Gambie : c’est la Cour Suprême qui décidera
C’est une nouvelle étape dans l’affaire Yaya Jammeh en Gambie. Le président de ce petit état de l’Afrique de l’ouest a pris attache avec la Cour suprême et a introduit des recours légaux de la contestation des résultats.
Yaya Jammeh exigeait, vendredi soir, la tenue d’une nouvelle élection. Toutefois, hier, Adama Barrow rappelait au président sortant que de nouvelles élections ne pourront avoir lieu que si celles-ci passaient par la constitution. Le parti présidentiel, Alliance for Patriotic Reorientation and Construction (APRC), qui semble partager l’opinion de l’opposant indique dans son dernier communiqué qu’il entend donc déposer un recours devant la Cour Suprême.
On peut légalement déposer recours jusqu’au 12 décembre soit dix jours après la proclamation des résultats. Mais le lundi 12 est un jour férié en Gambie. Sûrement, dans l’intérêt de la nation, les juges de ladite institution se priveront de ce jour de vacances pour examiner les recours des candidats.
Selon Essa Bokar Sy ex-ambassadeur de la Gambie à Washington le président Jammeh aurait interdit l’accès de la télévision nationale GTS à son rival Barrow et aurait aussi coupé l’internet à toute son équipe de campagne, l’obligeant à stopper les déclarations internationales qu’il avait débutées, tout juste après l’annonce des résultats provisoires.
Le Sénégal n’a pas intérêt à faire la guerre à la Gambie
Tout juste après le revirement de la position du président Jammeh qui a décidé de ne plus reconnaitre la victoire de son rival Barrow, le Sénégal avait enjoint l’actuel président gambien à céder immédiatement le fauteuil à son rival.
Les Sénégalais tout comme les Gambiens avaient cru lire à travers ce communiqué de l’exécutif sénégalais une menace de guerre entre les deux états. Mais Ibrahima Sene du PIT affirme que le Sénégal n’a nullement intérêt à entamer une guerre avec son voisin. «Ni le peuple Gambien, encore moins celui Sénégalais, de Bissau et de la République de Guinée, à plus forte raison notre projet CEDEAO, n’a aucun intérêt quelconque, dans une guerre entre le Sénégal et la Gambie. Mais les « amis » et autres soutiens du MFDC, et les adversaires de la monnaie commune CEDEAO, trouvent bien leur compte dans une telle guerre fratricide, supposée menée pour rétablir l’ordre constitutionnel dans ce pays. Notre peuple et nos autorités devraient ensemble relever à la fois les deux terribles défis de sérénité et de lucidité que l’histoire a dressés devant nous. Toute l’Afrique retient son souffle ».
Dans le même ordre, l’ancien ministre d’État Habib Sy appelle le Président Macky Sall à la gestion commune de la situation gambienne, qui pour lui doit faire l’objet d’un consensus national. « Le Président Macky Sall devrait consulter les leaders des principaux partis de l’opposition ainsi que certains guides religieux. Un consensus national est nécessaire pour la gestion de la crise en Gambie », avance-t-il.
De son côté, le ministère de l’intérieur sénégalais a d’ailleurs démenti avoir lancé un ultimatum au président Jammeh et se dit disposé à aider à résoudre cette crise sans division entre les deux états-frères que sont la Gambie et le Sénégal.
Serge Daniel Atteby