Quand la garde civile espagnole a ouvert la valise, le petit garçon ivoirien de 8 ans qui s’y trouvait caché, recroquevillé, les genoux à hauteur du menton, les mains sur les chevilles, a dit en français, simplement : « Je m’appelle Adou. » C’était le 7 mai, au poste-frontière de Tarajal, qui sépare l’enclave de Ceuta du Maroc. Le père, résident légal aux Canaries, traversa la frontière quelques heures plus tard. Il fut immédiatement arrêté pour « trafic d’êtres humains ». Tout comme, avant lui, la porteuse de la valise, une jeune Marocaine de 19 ans.
L’image du bagage de 75 cm sur 30 cm, passé au scanner, où l’on distingue les contours de l’enfant chétif, a fait le tour du monde. Mais l’histoire du « niño de la maleta » (« l’enfant de la valise »), comme l’ont surnommé les médias, ne s’arrête pas à ce cliché sensationnaliste, qui illustre l’une des facettes du drame de l’immigration clandestine.
Durant un mois, l’Espagne a suivi les tribulations du petit Adou et de sa famille, découvert les périples qui ont précédé son arrivée à Ceuta dans des conditions qui auraient pu lui coûter la vie, s’est indignée de son internement dans un centre pour mineurs pendant un mois, le temps que soit réalisé un test ADN sur sa mère, et s’est finalement émue des retrouvailles avec ses parents, le mardi 9 juin.
Avant de venir à Ceuta, Adou vivait avec sa grand-mère et son frère de 17 ans. Originaire d’Assuefry, en Côte d’Ivoire.
Ses parents sont installés légalement à Fuerteventura, île de l’archipel espagnol des Canaries, au large de l’Afrique de l’Ouest, mais ne pouvaient pas justifier de revenus suffisants pour faire venir le petit Adou.
Adou était resté en Côte d’Ivoire avec sa grand-mère
La mère, Lucie Ouattara, avait rejoint le père il y a un an avec leur fille de 11 ans. Un autre de leurs enfants travaille dans la province de Murcie (sud de l’Espagne). Adou lui était resté en Côte d’Ivoire, dans le village d’Assuefry (nord-est), avec sa grand-mère et son frère Michael.
En 2014, lorsque la grand-mère est décédée, Ali Ouattara avait demandé une carte de séjour pour l’enfant, au nom du regroupement familial. Mais il n’avait pas obtenu ce titre de séjour faute de revenus suffisants, selon l’avocat.
Avec Le Monde et Le Parisien