreprises françaises ou d’autres pays sont les seules raisons qui militent au maintien du Sommet à Kinshasa? Savez-vous, au demeurant, que la corruption active du pouvoir usurpateur de Kinshasa est l’atout majeur pour acheter et soumettre les consciences en faveur de la tenue du XIV ème sommet en RDC, à tout prix? Avez-vous pris la mesure de la gravité et les conséquences sur l’image de la francophonie par ce fait avéré que certaines personnalités sont déjà corrompues pour faire l’apologie du système dictatorial de Joseph Kabila en vue de justifier la tenue de cette absurdité dans notre pays?
Nous rappelons qu’il n’y a pas un développement de la démocratie en RDC. Il n’y a pas d’Etat de droit au Congo. Le pouvoir actuel de la RDC est une dictature atroce qui ne mérite aucune reconnaissance internationale. Toutes les institutions de la Nation sont prises en otage et soumises aux intérêts d’un homme, Joseph Kabila, et d’un système. La liberté d’expression est violemment réprimée. Il y a déjà eu plusieurs assassinats politiques des journalistes et des activistes des droits de l’homme (dont MM. Floribert Chebeya et Fidèle Bazana) et des civils (les adeptes de Bundu dia Kongo, Armand Tungulu), etc. Il y a eu également plusieurs emprisonnements des innocents (Kouthino Fernando, Marie-Thérèse N’Landu, Diomi Ndongala, etc.). Ces Congolais ont été assassinés ou arrêtés parce qu’ils ont osé pointer du doigt les crimes commis par le régime de M. Joseph Kabila. Tous ces cas portent ombrage à M. Joseph Kabila.
Nous rappelons que la prévention, la gestion et le règlement des conflits ainsi que le soutien à l’Etat de droit n’existent pas en RDC. Il y a eu plus de 8 millions de Congolais tués dans les conflits à l’Est du Congo et ces millions de Congolais sont délibérément privés d’une justice juste. Le silence de la communauté internationale dénote une complicité flagrante avec le régime tyrannique de Kinshasa. Cette complicité est renforcée par la nécessité d’organiser à tout prix le prochain Sommet de la Francophonie à Kinshasa. A votre avis, quelle signification devons-nous donner à votre mutisme, face à toutes ces questions?
Nous rappelons également qu’il n’y a pas de rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle car les pays francophones n’ont jamais manifesté leur solidarité avec le peuple congolais martyrisé. Il est de ce fait insensé voire absurde d’organiser cette Grande »fête francophone », à savoir le XIVe Sommet de la Francophonie à Kinshasa pendant qu’à l’Est des millions de nos compatriotes vivent dans la désolation et sous la menace quotidienne de la mort. Le peuple congolais aspire à vivre une paix durable, celle indissociable de la justice juste! A ce titre, que peut apporter, au peuple congolais, cette »fête » du 12 au 14 octobre 2012 à Kinshasa où vous allez côtoyer et serrer les mains des criminels, où vous allez manger et boire avec eux, où vous allez danser la rumba avec eux après des discours d’intention qui ne changeront rien à la vie quotidienne des congolais parce que, après ces 2 jours, la dictature et l’oppression contre le peuple congolais seront là?
Monsieur le Secrétaire Général de l’OIF,
A la lumière de ce qui précède, nous vous informons que le peuple congolais, dans son ensemble, boycottera cette Grande fête francophone car les conditions pour l’accueillir à Kinshasa ne sont pas remplies, si l’OIF ne se met pas à l’écoute du peuple congolais meurtri.
Le Front Civil de Résistance Populaire vous informe et informe les Chefs d’Etat et de Gouvernements qui nous lisent qu’au regard des méfaits décrits ci-dessus et dénoncés par les Congolais à l’encontre du gouvernement illégal et illégitime de M. Joseph Kabila, qu’ils feront échec à ce Sommet. S’entêter conduira à se dresser contre la volonté de tout un peuple et l’illustration du mépris à son égard! Cette mise en garde vaut un avertissement par lequel nous déclinons toute responsabilité parce que chacun ou chacune des 60 millions de congolais est susceptible d’agir légitimement et légalement selon sa conscience en RDC conformément aux articles 63 et 64 de la constitution!
Le peuple congolais est francophone et il désire le demeurer mais il attend en retour que toute Organisation et tout autre peuple respectent sa dignité. De peur de voir le XIVe Sommet de francophonie se transformer en Sommet de la cacophonie et de la peur, le Front Civil de Résistance Populaire vous invite à annuler sa tenue à Kinshasa et de le délocaliser dans un pays qui respecte les droits humains (la France, la Belgique ou le Canada ou autre) qui a la capacité de l’accueillir dans la sérénité et le respect de ses principes cardinaux.
Monsieur le Secrétaire Général de l’OIF,
En définitive, antérieurement à vos fonctions actuelles, l’histoire retiendra toujours que vous aviez présidé aux destinées du peuple sénégalais après Léopold Sédar Senghor. Tout au long de votre mandat à la tête du Sénégal vous fûtes le garant des valeurs démocratiques qui ont fait de ce pays le rare modèle de la démocratie dont nous sommes tous fiers en Afrique Sub-saharienne. Vous n’avez donc pas à justifier votre haute qualité d’Homme d’Etat avisé parce que nous gardons en mémoire votre acte politique majeur lorsque vous vous étiez incliné, avec élégance, devant la volonté de peuple Sénégalais en passant le flambeau à votre ancien adversaire politique Me Abdoulay Wade, sans heurts ni violence! Mais en RDC, Joseph Kabila se situe aux antipodes de votre conception du pouvoir politique parce que, depuis plus d’ une décennie, il confisque la totalité du pouvoir du peuple congolais.
En soutenant la tenue de la XIV ème conférence de l’ OIF en RDC, sous un régime de terreur et de la négation des droits humains, l’histoire et le peuple congolais retiendront de votre personne comme le pourvoyeur de prime à la dictature, au totalitarisme, à la corruption structurelle et à l’impunité institutionnalisée en RDC! C’est dommage! Mais, Il est encore temps de prendre en compte les aspirations du souverain primaire congolais.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Secrétaire Général de l’OIF, l’expression de notre haute considération.
Pour le Directoire national du Front Civil de Résistance Populaire (FCRP)
Paul Kahumbu Ntumba
Dr. Fweley Diangitukwa