C’est Idriss Ouattara, leader de la « galaxie patriotique » en exil, présent au tribunal d’Osu, qui l’apprend à ses « amis » sur un célèbre réseau social. « Le procès Koné Katinan a encore été reporté, ce 13 septembre 2012. L’accusation a dit au juge qu’elle n’est pas encore prête » en ce qui concerne les documents à exploiter pour soutenir la thèse de la nécessité d’extrader le porte-parole du président Laurent Gbagbo, Justin Katinan Koné. Et pour cause : c’est seulement hier qu’elle a reçu les documents du régime Ouattara accusant Katinan. Elle n’a donc pas pu les traduire à temps. Elle a demandé au nouveau report accepté par le juge. Rendez-vous donc le 25 septembre.
Politique
L’audience de confirmation des charges retenues contre Gbagbo pas avant 2013
« Ce calendrier provisoire a été établi à partir des informations disponibles à la date susmentionnée. Il s’agit d’un calendrier provisoire qui pourra faire l’objet de modifications selon que de besoin, en fonction de l’avancement de chacun des procès et des audiences qui devront se tenir devant les Chambres préliminaires et la Chambre d’appel » peut-on lire ce lundi 10 septembre 2012 sur le site officiel de la Cour pénale internationale.
En effet, selon ce calendrier intitulé « Calendrier provisoire des audiences pour 2012 à compter du 10 septembre 2012 », le seul et unique procès qui aura lieu à la CPI concerne l’Affaire Jean-Pierre Bemba Gombo dans la situation en République Centrafricaine. Et cela durera jusqu’au 14 décembre 2012. Avant les vacances judiciaires qui s’étendent du 17 décembre 2012 au 4 janvier 2013. Les activités de la Cour ne reprendront que le 7 janvier 2013. Ce qui montre bien que l’audience de confirmation des charges retenues contre le président ivoirien, Laurent Gbagbo, après deux reports, est encore loin de se tenir. En tout cas pas pour cette année 2012.
Et ce ne sont pas les différentes requêtes et observations des deux parties en présence dans l’Affaire à savoir, le bureau du procureur et la Défense, qui accéléreront cette tenue.
A qui profiterait donc cette situation d’immobilisme ? En tout si sur le terrain juridique, chaque partie mettrait à profit ce temps mort pour mieux préparer son attaque, du côté des partisans de Laurent Gbagbo, les grandes mobilisations que nous avons connues à la Haye, semblent d’essouffler depuis quelques temps. « Nous serons 100 fois à la Haye s’il y a 100 reports de l’audience » se plaisent-ils à dire. Mais dans le fond, il n’est secret pour personne, ce qui importe à ces pro-Gbagbo reste le petit commerce fait autour de l’audience de leur champion. Des convois des cars à travers l’Europe aux ventes de gadgets à l’effigie du « président », tous les moyens sont bon pour vu qu’on y tire quelques dividendes.
C’est clair, la CPI qui a compris que le président Laurent Gbagbo à travers ces mobilisations présente un danger pour la quiétude des habitants de la modeste ville de la Haye, aurait finalement décidé de faire un break sur les annonces de l’audience à répétition avant qu’un consensus ne soit trouvé entre les deux parties et les juges. Car même s’ils sont cloitrés dans un jardin à 500 m du bâtiment administratif de la CPI, leur va-et-vient et autres chants et discours au mégaphone troubleraient vraisemblablement l’ordre public s’ils ne mobilisent pas une centaine de force de l’ordre. Car dans l’histoire de la CPI (crée en 2002), jamais on a assisté à autant de bruit autour d’un procès.
Enfin, si la route de la Haye ne sera pas pratiquée avant la fin de cette année sauf changement de calendrier, les pro-Gbagbo qui ont compris la ruse de la CPI ont décidé d’attaquer d’autres capitales avec d’autres discours. Désormais, on ne parlera plus assez de la libération de Laurent Gbagbo, mais des massacres des populations en Côte d’Ivoire. Un discours qui prend à tous les coups et en tout lieu. C’est le cas récemment de la mobilisation à Turin et bientôt à Genève en Suisse. Qui a dit qu’on ne vend pas de tee-shirt de Gbagbo en dehors de la Haye ?
Pk/ eventnews tv
Koua Justin (FPI) annonce un sit-in et déclare : ‘’Si nous devons aller en prison, nous irons avec le sourire car nous ne nous mettrons jamais à genoux’’
C’est la principale décision à l’issue de sa conférence de presse du samedi 8 septembre 2012 au QG de campagne de LMP à Attoban. La JFPI, par la voix de son secrétaire national, Koua Justin a annoncé l’organisation d’un sit-in devant la cathédrale Saint Paul du Plateau le jeudi 4 octobre 2012.
La première étape d’une offensive démocratique qui se poursuivra, dit-il, devant l’ambassade de France après le 4 octobre. ‘’La JFPI invite tous les Ivoiriens en général, les démocrates en particulier à exiger leur droit à la vie. Pour ce faire, nous appelons à un sit-in le Jeudi 04 Octobre 2012 à dix heures devant la Cathédrale Saint Paul d’Abidjan au Plateau. Ce sit-in vise à exiger des autorités ivoiriennes le Droit à la vie. Un droit fondamental consacré par la Charte des Nations Unies’’. C’est en ces termes que Koua Justin a clos son propos liminaire au cours de la conférence de presse avec à ses côtés les membres de son bureau. Le conférencier s’est bien avant livré à une analyse de la situation sociopolitique autour du thème «et maintenant où allons-nous ?». Une interrogation qui appelle de sa part un examen suivant de l’état des lieux en matière de respect des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire. ‘’Depuis le 11 avril 2011, il s’abat une terreur rouge sur les Ivoiriens soupçonnés d’être des sympathisants du Président Gbagbo Laurent. Depuis cette date, nos militants sont contraints de vivre dans une certaine clandestinité dans leur propre pays. Tous les jours, leurs domiciles sont pris d’assaut par les bandes armées désordonnées et désorganisées. Le régime Ouattara réprime et opprime parce qu’il est sans limite et sans bornes.
