Les conditions permettant la tenue d’élections « apaisées » en Côte d’Ivoire fin octobre ne sont à ce jour « pas réunies », a estimé vendredi l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny, qui appelle le président sortant Alassane Ouattara à ouvrir le dialogue avec l’opposition.
Les deux hommes figurent au nombre des dix candidats à la présidentielle du 25 octobre. Face à une opposition morcelée, M. Ouattara fait figure de favori.
« Si l’on s’en tient au climat actuel (…), les conditions pour avoir des élections libres et apaisées ne sont pas réunies », a déclaré M. Konan Banny, de passage à Paris, dans un entretien à l’AFP.
Ce scrutin représente une étape cruciale pour la stabilisation de la Côte d’Ivoire, après la crise qui a suivi la victoire d’Alassane Ouattara sur son prédécesseur Laurent Gbagbo, en 2010. Plus de 3.000 Ivoiriens étaient morts en cinq mois dans des violences causées par la contestation des résultats.
A l’approche de cette échéance électorale, des manifestations et des troubles sporadiques ont éclaté dans le pays.
Pour M. Konan Banny « il faut faire évoluer le climat actuel, qui est un climat de défiance » et pour cela « créer une enceinte de concertation » entre le pouvoir et l’opposition. « Il n’est jamais trop tard pour bien faire (…) La paix n’a pas de prix », a-t-il souligné.
Il épingle en particulier les conditions d’établissement des listes électorales, où sont inscrit 6,3 millions d’électeurs, et le manque d’indépendance de la commission électorale (CEI).
« 90% des membres de la commission électorale dite indépendante sont les représentants d’un seul candidat: le président sortant », a accusé M. Konan Banny.
- Ouattara avait annoncé « qu’il allait nous recevoir en septembre » pour dialoguer, a rappelé l’ancien Premier ministre, « je lui apprends que nous sommes en octobre ».
Faute d’avancées sur ces questions, « on avisera et le peuple dira », a ajouté M. Konan Banny sans vouloir se prononcer sur un éventuel boycott du scrutin.