Afin de simuler une « réconciliation vraie »tous les moyens sont bons pour faire pression sur les familles des exilés, voici la main tendue, généreuse, conciliante. Après la photo officielle, retouchée pour nous présenter le nouvel homme fort de la république, souriant (presque), affable, une Joconde au masculin, voici 18 mois plus tard, les méthodes douces, persuasives, efficaces pour faire rentrer les récalcitrants dans le rang…Ainsi pour obliger Damana Pickas à rentrer, voici que son deuxième frère se fait kidnapper et amener dans un lieu dont beaucoup d’ivoiriens ne sont pas revenus.
On nous dit que les ministres et autres exilés importants reçoivent chaque jour des coups de téléphone, les invitant dans la joie et l’enthousiasme à prendre part à la reconstruction de la Côte d’ivoire. Leur place est vacante, il faut qu’ils jouent leur partition, on ne peut plus se passer d’eux…
Alors les conseillers et ministres de Ouattara donnent des coups de fil tous azimut pour ramener au bercail l’élite de l’opposition et faire croire à cette chère communauté internationale que la réconciliation se vit, que les maisons, les domaines détruits, les comptes gelés, tout cela est du passé ! Ouattara est au travail, il piaffe d’impatience d’embrasser du baiser de Judas ses chers compatriotes en exil, oubliant au passage ceux qui croupissent en prison et non des moindres, la première dame, la plupart des ministres… Ne craignant pas l’incohérence : promesse d’un avenir souriant pour les uns et diabolisation d’un Koné Katina ? Comment prendre au sérieux un gouvernement qui condamne à 15 ans de prison un général Dogbo Blé, héro incorruptible que beaucoup d’ivoiriens ont découverts à travers son procès et dont ils se sont identifiés, et de l’autre propose de partager son pouvoir avec d’autres hommes intègres ?
Que celui qui a été imposé aux Ivoiriens donne des gages, à commencer par la libération des prisonniers, l’amnistie vraie des cadres de l’opposition, la réconciliation avec son rival Laurent Gbagbo, et tout le monde rentrera, les petits puis les grands …Mais pour Ouattara ce sera la fin, une fin insupportable car son orgueil ne peut supporter un tel désaveu de sa politique et de ses options françafricaines. Subir la liesse de son peuple qui retrouvera tôt ou tard son vrai souverain et ses héros, rappeler la grandeur de ceux qui sont morts, comme Bohoun Bouabré, économiste de génie, mort de n’avoir pu se soigner correctement parce que le grand Ouattara avait gelé ses avoirs, tout cela est au dessus de ses forces.
Alors reste l’endurcissement : la parole de réconciliation dans une bouche endurcie, les gestes absconds d’un être endurci, sec, sans âme, les soubresauts d’un cœur assisté, donc en sursis, d’un homme qui vit ses derniers jours et qui sera emporté par la foule de ses chers ivoiriens d’Abobo et autre fiefs amis, qui vont le vomir, comme on vomit un plat indigeste, avant de s’en trouver mieux. Et la foule des manifestants d’aujourd’hui rejoindra les premiers laissés pour compte, ceux qui en raison de leur nom et leur origine avaient préféré donner leur voix à Laurent Gbagbo !
Il se raconte que les familles des ministres sont à l’abri à l’étranger depuis plusieurs semaines et que les derniers compagnons téméraires du Solutionneur viennent de prendre les mêmes mesures de sécurité pour leurs chers ces jours derniers car le vent du changement souffle très fort, et l’orage semble prêt à éclater, un orage violent et dévastateur !
Paradoxalement, les évènements d’Abobo n’ont même pas été évoqués en conseil des ministres aujourd’hui. Apparemment le gouvernement est serein, confiant en l’avenir qu’il l’affiche! Ouattara depuis l’étranger, -comme toujours quand il parle-, a affirmé à ses détracteurs qu’il était indéboulonnable. Curieuse expression. Vient-elle de lui où de son conseiller français en communication qui depuis le 6 octobre entend et lit dans les médias francophones ce qualificatif à propos du président vénézuélien Hugo Chavez, le véritable indéboulonnable : quatrième mandat de six ans, un record; aux affaires depuis 1998, élu à plus de 54 pour cent pour la quatrième fois ! Une force de la nature, mais un homme courageux, qui nargue et ose défier le colon américain, tout en sachant gagner pour la quatrième fois la confiance et l’estime de son peuple, et qui vit dans son corps une maladie, cadeau empoisonné peut-être envoyé par l’ami américain qui lui veut du bien, au point de désirer le déboulonner avant qu’il ne puisse accéder à la position suprême pour 6 ans encore ! Oui voila un vrai héros, un véritable indéboulonnable, bien vissé, bien arrimé à son peuple !
Mais franchement, qu’est ce qui rend le vassal de la France indéboulonnable? Ses amitiés et ses soutiens français ? On se souvient qu’il a été imposé par la force, dans les bombes et le matériel lourd de l’Onuci et la Licorne. Mais de même que la Bible nous rapporte qu’on ne tisse pas le lin et la laine ensemble, de même Ouattara et ces forces étrangères, véritables hyènes prédatrices ne peuvent durer ensemble, le préfet ne fait pas le poids, les occidentaux rêvent de le remplacer par quelqu’un de plus médiatique, plus intelligent dans l’art du camouflage de la vérité. Cette expression « je suis indéboulonnable »est une bévue monstrueuse, et pour des hommes et des femmes de foi, elle ne mérite que d’être combattue, mise à nue dans son mensonge et sa prétention divine : qui est ce Rebelle pour défier les lois humaines et divines? : Non les boulons se dévissent, les écrous tombent, la corrosion s’en mêle, et les pièces du méccano, autre jeu indéboulonnable depuis 1898, sont redistribuées pour construire autre chose qu’un arsenal de terreur et de meurtre !
Shlomit Abel
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