(…) Le FPI est frappé par le régime de Monsieur Ouattara dans ce qu’il a de meilleur. Tous ses principaux dirigeants sont emprisonnés et contraints à l’exil. Une liste de responsables à arrêter est établie dans laquelle figure le nom du Secrétaire National de la JFPI par intérim, le Camarade Koua Justin. …», a analysé Koua Justin dans son exposé. Tirant les conséquences de cette analyse, le secrétaire national de la JFPI avance que la Côte d’Ivoire va ‘’tout droit vers le désastre’’. Il relève que du fait de l’angoisse qui a gagné les populations, tous les secteurs d’activité sont aujourd’hui grippés. Même le PDCI-RDA, dit-il, cherche des voies et moyens pour prendre ses distances d’avec son allié du RDR. Si dans les prochains jours il était lui-même mis aux arrêts, Koua Justin indique que cela ne pourrait tiédir sa détermination. ‘’Je voudrais rappeler que si nous devons aller en prison, nous irons avec le sourire. Car, nous sommes convaincus que, parce que sympathisants du Président Gbagbo, nous sommes déclarés coupables et condamnés avant tout verdict’’, a-t-il commenté. ‘’Nous sommes moralement, psychologiquement et physiquement prêts pour affronter le danger. Nous ne nous mettrons jamais à genoux devant ce régime. Je n’irai m’exiler ni au Ghana ni ailleurs. Je resterai dans mon pays’’, a-t-il ajouté. Toutefois, il précise que ces propos ne sont pas une invite à son arrestation.
L’intelligent d’Abidjan
Ahoua Don Mello: « la confiscation institutionnelle et systématique de l’épargne oblige la Côte d’Ivoire à emprunter ses propres ressources ainsi confisquées »
Washington, le 26 juin 2012, le Fonds Monétaire International (FMI) et l’Association Internationale de Développement (IDA) de la Banque Mondiale ont activé l’ardoise magique de l’initiative PPTE en vue d’un super cadeau par un allègement de 3,1 milliards de dollars US de la dette de la Côte d’Ivoire au titre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), plus un allègement de 1,3 milliard de dollars US au titre de l’initiative d’allègement de la dette multilatérale.
L’application intégrale de l’allègement de la dette permettra de passer d’environ 6000 milliards de FCFAde dette à un stock résiduel de 2 500 milliards de FCFA environ. Toutefois, il est à remarquer que ce stock résiduel de 2 500 milliards de FCFA aurait été de 1 100 milliards de FCFA si l’accord avait été obtenu en 2010 sous la présidence Gbagbo.
En l’absence de données sur la situation actuelle des finances publiques, l’hypothèse la plus probable est qu’en moins d’un an, près de 1 400 milliards de FCFA de dettes nouvelles se sont ajoutés au stock résiduel.
L’emprunt obligataire, lancé trois mois après le point d’achèvement, démontre le peu d’influence du PPTE sur l’état de santé financière du pays et prouve que la pluie de milliards n’a été qu’une tornade ayant emporté tout sur son passage.
La Côte d’Ivoire doit donc continuer de tendre la main pour survivre.
Le récent voyage au pays de la Mecque avec tam-tam et bol en main, faisant suite aux nombreux autres voyages, démontre le retour de la politique de la main tendue. À ce rythme, la dette de la Côte d’Ivoire atteindra très rapidement le même niveau qu’avant l’allègement sans effet sur la réduction de la pauvreté.
En considérant cette ardoise magique comme ayant permis un «super cadeau», comme de coutume, commençons d’abord par dire merci à ceux qui ont oeuvré pour l’avoir : les bailleurs de fonds, Bédié l’initiateur, Gbagbo le maître d’oeuvre, Ouattara le finaliste; mais comme nous évoluons dans une économie de marché et non dans une économie de pitié, nous savons tous que les cadeaux n’existent pas !
Combien ce «cadeau» a-t-il véritablement coûté aux Ivoiriens?
Pour répondre à cette question, nous allons examiner l’origine des sommes prêtées à la Côte d’Ivoire, les principaux bénéficiaires des investissements effectués avec cet argent, les conséquences et aussi les perspectives.
De l’origine de la dette Le 19 septembre 1946, le député Houphouët- Boigny, affirmait, lors des premières discussions sur la constitution de la communauté franco-africaine au palais Bourbon en France :
«La France n’a aucun intérêt à nous laisser dans les bras de la misère et de la pauvreté».
Le 28 septembre 1958, Félix Houphouët-Boigny, ministre d’Etat de la République française, vote la constitution de la Communauté franco-africaine instituant une fédération entre la France et ses colonies. En 1959, les pays d’Afrique de l’Ouest s’associent au sein de la BCEAO (Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest). Les quatre (4) principes de la coopération monétaire entre la France et les États membres de la zone Franc ont épousé l’esprit de la fédération, à savoir la mise en commun des ressources financières depuis cette date jusqu’à ce jour :
- •la garantie du Trésor français à la convertibilité en euros des monnaies émises par les trois instituts d´émission de la zone ;
- •la fixité des parités entre l’euro et le franc CFA;
- •la liberté des transferts au sein de chaque sous-ensemble ;
- •la centralisation des réserves de change.
Les indépendances de 1960 ont conservé l’esprit et la lettre de la communauté franco-africaine avec la ferme conviction que «la France n’a aucun intérêt à nous laisser dans les bras de la misère et de la pauvreté».
Toutefois, la foi du Père de la nation avait un prix. Car, en contrepartie de ces principes et de cette profession de foi, les banques centrales de la zone Franc sont tenues de déposer une partie de leurs réserves de change (65%, révisée à 50% en 1999) auprès du Trésor français sur un compte d’opérations.
Le fonctionnement du compte d’opérations a été formalisé par des conventions successives entre les autorités françaises et les représentants des banques centrales de la Zone franc. Le compte reçoit des dépôts à vue ou à terme en provenance des pays de la zone.
La France place ces ressources qui rapportent des intérêts par des opérations de crédit (en partie à l’Afrique).
- Une partie des intérêts sert à rémunérer le compte d’opérations
- et l’autre partie est à la discrétion du pouvoir français que l’on retrouvera sous forme d’aides diverses (Ministère de la coopération, assistance militaire au pouvoir ou aux rebelles, Banque Mondiale, FMI, AFD, UE-ACP, UA, BAD, CEDEAO etc.).
Par rapport au compte d’opérations, le trésor français fonctionne donc comme une banque d’investissement et de commerce pour l’Afrique.
Il aurait été plus simple de créer une telle banque dans la zone UEMOA pour disposer de ces énormes ressources en toute indépendance. Mais la France a su sans aucun doute user des arguments tels que les bases militaires pour protéger les États, l’aide, le déficit de cadre au moment des indépendances.
Une telle banque aurait eu l’avantage d’être présente partout où le besoin de commercer se ferait sentir notamment dans les pays émergeants. La confiscation systématique de 50% des avoirs extérieurs de la Côte d’Ivoire par le Trésor français et le libre transfert des avoirs des opérateurs économiques de la Côte d’Ivoire vers la France favorisé par le code d’investissement, qui exonère d’impôts les bénéfices des multinationales, réduisent de manière drastique l’épargne publique et privée.
