« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Ce constat de François Rabelais, qui vaut un aveu d’échec anticipé du modèle occidental en pleine Renaissance, est en soit une invitation à la prudence.
Nul doute qu’on doit à l’Occident de nombreux progrès de la science et de la technologie qui améliorent la vie de l’homme sur terre. Nul doute également qu’on ne saurait lui reprocher de parcourir le monde pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme.
Malheureusement, l’histoire nous renseigne que le modèle occidental n’a pas manqué de montrer ses limites. L’esclavage, la colonisation et les deux guerres mondiales avec l’usage, pour la première fois, de la bombe atomique, pour ne citer que ces exemples, constituent des revers cinglants au mode de vie à l’occidental. Et c’est ce modèle-là qu’on se bat, des pieds et des mains, à imposer à l’Afrique.
Héritier d’un passé d’occupation et de domination, l’Afrique contemporaine a du mal à construire son développement sans ses « Maîtres » d’hier.
Dans les régions francophones, encore plus que dans les autres, les pouvoirs publics gèrent la Cité comme si on avait à faire avec des prolongements des ex Etats colonisateurs. La Constitution, le système éducatif, judiciaire, politique, l’information et la communication ; donc le quotidien de l’Etat et des citoyens est, à quelques exceptions près, des photocopies du mode de gestion occidentale.
Ecoutez ! A partir du moment où la Constitution d’un Etat ne reflète pas son mode de gestion intrinsèque de gestion du pouvoir, ce pays-là est à la merci de celui qui lui sert de modèle.
A l’occasion, ce dernier peut faire et défaire les régimes politiques, selon son bon vouloir. En cela qu’il est le seul à en maîtriser les contours.
A partir du moment où le système éducatif est déphasé par rapport aux besoins de développement d’un pays et qu’on ne forme l’élite que pour être à l’image du « Maître », les enfants issus d’un tel système ne deviendront que des adultes acculturés.
Consciemment ou inconsciemment, les intellectuels ainsi formés ne serviront que les intérêts du modèle qu’on leur a inculqués.
A partir du moment où, pour s’informer en temps réel à l’international et même sur le continent africain, on a que les médias occidentaux, on ne peut pas être à l’abri des manipulations de la presse internationale.
Car, tout le monde sait, que lorsque les intérêts de l’Occident sont en jeu, la presse dite occidentale devient « patriote ».
Si l’Afrique veut réellement compter dans le concert des Nations, ses dirigeants doivent changer leur fusil d’épaule. Le monde est devenu un village planétaire où il n’est pas possible de vivre en vase clos.
Pour autant, ce n’est pas une raison pour ne pas construire quelque chose de spécifique à l’Afrique. Des Constitutions qui répondent au communautarisme africain.
Un système éducatif qui forme la jeunesse à des métiers qui lui permettent de devenir des acteurs du développement africain.
La possibilité d’avoir d’autres sons de cloche que les informations qui nous viennent des médias occidentaux et son lot de désinformation et de dépravation des mœurs.
A ce propos, il est nécessaire que de grands groupes de presse qui reflètent les intérêts des africains soient constitués.
De toutes les façons, il n’y a pas un chemin intermédiaire. L’Afrique ne peut sortir la tête de l’eau sans repenser son développement.
Bien sûr en ne fermant pas les yeux sur ce qui se passe ailleurs, mais en ayant son propre agenda et ses priorités. L’Afrique doit se réveiller !
Par Femi B. Oyeniyi