Alors qu’Alassane Ouattara a engagé la bataille du cacao, en ordonnant la suspension des exportations de fèves et en menaçant les contrevenants de sanctions, voilà un éclairage intéressant sur la façon dont « la presse de Bolloré » couvre la crise pos-électorale en Côte d’Ivoire.
Acrimed, une association d’inspiration « bourdieusienne » qui passe au crible le fonctionnement des médias, a récemment publié sur son site une « étude » édifiante à ce sujet, intitulée: « La presse de Bolloré soigne l’ami Gbagbo ». Où l’on voit que Direct Matin passe sous silence les péripéties qui ont suivi le deuxième tour de scrutin en Côte d’Ivoire: la Commission électorale indépendante (CEI) bloquée, l’annonce par son président des résultats, la réplique du Conseil constitutionnel, l’investiture de Gbagbo et celle de Ouattara, les admonestations de la communauté internationale, les violences dans les quartiers d’Abidjan, etc.
Rappelons que le groupe Bolloré est très présent en Côte d’Ivoire. Il a notamment obtenu la concession de gré à gré du port à conteneurs d’Abidjan. Une place stratégique en Afrique de l’Ouest, qui lui garantit de substantiels profits. Ce coup de maître, le groupe de Vincent Bolloré le doit à Laurent Gbagbo qui, en 2003, avait choisi l’industriel français. Potentiellement, Bolloré a beaucoup à perdre en cas de chute du régime actuel. C’est une entreprise du groupe, Euro RSCG, qui a orchestré la campagne électorale du candidat Gbagbo.
Depuis qu’Alassane Ouattara a ordonné la suspension des exportations, le 24 janvier, les cours du cacao ont bondi sur le marché. Mais on est déjà en train de se réorganiser. Ce soir, Reuters évoque ainsi une augmentation de la contrebande, les négociants procédant à l’exportation des fèves par les pays voisins. Pas de quoi rassurer l’entreprise qui gère le port à conteneurs d’Abidjan…