Cette confiscation institutionnelle et systématique de l’épargne oblige la Côte d’Ivoire à emprunter ses propres ressources ainsi confisquées.
A titre d’exemple, le rapport annuel de la Banque de France sur les comptes de la BCEAO indique pour l’année 2010 (en milliards de FCFA) :
- Compte d’opérations : 3 048. 978 FCFA
- Créances sur les banques : 335.184 FCFA
- Créances sur les trésors : 887. 886 FCFA.
Ces chiffres démontrent avec éloquence que depuis toujours, l’apport fait par la zone Franc au trésor français par l’intermédiaire du compte d’opérations est trois fois plus important que le concours fait aux banques et aux trésors de la zone UEMOA.
Il faut ajouter à cela la balance au titre des revenus transférés qui est de 735,6 milliards de FCFA favorisée par les codes d’investissement. Par contre, le financement extérieur net de l’économie de la zone UEMOA pour la même année s’élève à 868.6 milliards de FCFA selon la même source. Le montant total des dons est de 870.5 milliards de FCFA soit au total (financement + aide) 1738 milliards de FCFA. Cela constitue à peine 50% des sommes séquestrées au titre des accords de l’UEMOA. Il apparaît clairement que, par la BCEAO et le code d’investissement, le FCFA est exporté en France et nous revient en euro ou en dollar sous forme de dettes et d’aide. A l’heure de cette mondialisation où tous les pays cherchent à améliorer leurs leviers économiques pour éviter à leurs peuples de subir la crise, continuer à entretenir un pacte qui coûte si cher n’a plus de sens.
En tout état de cause, les peuples souverains de la zone UEMOA n’ont jamais donné leur avis sur ces accords qui engagent leur destin après les indépendances, à l’instar des Européens qui se sont prononcés par référendum sur l’adhésion à l’Euro.
Ces montagnes de fonds séquestrés par la France depuis les indépendances sont donc frappées d’illégitimité. Cela s’apparente à un bien mal acquis par la France sur ses anciennes colonies dans le cadre d’une fédération qui a disparu depuis 1960 et dont les fondements sont devenus obsolètes.
- La dette contractée par la Côte d’Ivoire auprès de la France est donc une partie de l’argent pris dans les caisses de la Côte d’Ivoire, dans l’obscurité des accords signés dans le cadre de la fédération franco-africaine, pour lui faire crédit sous le «soleil des indépendances».
- Il en est de même des aides directes et indirectes aux travers des institutions communautaires (Banque mondiale, FMI, UE-ACP, UA, BAD, CEDEAO, etc.). Chaque année, la Côte d’Ivoire indépendante consacre, pour le remboursement de cette «dette» prise dans ses poches, près de la moitié de ses recettes budgétaires, faisant progressivement obstacle à toute possibilité d’investissements publics.
L’augmentation des charges de l’État due au service de la dette, combinée à la baisse des recettes d’exportation du cacao, ont fini par rendre l’Etat insolvable.
L’impossibilité de l’Etat à faire face au service de la dette a engendré, depuis 1982 jusqu’en 2002, neuf (9) plans d’ajustement structurel pour trouver une solution au fardeau de la dette. Le caractère drastique des mesures prises a engendré des crises sociales et une crise politique en 1990.
La Côte d’Ivoire est donc mise sous tutelle directe des bailleurs de fonds qui dépêchent en 1990 M. Alassane Dramane Ouattara auprès du Président Houphouët-Boigny dont l’état de santé ne lui permettait pas le suivi de la gestion quotidienne du pays. La tornade des mesures prises par les bailleurs de fonds sous la houlette de M. Ouattara Dramane a eu des conséquences dramatiques dans tous les secteurs économiques et a abouti à l’expropriation économique de l’Etat. Examinons dans un premier temps le contenu de la solution Ouattara et ensuite, à travers l’examen de certains secteurs clés de l’économie, nous allons mettre en évidence les faiblesses et les conséquences de cette solution.
La solution Ouattara Modifier la structure de l’économie ivoirienne était l’objectif affiché des plans d’ajustement structurel. Les années 90 ont accéléré la modification de la structure de l’économie pour faire du secteur privé, entendez des investissements étrangers, le moteur de la croissance, là où la Chine et plus généralement des pays d’Asie et d’Amérique du Sud faisaient le choix de la stratégie combinée «un pays deux systèmes». Le programme de privatisation a été la solution Ouattara.
Le diagnostic effectué à l’époque par M. Alassane Ouattara pour proposer ce remède miracle qui a été exposé le 28 novembre 1990 au journal gouvernemental Fraternité-Matin suite à un conseil des ministres est le suivant :
«Actuellement, le secteur parapublic compte 140 entreprises et établissements dans lesquels l’État a investi plus de 1.300 milliards de FCFA dans les années 80. Ce chiffre représente aujourd’hui près de 50% du Produit Intérieur Brut, c’est-à-dire la moitié de la production nationale. Les résultats d’exploitation de certaines de ces entreprises n’ont pas été à la mesure de l’effort d’investissement exceptionnel qui a été consenti par le Gouvernement pour constituer cet important patrimoine. Les entreprises dans lesquelles l’État détient au moins 51% du capital ont dégagé des pertes nettes cumulées de 10 milliards de FCFA au cours de la même période. Par contre, les entreprises du secteur parapublic dans lesquelles l’État est minoritaire ont globalement dégagé un bénéfice net cumulé de 144 milliards entre 1982 et 1988, soit plus de 20 milliards en moyenne par an.»
L’erreur de diagnostic réside dans la non-prise en compte de la réalité des rapports non mercantiles entre les sociétés d’État et l’État central à cette époque. En se contentant des données purement comptables sans rentrer dans les mécanismes de gouvernance des entreprises, l’erreur devenait alors inévitable pour un fonctionnaire international non au fait des réalités nationales. Prenons, pour illustrer l’erreur, cet exemple simple tiré de mon expérience de Directeur Général du BNETD (Société d’État au capital de 2 milliards de FCFA) et de membre du comité de privatisation de 2000 à 2010.
