En marge des condoléances à la famille d’Assa Otchoumou, pionnier du Front populaire ivoirien décédé récemment à Bonoua, le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan a échangé avec les militants de son parti sur les questions brûlantes de l’actualité.
Une des nombreuses réactions opposées à Pascal Affi N’guessan par les militants du front populaire ivoirien (FPI), dimanche dernier, à la rencontre dite « familiale »organisée au domicile d’une militante à Bonoua, en marge des obsèques d’Assa Otchoumou, pionnier du FPI dans la localité, est la suivante: «Vous avez dit que vous vous battez pour la libération de tous les prisonniers politiques dont le président Laurent Gbagbo. Mais votre ligne est mal comprise de certains responsables et militants du parti. Je dois vous dire que c’est ce que les autres disent que nous, nous soutenons.
La preuve, à chaque comité central, vos points de vue sont mis en minorité. A notre rentrée politique, nous avons demandé une seule chose. Qu’on mette la pression sur ce pouvoir en faisant des marches et des sit-in. Malheureusement, ça n’a pas été le cas… Le 5 juillet dernier nous avons été surpris d’apprendre que vous avez autorisé Alain Dogou à aller à la CEI. Chaque fois, vous défiez les décisions de la base. Mais sachez que nous, nous sommes prêts à tout pour obtenir la libération de nos camarades ».
Réaction immédiate du président du FPI :
«…Où étiez-vous quand on envoyait Laurent Gbagbo à La Haye ? Pourquoi en ce moment-là, des marches n’ont pas été organisées pour empêcher qu’il soit transféré à La Haye ? ».
Rencontre « familiale » aux accents de vérités crues !
Entre le président du FPI et les militants à Bonoua, il n’y avait pas de barrières. Sans gants, les uns et les autres on dit leurs griefs et Affi, sans faux fuyants, a apporté les réponses. Il a notamment expliqué que la crise à laquelle le FPI est confronté est plus complexe qu’on ne le croit. Aussi pense-t-il que la libération du président Gbagbo et de tous les prisonniers politiques ainsi que la restauration du FPI ne saurait se résumer seulement à des marches ou un quelconque mouvement de masse comme certains le croient.
Le problème étant politique, Affi préconise des voies politiques. « Ce que je propose, c’est par rapport à mon expérience. Aujourd’hui, le FPI n’est pas le FPI de 2010.Nous avons le soutien de la population, mais on a beaucoup d’adversaires devant nous. Ceux qui nous ont fait la guerre sont prêts à nous enterrer », dira-t-il. Avant de préciser qu’il n’est pas opposé aux mouvements de rue comme l’on tente de le faire croire. « Après ce qui s’est passé en 2010, il n’est pas question d’envoyer les gens à l’abattoir. Il faut savoir que chaque chose a son temps », a-t-il insisté. Pascal Affi n’Guessan a soutenu que ce serait faire un tort au parti à la rose que de se soustraire au jeu politique étant donné son poids et son importance. A cet égard, il a Affirmé que le FPI a des amis partout y compris dans l’internationale socialiste qui peuvent l’aider à relever le défi. Pour illustrer ses dires, il a pris l’exemple d’une palabre entre deux personnes qu’on cherche à régler.
« Si celui qui s’estime frustré quitte le village pour aller s’installer au campement, les autres se passeront de lui. Nous, nous devons aller au village pour dire notre vérité et nous faire comprendre »,a-t-il expliqué. Sur l’accusation de vouloir tourner la page Gbagbo, le président du FPI s’est interrogé sur de telles Affirmations : « Est-ce quelqu’un peut effacer le nom de Gbagbo ? Houphouët n’est plus de ce monde. Est-ce pour pourtant que son nom a disparu ? ». au contraire pour m. Affi, ceux qui se réclament du président Gbagbo doivent travailler pour pérenniser son œuvre.
« Gbagbo nous a laissés ici pour qu’on travaille. Ce n’est
pas pour qu’on dorme. Si demain on voit qu’il en y a
parmi les héritiers de Gbagbo qui réussissent, l’on saura qu’il n’a pas vécu pour rien », dira Affi N’guessan qui a pris l’exemple de Gbagbo qui, arrivé au pouvoir, a décidé de construire un mémorial pour honorer Houphouët-Boigny pour son œuvre politique. « Ici, il y a un de vos fils, Amangoua, un résistant, qui a été déporté au Gabon. Il a fallu que le président Gbagbo arrive au pouvoir pour faire transférer son corps », relèvera-t-il avant d’ajouter que ceux qui sont contre cette évolution des choses se comportent comme des sorciers.
« Mais je ne vais pas les laisser détruire le parti », a-t-il martelé.
Affi n’Guessan a expliqué qu’il ne saurait être soupçonné de traitrise à l’égard de Laurent Gbagbo avec qui il a travaillé pendant de longues années. « Bon nombre de textes du parti, notamment certains changement au niveau des statuts et règlements sont de mon fait », a-t-il avancé. Affi a soutenu que c’est au nom de la confiance que le président Gbagbo a fait de lui son Premier ministre en 2000. Il a rappelé son rôle lors de la campagne électorale de 2010. « Il a pris Malick comme directeur de campagne, mais pour parler en son nom, c’est moi qu’il a choisi », fera-t-il remarquer. Pour couronner sa démonstration, il a évoqué la crise postélectorale au cours laquelle, il a été, dit-il, au cœur des tractations. « Si on m’avait donné l’argent tout le monde l’aurait su. Mais ma maison a été détruite et je n’arrive pas à la rénover. Aujourd’hui, je dors dans une chambre-salon», a-t-il ajouté.
L’ex-prisonnier politique du régime Ouattara a rappelé qu’il a passé plus de deux ans en prison. « Mais on n’agit pas par rapport à sa propre colère. Moi j’ai surmonté ma colère », a-t-il laissé entendre.
Concernant la commission électorale indépendante (cei), Affi N’guessan soutient que l’entrée du FPI a un lien avec la libération du président Gbagbo car il est emprisonné pour des raisons politiques. Il a fait comprendre que son intention était de faire en sorte que le Front Populaire Ivoirien y soit pour lutter pour avoir des conditions d’élections justes et transparentes. « Si on fait que ça ne marche pas l’on aura vu au moins qu’on a essayé, dans le cas contraire, on aurait avancé », a-t-il soutenu. Affi n’Guessan a Affirmé qu’il se pliera à la décision du comité central et que le FPI se retirera de la commission. Le président du FPI a dit comprendre ce qui se passe aujourd’hui. A la limite, c’est dans l’ordre normal des choses après la crise qui s’est abattue. Toutefois, il n’a pas manqué de souligner que certaines personnes entretiennent cette situation pour espérer lui ravir la tête du parti.
Les échanges commencés aux environs de 18h se sont achevés aux environs de 20h. Affi N’Guessan a été fortement ovationné par les militants qui semblaient avoir été convaincus. Il était accompagné d’une forte délégation de la direction du FPI. Parmi les responsables, il y avait les vice-présidents Sébastien Dano Djédjé et Michel Amani ainsi que de nombreux secrétaires nationaux.
Avec Notre Voie