La volonté de Miaka Ouretto de se faire recevoir à l’Élysée rappelle à s’y méprendre la pathétique posture de Méka, naïf personnage de Ferdinand Oyono dans «Le vieux nègre et la médaille». Après des décennies, l’Afrique, en toute inconscience, nous sert les mêmes incongruités. Et ce, alors que tout se met en place pour rendre gorge aux séculaires fossoyeurs du continent. Expliquons. Toute guerre finit par le dialogue, cela est une évidence. Les rencontres post- affrontements entre protagonistes ont pour objectif d’aplanir les choses et chercher le meilleur cheminement pour la concrétisation des attentes positives. Mais ce nécessaire dialogue repose sur la reconnaissance respective de la paternité des désagréments infligés surtout aux civils. Or dans la guerre qui oppose la Côte d’ivoire digne à la France depuis 2002, nulle part, le pays de Chirac n’a à aucun moment reconnu avoir fait mal aux ivoiriens alors que les faits sont là qui l’incriminent sans voile. Non seulement elle nie avec arrogance son implication dans ce qui s’est passé, mais continue, en symbiose avec ses alliés, à faire passer de nombreux ivoiriens de vie à trépas. Poussant explicitement le préfet local à nuire aux intérêts des ivoiriens autochtones, elle est toujours dans sa logique de prédation économique. Aussi, est-il difficile pour nous de comprendre la visite de Miaka à l’Élysée. Cela piétine sans scrupule la volonté des patriotes d’en finir avec la stupide agressivité de la France. Comme des gueux, ils étaient heureux d’entrer à l’Élysée. Nous méprisons cette tendance à perpétuer les stigmatisations de colonisés. Nous n’avons pas connu la colonisation, et supportons de moins en moins les réflexes de nos représentants politiques qui, au lieu de mener la lutte de libération, s’entêtent à rechercher la bénédiction du colonisateur pour leur «émancipation». La France ne comprend que le langage de l’adversité compacte. Au moment où Hollande participe à la mort de nombreux syriens, que peut-on attendre de positif de cet homme dont le programme de gouvernement s’évertue chaque jour à mimer celui de son prédécesseur. De concession en concession, le FPI a ralenti et neutralisé les perspectives de la lutte. Aucun sympathisant ou militant sérieux de ce parti ne peut adhérer aux curieuses initiatives de Miaka qui, dans sa volonté de saboter le travail qualitatif effectué par les incontrôlables patriotes et panafricains, s’appuie sur des individus sans envergure en lieu et place de ceux dont la compétence et l’intégrité sont avérées. Le perpétuel mépris des militants extérieurs que met par ailleurs en lumière la place de la représentation extérieure dans les textes du parti, en dit long sur cette stupide et sournoise rivalité qui, discrètement, axe les réflexes de la plupart des membres de la direction de ce parti. En nommant le représentant, et surtout en le mettant au même niveau qu’une structure de base, cette agressivité contenue est explicitée. Réalité qui a fait trop de mal à la lisibilité et efficacité de notre cause au plan international. Les ivoiriens patriotes doivent savoir que la marginalisation de la diaspora a coûté très cher à la diplomatie du pays aux heures de braise. Ayant été mis à l’écart alors qu’on avait le pouvoir, nos compétents compatriotes qui connaissent très bien l’occident n’ont pu mettre leurs carnets d’adresses à la disposition de nos gouvernants. Tous nos contacts dans les chancelleries mettaient souvent en évidence l’amateurisme ou la naïveté de nos dirigeants. Le fait qu’il y ait eu quasi unanimité pour détruire la Côte d’ivoire est en partie relatif à cet état de fait. La diaspora a mis en veilleuse cette néfaste attitude pour mener adéquatement le combat de l’heure. Il est donc heureux que ça soit l’équipe de Miaka, par des actes hautains et comiques, qui initie le procès de la refondation. Maintenant que la page des incohérences est ouverte, il appartient à chacun de dire clairement et distinctement les vérités tues. On ne peut laisser les inconséquents travestir et neutraliser régulièrement nos élans substantiels. Que la direction intérimaire veuille en découdre avec sa représentante, c’est son problème. Mais qu’elle n’en profite pas pour subrepticement étouffer ou saper le déploiement régulier de la lutte. Nous attendons d’elle qu’elle fasse son travail de mobilisation en Côte d’ivoire, et surtout œuvre sans contrepartie pour la libération de ses militants. Et cela d’autant plus que le parti est inexistant sur le terrain, et tout le monde s’en plaint. La mobilisation est essentielle, et aucune excuse ne peut l’évacuer. L’ANC n’a pas attendu que ses ennemis soient bienveillants à son égard pour poser les jalons de l’essentielle libération. Aussi réitérons-nous cette évidence :que nos «intérimaires» manifestent un peu de dignité, et évitent la quête frénétique de l’onction de l’occident, et spécifiquement celle de l’infréquentable Hollande : la Côte d’ivoire patriotique y gagnerait en respectabilité.
Dr Oyissé, Suisse