Le BNETD, en charge de l’étude et du contrôle des grands travaux de l’État
Le BNETD, en charge de l’étude et du contrôle des grands travaux de l’État, réalisait pour le compte de l’État des études et contrôles pour 7 milliards de FCFA environ et l’État décidait, en fonction de ses ressources financières, de ne payer que 2 milliards de FCFA sous forme de subvention. Ce qui avait un impact sur les résultats financiers de l’entreprise qui affichait un déficit cumulé de plus de 9 milliards de FCFA en 2000 et un découvert bancaire de 9 milliards de FCFA cette même année. Au lieu de liquider le BNETD ou de réduire de moitié l’effectif comme le recommandait les bailleurs de fonds, l’État sous le régime du Président Gbagbo, ayant pris la décision d’éviter la privatisation des secteurs stratégiques, a opté pour une restructuration en contractualisant les prestations du BNETD avec l’État et en accroissant son autonomie sur le marché privé et à l’international. En 10 ans, le BNETD est passé d’un déficit cumulé de plus de 9 milliards de FCFA et d’un chiffre d’affaires de 5 milliards, à un chiffre d’affaires de 39 milliards de FCFA, un report à nouveau positif et a augmenté son effectif tout en doublant les salaires pour freiner l’exode de l’expertise. La situation du BNETD est pratiquement la même que celle de toutes les sociétés d’État.
Cette décision courageuse de restructurer les entités de l’État que de les privatiser a permis de sauver plusieurs entreprises d’État (44 environ). Celles qui attendent d’être restructurées (34), ne le seront certainement jamais compte tenu de la nouvelle orientation de la politique économique actuelle qui a opté pour le bradage ou la liquidation des entreprises publiques. Le constat de la réussite de cette restructuration a été fait incidemment par l’actuel gouvernement de M.Alassane Ouattara à travers le communiqué du conseil des ministres du 29 juin 2011 relatif à ce sujet. En effet, un rapport établi par les soins du ministère de l’Économie et des Finances, sur la base des états financiers de fin décembre 2009, révèle que l’État de Côte d’Ivoire détient dans son portefeuille 82 sociétés, dont 30 sociétés d’État et 52 entreprises à participation financière publique.
Selon ce rapport, «44 sociétés ont réalisé des résultats nets bénéficiaires d’un montant global de 153,57 milliards de FCFA, 4 sociétés présentent un résultat nul, 14 sociétés ont réalisé un résultat net déficitaire de 113,21 milliards de FCFA, et 20 sociétés n’ont pas produit d’états financiers pour diverses raisons (redressement judiciaire, administration provisoire, arrêt des activités, restructuration, problèmes de gouvernance, etc.)».
Au lieu de continuer dans la logique de la restructuration, hélas, Monsieur Alassane Ouattara, fidèle à sa mission de fonctionnaire international malgré ses habits de Chef de l’Etat, fait remarquer, lors de ce même conseil des ministres,
«le nombre élevé de sociétés à participation financière publique»
et demande que le nombre de sociétés d’État ou à participation financière publique soit baissé de 25% au cours des 12 prochains mois». L’erreur sincère ou intentionnelle (c’est selon) de M. Ouattara n’a pas permis de guérir le mal, contrairement à la Chine ou aux pays d’Asie ; mais a permis non seulement de dépouiller le pays de son économie ainsi que de sa souveraineté mais aussi a contribué à son immersion dans un océan de pauvreté et de dette. La politique de privatisation avait donc un objectif idéologique, économique et politique. Poussée par le vent libéral des années 1980, la françafrique a caché son visage sous le masque de la bonne gouvernance et de la lutte contre la pauvreté pour faire main basse sur les économies naissantes par un contrôle direct des entreprises et des États et un dépouillement économique, politique et militaire des pays ciblés. Le secteur privé, érigé en panacée et moteur de la croissance, s’est révélé le moteur des inégalités, de la dette et du chômage qui minent les États.
Les solutions classiques de pillages économiques telles que pratiquées à l’époque de l’esclavage et de la colonisation et qui reviennent avec de nouveaux prétextes avec les guerres de conquête économique (Afghanistan, Irak, Libye, Côte d’Ivoire, Syrie bientôt, etc.) ne donnent aucun résultat face à la concurrence des pays émergeants. Elles enrichissent les multinationales et appauvrissent les États et les peuples occidentaux qui votent périodiquement le changement pour se donner l’espoir d’un lendemain meilleur. C’est cette politique, dont on connaît tous les méfaits et limites, que M. Ouattara nous sert encore aujourd’hui. Comme hier, il va s’employer à brader le patrimoine de la Côte d’Ivoire.
Comme hier, on sait qui vend mais sait-on vraiment qui achète ou rachète ?
Les conséquences dans le secteur électrique Le secteur électrique était géré de 1952 à 1990 par une société d’État, l’EECI (Énergie, Électrique de Côte d’Ivoire). La Côte d’Ivoire s’est dotée, sous l’impulsion de l’EECI, d’un parc impressionnant de 6 barrages hydroélectriques fournissant en 90 une puissance installée de 600 mégawatts, avec un réseau interconnecté. En 1990, le secteur est en crise avec une dette qui s’élève à 120 milliards de FCFA et des arriérés de consommation de 37 milliards de FCFA, soit trois ans de consommation d’électricité par l’État de Côte d’Ivoire qui, soit dit en passant, consommait presque gratuitement l’électricité. En 1990, l’État de Côte d’Ivoire confie – par concession sur 15 ans – la gestion de l’électricité à une société privée française : la CIE. Le contrat de concession oblige la CIE à verser des redevances à l’État de Côte d’Ivoire et à prendre en charge les entretiens courants, tandis que la dette revenait à l’État ainsi que les investissements lourds.
La CIE met fin à la gratuité avec l’État de Côte d’Ivoire et équilibre les finances. L’opérateur français, actionnaire principal et bénéficiaire de la CIE, investit dans la production de gaz et des centrales thermiques selon des contrats de type BOT. Aujourd’hui, la CIE fait un chiffre d’affaires de 300 milliards de FCFA avec les 2/3 affectés au payement du gaz dont la production est contrôlée à plus de 50% par l’operateur privé français, selon un contrat de type «take or pay» indexant le prix du gaz tiré du sol ivoirien sur le cours mondial du pétrole. Par conséquent, le prix du gaz payé à l’opérateur augmente de pair avec la hausse du prix du pétrole sur le marché international. Tout se passe comme si le gaz tiré gratuitement du sol ivoirien était payé sur le marché international et revendu à la Côte d’Ivoire. Ainsi le gaz qui constituait 12% du coût de l’électricité en 1996 coûte aujourd’hui presque 70%, soit les 2/3 du revenu du secteur ; ce qui assure une,montagne de bénéfices aux opérateurs gaziers au détriment de l’ensemble du secteur. Le paiement de la redevance et des taxes est devenu impossible et le secteur est encore déficitaire à la fin des 15 ans de contrat de concession. En 2005, le secteur enregistrait un endettement de 112 milliards de FCFA, soit exactement 112 540 254 795 FCFA, non loin de la situation de 1990.
