Une femme dont l’identité n’a pas été dévoilée a affirmé mardi 17 septembre devant la CPI que les hommes de William Ruto avaient incendié début 2008 une église où elle s’était réfugiée avec d’autres villageois de Kambiaa, dans l’ouest du pays. Un premier témoignage à charge que le vice-président kényan a écouté attentivement dans la salle d’audience.
Dans l’affaire Ruto, un premier témoin à charge a raconté, le 17 septembre, devant la Cour pénale internationale (CPI) l’incendie d’une église par des Kalenjins, l’ethnie de l’actuel vice-président kényan, accusé d’avoir pris la tête d’une organisation criminelle en vue d’évincer de la vallée du Rift les partisans du parti opposé au sien à la présidentielle de 2007.
Cachée à la vue de la galerie du public par des rideaux, une femme identifiée en tant que “témoin P0536″ a donné sa version des faits. “Des milliers de personnes sont arrivées sur le village, ils chantaient”, a-t-elle affirmé, évoquant le Jour de l’An 2008 : “Ils étaient vêtus de kaki et leurs visages étaient peints à l’argile blanc, ils portaient des bâtons, des machettes et des haches.” Effrayés, femmes et enfants du village de Kambiaa, dans la région d’Eldoret, se sont réfugiés dans l’église, prise d’assaut puis barricadée quelques instants plus tard par les assaillants.
“L’église a été incendiée”
“Je pouvais voir par la fenêtre”, a-t-elle poursuivi, assurant avoir reconnu parmi ses agresseurs un candidat local du parti de William Ruto, le Mouvement démocratique orange (ODM). “J’ai essayé de m’échapper, je portais mon petit enfant Myriam sur le dos (…). Mais l’église a été incendiée”, a-t-elle affirmé, avant de s’effondrer en larmes.
Pour sa protection, son identité n’a pas été dévoilée. Et dans la retransmission vidéo de l’audience, son visage était flouté et sa voix modifiée.
Selon l’accusation, entre 17 et 35 personnes ont été brulées vives dans l’église où les victimes, de l’ehtnie kikuyu, avaient été enfermées.
Le vice-président William Ruto, vêtu d’une chemise bleu clair et d’une cravate jaune, a écouté la déposition attentivement, prenant parfois des notes.
AFP