KINSHASA – Le dossier de l’affaire Floribert Chebeya, un militant des droits de l’Homme assassiné en juin 2010 à Kinshasa, a été volé chez l’un des avocats des parties civiles, a annoncé dans un communiqué l’ONG congolaise Voix des Sans Voix (VSV) qu’avait fondée la victime.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, des voleurs se sont introduits dans le cabinet de Me Jean-Marie Kabengela Ilunga et ont pris « un poste téléviseur, une somme d’argent, des ouvrages, un sac contenant le dossier de l’affaire Floribert Chebeya et Fidèle Bazana » (le chauffeur, disparu), affirme l’organisation non gouvernementale.
Avant ce « vol visiblement planifié », l’avocat avait « reçu des appels anonymes ».
« Les correspondants au bout du fil ne disaient mot, et ce, curieusement au moment où Me Ilunga voulait entrer ou sortir de son cabinet », poursuit le texte, qui précise que Me Kabengela traite de plusieurs dossiers sensibles.
La VSV « réitère une fois de plus ses vives préoccupations consécutivement à l’insécurité récurrente qui pèse sur les avocats des parties civiles dans l’affaire du double assassinat » de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana, indique le communiqué.
Floribert Chebeya, 47 ans, avait été convoqué le 1er juin 2010 à l’Inspection générale de la police à Kinshasa pour rencontrer son responsable, le général John Numbi – qui nie avoir donné ce rendez-vous et est suspendu depuis l’affaire.
Son corps avait été retrouvé le lendemain dans sa voiture, les poignets portant des traces de menottes.
Celui de Fidèle Bazana n’a jamais été retrouvé. La mort du militant a suscité de nombreuses interrogations et interpellations, notamment des pays occidentaux.
Le 23 juin 2011, en première instance, la cour militaire de Kinshasa avait condamné à mort le colonel Mukalay, numéro 2 des services spéciaux de la police, ainsi que trois policiers jugés par contumace car en fuite. Un autre avait été condamné à la prison à perpétuité et trois avaient été acquittés.
Tous sont rejugés depuis le 19 juin 2012 devant la Haute cour militaire mais le procès a subi de longues interruptions. Le 7 mai, le procès a été suspendu jusqu’à ce qu’une décision de la Cour constitutionnelle statue sur une exception d’irrégularité soulevée par les parties civiles.