Le mode de paiement du secteur privilégie d’abord les opérateurs gaziers, les producteurs indépendants, ensuite la CIE et en dernier ressort l’État. La crise touche donc directement la CIE et l’État tout en protégeant les gaziers et les producteurs indépendants. En 2005, alors que le pays est sous occupation de l’armée française et de l’ONUCI et que les cabinets ministériels sont repartis entre les loyalistes et les rebelles à Linas Marcoussis et Kléber, le contrat est par la force des choses renouvelé pour 15 ans et l’opérateur français allège sa présence à la CIE pour se mettre à l’abri du déficit du secteur, en se concentrant sur le secteur gazier et la production indépendante d’électricité. «Le Fonds Monétaire International a appelé, le vendredi 11 mai 2012, à des réformes dans le secteur de l’énergie en Côte d’Ivoire, à l’occasion du versement des 100 millions de dollars d’un prêt au pays, soit environ 50 milliards de FCFA.
Le FMI a appelé à assurer l’avenir de la Compagnie Ivoirienne d`Electricité (CIE) par « de nouvelles mesures, y compris des hausses des tarifs »», rapporte le quotidien Notre Voie dans sa livraison du 14 mai 2012. Sans faire le constat amer de l’échec de la réforme, la population est sollicitée pour plus de sacrifices en vue de continuer à enrichir les gaziers. La solution à court terme ne consiste pas à augmenter le prix de l’électricité mais à réduire la part gaz dans le secteur de l’électricité comme le voulait le dernier gouvernement Aké N’Gbo en déconnectant le prix du gaz du prix international du pétrole et en optant pour un contrat de type «cost plus» qui prend en compte uniquement le coût de production du gaz et une marge bénéficiaire acceptable. A long terme, pour faire face à la dette du secteur, au vieillissement du réseau et des transformateurs électriques, il sera nécessaire de déclarer le secteur électricité comme secteur stratégique et opérer les reformes correspondantes.
L’accroissement de la production de gaz et de l’électricité ne servira à rien si le réseau de transport et de distribution s’effondre. Les conséquences dans le secteur agro industriel et chimique Les sociétés expropriées à la Côte d’Ivoire, du fait de monsieur Ouattara, sont légions. Plusieurs entreprises du secteur agro- industriel sont passées à la casserole de la privatisation malgré les performances de ces entreprises partiellement ou totalement gérées par l’État qui, pour certaines étaient dans des difficultés conjoncturelles réversibles. Ce sont entre autres:
COSMIVOIRE, NOVALIM/NESTLE, CAPRAL/NESTLE,FILTISAC, SAPH, SICOR, SODESUCRE, SOGB,PFCI (conserve de thon), SACO, SODERIZ, CHOCODI,COCOTERAIE (Fresco, Grand-Lahou,Jacqueville, Assinie), TRITURAF, CIDT, RANCH(Marahoué, Sipilou, Badikaha), etc.
Le calcul des valeurs nettes des entreprises à privatiser prenait en compte la dette, ce qui permettait de sous-évaluer ces entreprises. À la vente de ces entreprises, la dette revenait à l’État et les actifs au Privé (socialiser la dette et privatiser le profit) généralement à une multinationale sous divers prétextes. Souvent le paiement de la valeur nette est directement puisé dans la trésorerie de l’entreprise et l’opération est ainsi bouclée.
Le chiffre d’affaires moyen de ces entreprises depuis 1990 oscille autour de 20 milliards de FCFA pour la plupart. Pour la trentaine d’entreprises du secteur agro industriel, c’est donc pas moins de 10 000 milliards de chiffres d’affaires cumulés pendant plus de 20 ans ! Comparés au «cadeau du PPTE», c’est la mer qui se débarrasse de quelques gouttes d’eau par évaporation, formant des nuages et revenant sous forme de… pluie de milliards.
Il apparait clairement que la Côte d’Ivoire gagne moins en espérant une pluie de milliards qu’en réalisant son indépendance économique. Les conséquences dans le secteur financier Grand bénéficiaire des dettes, le secteur financier a obtenu un volume important de financement pour les crédits à tous les secteurs de production dont l’agriculture et les infrastructures. M. Ouattara a annoncé la privatisation et /ou la liquidation des banques publiques dès son installation par les bombes françaises.
Cette mesure était exigée de la Côte d’Ivoire depuis le programme d’ajustement du secteur financier (PASFI), lancé au début des années 1990 par le même Ouattara. Ce programme se traduira par une réduction de la présence des opérateurs nationaux dans le secteur, laissant la place largement aux banques françaises. La mesure a été reprise par les programmes de réforme des bailleurs de fonds qui se sont succédé. Le Président Gbagbo a toujours refusé de s’y soumettre. C’est cette obsession de la liquidation des banques nationales qui habite encore M. Ouattara, surtout après l’admirable résistance dont elles ont fait preuve en devenant le fer de lance d’une alternative au système françafricain face à la fermeture des banques pendant la crise postélectorale.
La privatisation ou la liquidation des banques publiques en Côte d’Ivoire est plus qu’une erreur, c’est une faute grave. Le bradage des fruits des efforts déployés depuis plus de 10 ans pour sauver des banques publiques (BNI et BHCI) et privées qui étaient en difficulté (Versus Bank et BFA). Les banques françafricaines qui dominent le marché financier ont une double vocation : collecter et rapatrier des fonds en France et encourager la consommation des produits importés. Le crédit à la consommation domine le portefeuille de ces banques. Pour ces banques françafricaines, l’agriculture est considérée comme un secteur à risque tout comme les PME/PMI. Seul l’Etat peut prendre ce risque en innovant.
C’est la raison fondamentale du choix de restructuration des banques par le pouvoir Gbagbo et le sauvetage de certaines banques privées en faillite (preuve que le privé n’est pas à l’abri de la mauvaise gestion). Il est étonnant que l’on puisse assister à un tel aveuglement idéologique aujourd’hui encore, après que les Etats soient intervenus massivement et directement dans les banques aux Etats-Unis et en Europe en 2008, dans le cadre de plans de sauvetage élaborés pour faire face à la crise financière sans précédent qui a éclaté du fait des comportements à risques et des excès des banques privées.
