A l’évidence, Nicolas Sarkozy, qui de son passage à la tête de la droite française, avait donné vie au concept de la « droite décomplexée » n’avait pas cerné tous les tenants et aboutissants de sa pro-créature. En initiant l’idée de la parole libérée, à suivre ses actes, soit il s’attendait à n’être que le seul qui ait le droit à ce fait, soit il avait sous-estimé ses interlocuteurs d’en face.
En effet, libérer des personnes de quelque complexe qui leur pèse est un acte salvateur à applaudir des deux mains. Quand cela est surtout conduit pour la thérapeutique sociale par un leader qui sans aucun doute devrait avoir une vision qui transcende son petit égo personnel.
Mais hélas, Sarkozy n’appartient pas à cette race si honorable de leaders qui cherchent à lever le joug de leurs sociétés et du monde en général. Pour Sarkozy, c’est tant pis pour les autres. Il est le nombril de la vie et tout doit tournoyer autour de sa petite personne. En fait, un homme du 20è siècle avec une âme du 15è.
C’est d’ailleurs des profondeurs de cette vieille âme caduque pour nos temps qu’il décréta « la parole libérée » mais qui dans son entendement signifiait la parole libérée pour lui et bâillonnée pour tous ceux qui ont la malchance d’être ses interlocuteurs. Il a le droit de dire tout ce qu’il veut et ne doit être nullement contredit. Il parle et les autres disent amen.
Cette attitude décomplexée à la Sarkozy s’étend aux actes qu’il pose. Il agit et n’a de compte à rendre à personne. Même pas à l’Histoire. C’est ainsi, que par exemple, le journaliste Pujadas l’interroge sur la mort de Kadhafi, il s’offusque et menace. Là où une personne décomplexée dans le sens du 21è siècle aurait fièrement et ouvertement reconnu ses actes, Sarkozy nie que c’est lui qui a fait tuer Kadhafi.
Dans la même verve, ce même Sarkozy s’est soustrait de toute responsabilité quand des étudiants gabonais l’ont interpellé hier sur les conséquences de sa politique au Gabon du temps de son passage à l’Elysée. Les mots du fainéant dans la bouche, Sarkozy n’a pu que répondre « Ici c’est la France, pas le Gabon. Si vous voulez retourner au Gabon, allez-y! ».
D’une droite décomplexée on aurait pu espérer mieux. Mais sachons raison garder que la droite de Sarkozy est un déguisement de l’extrême droite. Là, où on apprend à réciter les gros mots et les grandes expressions sans véritablement savoir ce qu’ils veulent dire.
Serge Dezi