KAIROUAN (Tunisie) – La Femen tunisienne, Amina, était jugée jeudi pour le port prohibé d’un spray lacrymogène tandis que trois Européennes qui se sont déshabillées la veille pour la soutenir, une première dans le monde arabe, doivent être présentées au parquet à Tunis.
Le mouvement Femen, connu pour ses actions seins nus à travers le monde, a indiqué sur sa page internet que les deux Françaises et l’Allemande arrêtées mercredi devant le palais de justice de Tunis seront présentées à la mi-journée au procureur qui décidera des poursuites à engager.
A Kairouan (150 km au sud de Tunis), Amina Sboui – connue sous son pseudonyme de Tyler – a été conduite devant le juge habillée d’un safsari, le voile traditionnel tunisien. Arrêtée le 19 mai après qu’elle eut peint « Femen » sur un muret proche d’un cimetière à Kairouan où devait se tenir un rassemblement de la mouvance salafiste jihadiste, elle a expliqué au juge posséder depuis deux mois la bombe lacrymogène pour sa propre « défense ».
Son avocat Souheib Bahri a indiqué que les accusations contre elle se fondent sur un décret beylical de 1894 qui prévoit des peines de six mois à cinq ans de prison pour détention d’engins incendiaires ou explosifs. Selon lui, Amina ne risque que la condamnation minimale, étant donné qu’elle n’était qu’en possession d’un spray d’auto-défense.
Mais la colère était cependant palpable à Kairouan, des dizaines de manifestants choqués par les actions seins nus des Femen s’étant réunis devant le tribunal et scandant des insultes aux avocats de la jeune fille. Un cordon policier important protégeait le bâtiment.
Plusieurs avocats disant représenter les habitants de Kairouan se sont par ailleurs présentés devant le juge pour réclamer de participer au procès en tant que partie civile et que les accusations contre la jeune fille soient alourdies. « Il y avait une volonté de semer le trouble et la sédition à Kairouan et nous voulons que le dossier soit transféré (sur cette base) au procureur général, ce n’est pas une histoire de possession de bombe lacrymogène », a déclaré Me Hamed El Maghrebi.