La France crée une banque publique d’investissements pour soutenir ses PME/PMI
Aujourd’hui même, il est proposé de créer en France une banque publique d’investissements pour soutenir les PME/PMI nécessaires à une dynamique de croissance. On ne peut pas comprendre la solution Ouattara, qu’en la replaçant dans le cadre de la récompense à ses parrains qui est sa mission première. Conclusion La dette apparaît donc, en dernière analyse, comme le fruit de la magie des accords de coopération entre la Côte d’Ivoire et la France dans le cadre de la communauté franco-africaine.
La France a prêté un bien mal acquis pris dans les poches de ses obligés. Les fruits des investissements de cette dette dans les secteurs clés de l’économie à savoir : l’énergie, les mines, les télécommunications, le cacao, l’agro-industrie, les banques, etc. sont retournés par le jeu de la privatisation vers le prêteur principal et ses alliés. Le coût du cadeau se résume donc en une tornade ayant emporté tout sur son passage en expropriant économiquement et financièrement l’Etat de Côte d’Ivoire avec le retour de la politique de la main tendue. Le désir de souveraineté politique, économique et financière incarné par Laurent Gbagbo était un obstacle majeur à la poursuite de cette expropriation économique. La guerre contre la Côte d’Ivoire avait pour but de mettre fin à ce désir et à dépouiller la Côte d’Ivoire de son moyen de résistance : sa souveraineté politique.
L’expropriation de l’armée régulière au profit de «tirailleurs françafricains» par la France et l’ONUCI, la destruction des archives de l’Etat et de l’université pour faire oublier les années d’indépendance et réécrire une autre histoire et éditer d’autres documents, le mépris des prescriptions constitutionnelles, ont pour objectif la restauration de la françafrique et la fin de cette souveraineté. Il ne reste au peuple que la vie, la parole et la terre comme moyens de résistance mais aussi les cibles actuelles de la barbarie des démocrates et républicains de l’âge de la pierre taillée qui dialoguent avec des amulettes, des gourdins et des armes pour faire taire les journaux et les libertés publiques, ôter la vie et exproprier des terres. Tant que le système françafricain restera en l’état, la reconstitution de la dette sera pour bientôt, car dans les conditions actuelles, l’épargne est impossible à constituer et la mendicité financière est l’unique solution. Or une croissance dont les facteurs sont essentiellement étrangers n’engendre des revenus que pour l’extérieur. Dans ce cas, la lutte contre la pauvreté se transformera en guerre contre les pauvres pour leur arracher la vie, la parole et la terre, seuls biens restants. A la lumière de l’expérience ivoirienne, il apparaît clairement que l’aide coûte toujours plus cher que sa valeur monétaire.
L’Afrique n’a donc pas besoin d’aide mais plutôt de justice économique et, surtout, d’indépendance économique, financière et monétaire.
La question que nous sommes en droit de nous poser aujourd’hui est de savoir s’il n’y a pas d’autres formes de partenariat avec la France qui puisse permettre une sortie de crise mutuelle puisqu’un seul pauvre en Afrique ou ailleurs est une opportunité de croissance en moins donc un emploi en moins en Occident. La pauvreté de l’Afrique restreint donc la consommation et a un impact certain sur la croissance de l’occident. Si le déficit de cadres dans les années 60 a justifié la dépendance économique, financière et monétaire formalisée par les accords qui fondent la françafrique, ces accords sont devenus une chaîne avec l’excès de cadres. L’étape actuelle et future de l’histoire de l’Afrique exige leur annulation pure et simple pour libérer l’énergie créatrice du continent afin de stimuler la croissance mondiale et cela sans difficulté si, comme le pensait Houphouët-Boigny,
«la France n’a aucun intérêt à nous laisser dans les bras de la misère et de la pauvreté».
La minorité franco-africaine, regroupée en partie au sein du CAC 40, bénéficiaire de la Françafrique a donc choisi la guerre pour s’imposer à la majorité et sans résultat effectif pour cette majorité qui souffre encore du chômage et de la dette malgré les multiples guerres de pillage en Afrique et ailleurs. Telle est la face économique hideuse de la guerre contre la Côte d’Ivoire et partant de la guerre de la minorité multinationale contre le reste du monde.
Œuvrons ensemble pour construire l’unité par la réconciliation inclusive et bâtir un espace de liberté, de sécurité et de justice consensuelles où la force des idées guide le choix du peuple et non la force des armes pour réaliser l’idéal promis à l’humanité :
«Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en dignité et en droit»
(art. 1 de la déclaration universelle des droits de l’homme).
Une contribution de DON MELLO Ahoua
Docteur Ingénieur, Ponts et Chaussées
Membre de la Coordination FPI en exil.
Source: http://verite-reconciliation.org
Charles Gomis ambassadeur de Côte d’Ivoire en France
(AIP)-L’ancien ministre ivoirien des Relations extérieures(Affaires étrangères), Charles Providence Gomis, diplomate chevronné, devrait vraisemblablement être le nouvel ambassadeur de Côte d’Ivoire à Paris, à la succession du journaliste Ally Coulibaly, promu depuis le 04 juin, ministre de l’Intégration africaine, mettant ainsi fin aux supputations jusque-là en cours sur l’identité du patron de la diplomatie ivoirienne dans l’Hexagone, en France.
M. Charles Gomis, 71 ans, qui, selon l’AFP, aurait confirmé, serait en attente de l’accord d’agrément de Paris entérinant le choix du gouvernement ivoirien. Diplômé de Science politiques, option Relations internationales, après un MBA en Economie et Finance, de l’UCLA, Université de Californie de Los Angelès, USA, et rompu aux arcanes du marketing diplomatique et de ses subtilités, Charles Providence Gomis fut entrepris par l’ex-chef de la junte militaire, le général Robert Guéï(qui dirigea la transition militaro-civile du 24 décembre au 26 octobre 2000), pour diriger, un temps, son cabinet civil, et oeuvrer au rapprochement avec Paris qui n’avait pas une « nette lisibilité » de sa mission.
Il débuta sa carrière de diplomate en 1965, à Washington D.C, en qualité de premier secrétaire puis, plus tard, durant les années 90, y accompli les fonctions d’ambassadeur, représentant-permanent de la Côte d’Ivoire près l’Organisation des Nations-Unies(ONU), à New-York, après avoir exercé de hautes fonctions dans l’administration publique et le secteur privé ivoiriens. Ancien ambassadeur au Brésil, l’ambassadeur Charles Gomis fit longtemps carrière à l’ONU, pour laquelle il exerça pour le compte de la Monuc, sa Mission au Congo. A ce titre, il occupa les fonctions de directeur des Affaires politiques, de 2002 à 2006, puis de directeur du Bureau Monuc en Ituri (Nord-Est de la RD Congo), de 2006 à septembre 2007, en charge du programme de démobilisation des ex-combattants.
