Thabo Mbeki a entamé sa médiation à Abidjan. Dépêché par l’Union africaine, l’ex-chef d’Etat sud-africain s’est d’abord entretenu avec le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies dans le pays, Youn-Jin Choi, puis avec Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les anciens candidats à la présidentielle qui revendiquent la victoire. Mission certes difficile pour Thabo Mbeki, mais pas nécessairement impossible.
« Je suis à l’écoute ». C’est le credo de Thabo Mbeki qui a rencontré Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les deux principaux protagonistes de la crise ivoirienne ainsi que le chef de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire Youn-Jin Choi. A son agenda également, des rencontres avec le Conseil constitutionnel et la Commission électorale indépendante.
Thabo Mbeki est donc venu à Abidjan pour entendre les points de vue de « tout le monde », a-t-il dit. Des points de vue tellement opposés qu’ils réduisent sa marge de manœuvre à peau de chagrin. Mais le médiateur de l’Union africaine en a vu d’autres. Et, pour au moins trois raisons, son ambassade n’est pas vaine.
Premièrement, si la médiation de Thabo Mbeki triomphait, l’Union africaine ne manquerait sans doute pas de se féliciter d’un vrai succès diplomatique à inscrire à son actif.
En second lieu, les marges de manœuvre de Laurent Gbagbo comme d’Alassane Ouattara sont étroites, ce qui donne une chance à une solution négociée.
Et Enfin, une source proche des Nations unies confessait en mi-journée à RFI que « l’essentiel pour la communauté internationale est la préservation de la paix ».
Et cette source s’interrogeait : si Thabo Mbeki réussissait à trouver une solution acceptée par les parties ivoiriennes, « qui sommes nous, nous les Nations unies, pour nous y opposer ? »
Malgré la présence du médiateur, le blocage semble persister
Les deux présidents revendiquent toujours la même victoire. Et Alassane Ouattara affirme qu’il a reçu Thabo Mbeki « en tant que président de la République de Côte d’Ivoire » pour qu’il demande le départ de Laurent Gbagbo.
Laurent Gbagbo n’a toujours pas nommé son propre Premier ministre. Mais ce dimanche soir 5 décembre Guillaume Soro, Premier ministre d’Alassane Ouattara, a annoncé la formation de son nouveau gouvernement.
A la demande de Ouattara, Soro forme son gouvernement
Le premier gouvernement au service d’Alassane Ouattara est un gouvernement restreint. Treize ministres dont deux ministres d’Etat. On savait depuis samedi que Guillaume Soro en était le Premier ministre. Le patron des Forces nouvelles dispose d’un autre portefeuille de poids : celui de la Défense.
Parmi les figures marquantes de ce gouvernement, il y a deux des directeurs de campagne d’Alassane Ouattara pour le second tour. Il s’agit de maître Jeannot Ahoussou Kouadio, issu des rangs du PDCI, et qui occupe le poste de ministre de la Justice avec le rang de ministre d’Etat. Amadou Gon Coulibaly, l’un des pontes du RDR, a lui aussi un rang de ministre d’Etat et il occupe désormais les fonctions de secrétaire général de la présidence.
L’Economie et les Finances comme les Affaires étrangères sont désormais à la charge de deux ministres du précédent gouvernement, il s’agit de Charles Diby Koffi et de Gervais Kacou. L’Intérieur et les Infrastructures sont aux mains de deux jeunes loups du RHDP, puisque les titulaires de ces portefeuilles sont respectivement Hamed Bakayoko et Patrick Achi. Patrick Achi qui occupe également le poste de porte-parole du gouvernement. Enfin, pour que la RHDP soit bien représentée dans son ensemble, Albert Toikeusse Mabri s’est vu attribué le Plan et le Développement.
Toute la question est maintenant de savoir de quel pouvoir dispose cet exécutif retranché dans un hôtel alors que Laurent Gbagbo est au palais présidentiel.