« Du contrat social » de Jean-Jacques Rousseau, on retient l’idée que la source de l’Etat vient de ce que les hommes, pris individuellement, sont incapables de gérer leurs différents rapports. De cette idée première est née une autre : Les Etats ne peuvent pas vivre en vase clos. A partir de ce moment, il a été question de rapports entre Etats et plus tard, d’organisations internationales dont la plus grande constitue les Nations Unies.
Depuis lors, s’est introduite dans les relations internationales la notion d’ « ingérence humanitaire » qui se résume à ceci : Toutes les fois que les autorités d’un Etat souverain, commettent sur leurs territoires des exactions sur des populations, la « communauté internationale » dispose d’un devoir d’ingérence pour intervenir et y mettre fin. Cet interventionnisme au nom de « La Responsabilité de Protéger » paraît théoriquement tout à fait louable.
En pratique en revanche et ce depuis quelques années, cette notion d’ingérence humanitaire s’est élargie pour prendre en compte la gestion même des Etats. Notre monde étant devenu un village planétaire comme aime à le répéter les mondialistes, un mécanisme renforcé de prise en compte de toutes les grandes préoccupations des Etats a été mis en place au sein d’un cercle restreint : C’est le nouvel ordre mondial.
En pratique, il s’agit d’utiliser les organisations régionales, les grands ensembles tels le G8, le G20, l’Union Européenne, l’union Africaine et les Nations unies pour contrôler la marche du monde et ce, sous le prisme de la démocratie et des droits de l’homme à l’occidentale.
Ces structures devenant de facto des Etats supranationaux. Désormais, pour bénéficier de la bienveillance des parangons du droit de l’hommisme, et pour ne pas être étiqueté « Etat voyou » : tout état doit être complètement vassalisé à l’axe Euro Atlantique.
Ces organisations internationales ont notamment une obsession pour les processus électoraux, notamment ceux des pays africains. Curieusement, la lecture que les organisations font de ces élections n’est pas la même quand il s’agit d’un pays pro-occidental ou d’un pays refusant d’être un état client.
C’est ainsi que les bourrages d’urnes et les parodies d’élections ne gênent pas beaucoup quand il s’agit d’états vassalisés à l’Empire. Mais débouchent sur un tollé général lorsqu’il s’agit de pays n’étant pas dans l’orbite occidental.
Au point où l’on se demande si ces organisations régionales ou internationales auxquelles des Etats souverains ont librement consentis, ne deviennent pas, in fine, une menace pour leur existence ?
On pourrait aller loin en se posant la question de savoir si l’on ne s’achemine pas vers la fin du concept de « souveraineté des Etats » ou du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » ?
Pour ma part, il n’y a point de doute : Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la gouvernance mondiale sous le prisme occidental est une véritable menace pour la démocratie qu’elle dit vouloir promouvoir.
Le dernier exemple en date, le cas ivoirien, en est une parfaite illustration. Comment les Nations unies, sous Le couvert d’une « certification » des élections, peuvent-elles se substituer aux institutions de la République de Cote d’Ivoire ? Certifier des résultats provisoires annoncés par une commission administration ad hoc (la Commission électorale indépendante) et rejeter ceux définitifs proclamés par le juge du contentieux électoral (le Conseil constitutionnel), est-ce là respecter le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ?
La vérité, c’est que sous le prétexte de la gouvernance mondiale, les pays riches et puissants veulent continuer à mettre la main sur les richesses des pays pauvres et tenir les leviers du développement desdites nations. Cela passe évidemment par le financement des élections pour imposer un candidat prédéterminé. Cela passe aussi par le financement des rebellions pour mettre en difficulté un chef d’Etat peu coopératif. Cela passe enfin par le mécanisme de la Cour pénale internationale (ou des Tribunaux ad hoc) pour punir un dirigeant réfractaire à la domination étrangère. L’exemple de la Côte-d’Ivoire est un cas d’école, qui prouve bien qu’il n’y a qu’une voie pour les pays en développement : Aller en rang serré face aux puissances occidentales. Autant dire que ce qui se joue en Côte-d’Ivoire, c’est la phase finale du processus de décolonisation.
Cela débouchera-t-il sur le retour au droit d’existence des Etats en tant qu’entité souveraine dans les relations internationales ou plutôt sur la mise entre parenthèse, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ? La fin du feuilleton ivoirien nous fournira un début de réponse.
Par Femi B. Oyeniyi