Marié et père de quatre enfants, élégant et racé, bien connu pour son raffinement, sa courtoisie, mais aussi pour sa bonhomie, le nouvel ambassadeur ivoirien, 102, Avenue Raymond Poincaré, à Paris, est, depuis décembre 2007, conseiller spécial auprès du directoire de SIFCA, un groupe agro-industriel ivoirien. Proche d’Henri Konan Bédié et d’Alassane Ouattara, Charles Providence Gomis, technocrate également, fut le tout-premier patron de l’ex-Sitram, l’armement ivoirien, destiné à promouvoir les échanges maritimes pour la destination Côte d’Ivoire, et qui contribua aux succès économiques de la Côte d’Ivoire, par ce que l’on qualifia, à l’époque, de « miracle économique ivoirien », sur la période 70 aux années 80.
Premier président, dans les années 80, du conseil de surveillance de la Bourse des valeurs d’Abidjan(BVA), l’un des symboles de la vision de la mondialisation et de la globalisation du président Félix Houphouët-Boigny, qui entendait faire d’Abidjan, la place financière de l’Afrique de l’Ouest, à l’instar d’autres, il est en effet l’un des pionniers de l’ouverture de l’économie ivoirienne sur la capitalisation boursière. Brillant et compétent, l’ancien président du groupe de la Banque africaine de développement(BAD), le Marocain Omar Kabbaj, en fit son conseiller spécial, durant son mandat à la tête de cette institution de financement du développement au profit des Etats du continent.
Tortures en Côte d’Ivoire: Les victimes des forces Pro Ouattara Parlent
Un élément des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) qui avait joint Le Nouveau Courrier, il y a de cela plusieurs mois, pour confirmer les informations relayées sur les pratiques de torture de ses frères d’armes, disait ceci : «Je suis un militaire des FRCI et je suis meurtri par tout ce qui se passe sous mes yeux. Cela me révolte car on parle de réconciliation.» Après enquête, des victimes du régime tortionnaire d’Alassane Ouattara se confient. Sans cagoule ! Ils ont tous été victimes d’arrestations extrajudiciaires entre mars et juin 2012, accusés d’être des miliciens souvent en raison de problèmes personnels avec certains éléments des FRCI, et soumis à des traitements inhumains et dégradants. Leurs témoignages font frémir.
Hino Hié Rochman (30 ans), planteur Kroumen, enlevé à Tabou le 12 juin 2012 à 11h
«Ils m’ont torturé au point de me casser un testicule, je souffre et j’ai besoin d’aide»
«Mes ravisseurs me reprochent d’avoir fait campagne pour le président Laurent Gbagbo. Pour eux, celui qui est pro-Gbagbo est automatiquement milicien. Etant chez moi avec une connaissance, surnommé Bako (Bakayoko), qui est un élément des Frci, je reçois la visite de plusieurs autres éléments des Frci juste après le départ de celui-ci. Ces derniers étaient dirigés par le lieutenant Coulibaly, commandant Frci de Tabou. Ils m’intiment l’ordre de les suivre. Ils avaient déjà arrêté un ami, sergent-chef de police de Tabou. A peine leur ai-je demandé les raisons pour lesquelles ils m’ordonnent de les suivre, qu’ils se mirent à me passer à tabac avant de nous jeter dans une bâchée, le policier et moi, en direction de San Pedro. Je précise que ces FRCI m’avaient déjà enlevé à deux reprises puis m’avaient libéré après le paiement d’une rançon par ma mère (présidente des femmes Fpi de San-Pedro et Béréby) 250 000 FCFA pour la première fois et 150 000 FCFA pour la deuxième fois, respectivement le 1er juin et le 9 juin derniers. J’ai été invité à plusieurs reprises par certains éléments Frci à quitter la ville pour éviter le courroux de leur chef, mais comme je ne me reproche rien, j’y suis resté.
A San Pedro, dans un camp militaire au niveau de la clinique «Les Rochers», je suis abandonné entre les mains du capitaine Béma apparemment commandant de ce camp. Après qu’il a donné des ordres à ses éléments de me faire avouer les attaques de Para, je suis mis à poil avec une corde attachée à ma hanche, et on m’oblige à faire du thé. Aux environs de minuit, ils me font allumer du feu et m’obligent à fumer du cannabis. En plus, je suis menotté au niveau des pieds et des mains qu’ils attachent à une moto (KTM) comme pour m’écarteler. Ils me frappent également le plat des pieds avec des branches fraiches sous le regard du capitaine Béma. Ensuite, sous ses ordres, ils m’attachent à un poteau électrique pour m’électrocuter. Lorsqu’ils se rendent compte que je perds du sang, ils arrêtent. Et me font entrer dans une cellule quand ils se rendent compte que l’Onuci arrive dans le camp. Dans la nuit du 13 au 14 juin, Béma me fait comprendre que je suis l’amant de la copine du commandant Frci de Tabou, le lieutenant Coulibaly, une certaine Bénédicte. Voilà pourquoi je dois mourir. Au départ, il était question de m’assassiner, car selon Béma, mes parents ignoraient mon lieu de détention.
Les FRCI m’ont amené à une embouchure, entre le port de San Pedro et un village non loin de la zone, dans une bâchée dans laquelle il y avait sept de leurs éléments. Ils ont attaché des briques sur moi espérant que j’allais perdre mon souffle. C’est à cet instant, heureusement, que ma mère a tenté de me joindre au téléphone. Ils ont pris peur et ont exigé que je lui demande de leur remettre la somme de 500 000 FCFA moyennant ma libération. Le lundi 18 juin, lors de notre déferrement, le commissaire Doumbia de la préfecture de police de San-Pedro et les éléments Frci chargés de nous accompagner, dont un certain Aboubacar, ont tenté de nous assassiner au niveau d’Irobo. (…)
Quand je suis arrivé à la Direction de la surveillance du territoire (Dst), après être tombé malade et avoir été transféré dans une clinique (Saint Diane de la Riviera III), le médecin a constaté que j’avais une gonade (un testicule) cassée. Après une intervention chirurgicale, je suis contraint de porter une prothèse. Malgré tout cela, je suis déféré sans médicaments à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) depuis le 17 juillet 2012. Je ne reçois que trois injections chaque semaine. Je souffre énormément et j’ai besoin d’aide.»
