(AFP) Les deux chambres parlementaires gabonaises réunies en Congrès extraordinaire ont adopté mercredi un projet de loi controversé sur la révision de la Constitution, a appris l’AFP de sources concordantes.
La révision constitutionnelle, adoptée à 197 voix pour, 14 contre et deux abstentions, selon une source à la présidence, doit encore être examinée par la Cour constitutionnelle.
L’Assemblée nationale et le Sénat, qui avaient tour à tour précédemment adopté le texte en y ajoutant des amendements, sont composés en quasi totalité du membres du parti du pouvoir (Parti démocratique gabonais, PDG).
Ni le contenu du texte, ni ses différents amendements par l’Assemblée, le Sénat ou le Congrès n’ont été rendus publics.
L’adoption au Congrès a entériné la version finale du texte, mais la nouvelle Constitution -la septième depuis la fin du monopartisme au Gabon en 1991- doit encore être examinée par la Cour constitutionnelle.
Ce projet de révision de la Constitution fait débat depuis octobre au Gabon, qui a connu une élection présidentielle mouvementée en août 2016 et se prépare à des législatives en 2018.
L’opposition bataille depuis plusieurs mois contre la révision constitutionnelle, qu’elle taxe de « monarchisation du pouvoir ».
« La révision constitutionnelle adoptée par un Parlement composé d’une Chambre intérimaire, l’Assemblée nationale, pour tenter d’asseoir le pouvoir d’un président de la République jamais élu, illustre mieux que tout la gravité de la crise politique dans laquelle le Gabon se trouve », a réagi à l’AFP mercredi Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole de l’opposant Jean Ping.
En novembre, le porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni Aila Oyouomi, avait réfuté le terme de « monarchisation », estimant que le texte comporte des « avancées » en matière de démocratie comme la volonté de mise en place d’un scrutin à deux tours pour les élections présidentielles.
Cette révision constitutionnelle met en application les actes du « dialogue politique » (mars-mai 2017) souhaité par l’exécutif pour tourner la page d’une présidentielle 2016 marquée par des violences post-électorales encore dans toutes les têtes.
Le scrutin a abouti à la réélection d’Ali Bongo Ondimba (fils du président Omar Bongo mort en 2009), au pouvoir depuis 2009, alors que l’opposition rattachée à Jean Ping considère toujours ce dernier comme « président élu ».
L’adoption de cette nouvelle Constitution s’inscrit dans la perspective des prochaines législatives: prévues initialement pour décembre 2016, le scrutin a été reporté deux fois et devrait avoir lieu finalement autour d’avril 2018, selon le gouvernement.