Attoumou N’Guessan Henry Carlos (28 ans), enlevé à San-Pedro le 3 mars 2012 à 11h devant l’usine DAFCI
«Ils nous ont ligotés, mouillés et électrocutés»
«J’étais avec ma concubine lorsque des individus lourdement armés nous ont approchés et m’ont fait croire que j’étais recherché par la gendarmerie. C’est à partir de cet instant que ma souffrance a commencé. Mes ravisseurs, une fois dans le véhicule, se sont mis à me bastonner violemment et à m’étrangler jusqu’à destination, un camp non loin de la clinique «Les Rochers». Une fois en ces lieux, ils ont fait appel au préfet de police qui leur a donné l’ordre, en malinké, de me torturer sans laisser de séquelles sur mon corps afin d’éviter les problèmes avec les organisations des droits de l’homme et l’Onuci. Aussitôt, ils se sont mis à me ligoter comme un animal en sa présence et m’ont battu à coup de matraque sur la plante des pieds en exigeant que j’avoue une prétendue attaque de la ville de San-Pedro. C’est le capitaine Béma qui était le chef d’orchestre des séances de torture.
Dans les nuits du 3, 4 et 5 mars 2012, je suis ligoté en compagnie d’un autre prisonnier puis suspendu en l’air. Mouillés avec de l’eau, nous sommes électrocutés pendant ces trois nuits avant de rejoindre les autres prisonniers. Au nombre de quatre, nous sommes transférés sur Abidjan, à la Dst pour être entendus. Mais c’est à la préfecture de police que nous avons atterri le 29 mars avant d’être transférés à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), le 11 avril dernier.»
Tébahi Guy Zonzahon Joël (38 ans), guérisseur traditionnel, enlevé le 8 février à Namézaria (Lakota)
«Ils m’ont présenté à la télévision comme un mystique libérien or je suis un Ivoirien d’ethnie wobé»
Revenant de Cocolihet, un village de Lakota, où je suis allé soigner une patiente, j’ai été arrêté à un corridor à l’entrée de Namézaria, en compagnie d’un jeune. C’est là que les éléments Frci nous ont accusés d’être des miliciens pro-Gbagbo et d’aller nous préparer mystiquement pour les attaquer. Nous leur faisons comprendre que certes nous sommes pro-Gbagbo, mais ne sommes guère des miliciens. Selon eux, pro-Gbagbo équivaut à milicien. Ils nous conduisent alors sous leur hangar où nous recevons des coups de crosse de kalachnikovs sur la tête. Ils brûlent des sachets et déversent le liquide sur nos corps avant de nous amener à Lakota-ville où le même scénario se répète jusqu’au 10 février. C’est à cette date-là que nous avons été convoyés à la Garde républicaine à Abidjan (Treichville). Je pensais être au bout de mes peines, mais j’ai très vite déchanté. J’ai été retiré des autres prisonniers pour être conduit au bord de la lagune Ebrié où j’ai subi de nombreux sévices. Le 11 février, en présence de Wattao et d’un certain Delta, je suis présenté à la télévision comme étant un mystique libérien venu préparer des miliciens pour attaquer les Frci. Pourtant, je suis d’ethnie Wobé, originaire de Totodrou dans la sous-préfecture de Kouibly. Je ne suis qu’un simple guérisseur, à la Maca depuis le 17 février 2012.
Bassoa Donald, agent d’une société de transport (SOTUS)
«Ils m’ont électrocuté jusqu’à ce que le disjoncteur saute de lui-même»
«J’ai été enlevé de chez moi à San-Pedro vers minuit, le 5 mars 2012, parce que je suis président de jeunes guéré de la ville. Ce jour-là, ma famille a été violentée sous prétexte qu’étant d’ethnie guéré, j’ai forcément connaissance des caches d’armes et d’un projet de déstabilisation du pays. J’ai été embarqué pendant que mon domicile faisait l’objet de pillage par des éléments Frci en treillis et en civil, avec à leur tête un jeune mécanicien qui leur servait d’indic. Conduit dans un camp non loin de la clinique «Les Rochers», j’ai été torturé sous le regard du capitaine Béma de la manière suivante :
-Un tuyau de Sodeci introduit dans ma bouche a été ouvert jusqu’à ce que mon ventre rempli d’eau, je fasse pipi sur moi.
-On procédait à mon électrocution après m’avoir mouillé avec de l’eau, jusqu’à ce que le disjoncteur saute de lui-même.
Le 29 mars, j’ai été transféré à Abidjan à la DST et le 11 avril à la Maca.
Djédjé N’Dré Samuel (53 ans), agent à la scierie (African Industrie) de San-Pedro
«Le tortionnaire du camp était appelé «Mecano»»
«J’ai été enlevé le 14 juin à 18h à mon retour du service. J’ai été conduit au camp Frci non loin de la clinique «Les Rochers» sous le motif fallacieux que je recrute des personnes pour déstabiliser le régime. Arrivé dans ce camp, je suis mis à poil et interrogé vigoureusement par mes ravisseurs qui n’ont pas hésité à casser mes lunettes pharmaceutiques. Je suis conduit dans le bureau du capitaine Béma qui donne l’ordre de m’enfermer puis de me torturer afin de m’arracher des aveux. C’est ainsi qu’à minuit, je suis ligoté à un poteau électrique en aluminium. On me frappe sous le plat des pieds de minuit jusqu’à 2h du matin. La deuxième étape, selon eux, est la phase de l’électrocution, ce qui revient à faire passer une décharge électrique de 220 volts dans mon corps. Je précise que le tortionnaire du camp s’appelle « Mecano ». Ma séance de torture a continué avec l’équipe des Frci qui est «montée» le 15 juin. Le 16 juin, accompagné d’un certain Doumbia, un adjoint au commissaire et quelques éléments Frci, sont allés perquisitionner chez moi. Le 18 juin, j’ai été transféré à la Dst, d’où j’ai été transféré à la Maca le 6 juillet.»
Blé Guédé Gérard (39 ans), agent à la SAPH à Divo, enlevé le 8 février 2012 à Niamézaria
«Arrêté parce que suis allé voir un ami arrêté»
«Parti m’enquérir des conditions d’arrestation d’un ami, Tébahi Guy, j’ai été molesté, attaché à l’aide d’un câble électrique. J’ai pratiquement subi les mêmes sévices corporels que mon ami. Nous avons reçu des coups de crosse et avons été torturés à l’aide de plastique brûlé sur nos corps et des coups de matraque et de crosses. Nous avons ensuite été transférés à Abidjan avec d’autres jeunes de la région sous le prétexte que nous sommes des pro-Gbagbo donc des miliciens qui s’apprêtent à attaquer le régime.»
Témoignages recueillis par Benjamin Silué